18 déc. 2011

Angoulême 2012 - BD polar, avec la SNCF c'est possible !

Cinquante pour cent des livres vendus en gare sont des romans policiers. Conséquence cohérente, la SNCF a décidé de parrainer le Fauve polar et d'en faire un pendant au prix du Polar qu'elle délivre chaque année depuis 2000 pour les livres. 
La sélection des 10 albums en lice est une occasion de dresser une première liste des meilleurs polars livrés par le neuvième art en 2011.


Au jeu des pronostics, trois oeuvres se dégagent :
  • Grand favori, Tardi dessinateur place ô dingos ô châteaux !, très bonne adaptation du roman de Manchette, et Tardi co-scénariste livre Le perroquet des Batignolles,  sympathique premier tome d'une série qui a des chances de gagner cette compétition.
  • Outsider vintage, Les mutants de la lune rouge est une aventure décalée dans un esprit très année 50. Absolument réussi et à recommander aux nostalgiques de l'âge d'or du journal de Spirou. 
Quant aux autres albums, ils paraissent un cran en dessous. La bande à Foster s'avère décevant (décousu et graphiquement faible), le manga SOIL est très bizarre et segmentant, Les racines du chaos est une bonne histoire d'espionnage mais un peu longuette, Carnado est ... un Canardo alors que les trois derniers ne suscitent pas beaucoup de palpitations.


Reste que cette sélection laisse de côté des albums/séries de taille :
  • Colonel Amos de la série XIII Mystery, one shot impeccable et très rythmé mis en musique par un Boucq en pleine forme.
  • La commedia des ratés, diptyque parfaitement réussi par Berlion qui adapte un classique de Benacquista
  • Scalped, assurémment le comics du moment d'ailleurs identifié comme tel par Bodoï
  • L'Angélus, diptype de bonne tenue sur les secrets de famille
  • Catalyse, bon polar social
  • Un long destin de sang, diptyque mené tambour battant dans le Paris de la première guerre mondiale
  • Rouge est ma couleur, une très bonne reprise (enrichie) de l'ami Chauzy par lui-même pour la collection désormais incontournable Rivages/Casterman
  • Et toujours la série phare du moment, Il était une fois en France.
Sylvain

10 déc. 2011

Esthétique & filatures - Une agréable surprise

De Mandel et Tanxxx
One shot - Noir et blanc - 124 pages
KSTR


Polar pour adulte, drôle et surprenant, qui a été retenu en 2009 dans la liste des meilleurs albums Angoulême 2009. 

Marie s'enfuie de sa campagne, et surtout son rustaud de père, pour se réfugier dans la ville. Sans le sou, elle trouve refuge auprès d'Adri, une jeune femme à la vie au moins aussi accidentée que la sienne. Le duo de bras cassé se forme pour affronter la vie.

Noire, décalée, très riche en rebondissements, ... une série B idéale pour passer un bon moment de lecture.


Sylvain

9 déc. 2011

Cixi de Troy - 3ème partie - Le secret de Cixi

De Arleston, Vatine et Floch
Histoire complète (3 tomes)
Soleil


Curieux récit conçu par Arleston dans lequel se mêlent une fois de plus éléments adultes et enfantins. Un grand écart permanent entre deux niveaux de lecture inconciliables ou du moins inconciliés. A ne pas mettre entre les mains des plus jeunes en raison de scènes assez explicites de violence, torture et sexe, l'album désarçonne néanmoins l'adulte par la présence d'un gavroche parachuté tout au long de l'aventure. Un manque de positionnement qui me dérange.


"C'est du Soleil", me dira-t-on. Certes, mais c'est aussi du gâchis car le découpage de Vatine mis en image par Floch fonctionne très bien alors même que l'histoire dispose d'atouts indéniables. A mon sens le moins mauvais tome de ce triptyque, initialement annoncé comme diptyque, qui est doté d'une noirceur éclairante sur ce personnage féminin phare de la série Lanfeust. 
L'espoir de voir Vatine apporter de la maturité et de la nouveauté à cet univers est donc déçu. Mauvaise pioche en ce qui me concerne. Un avis partagé par d'autres si j'en crois les notes très moyennes données par les membres de BDGest

Planche représentative de l'esprit Alerston
Scene de sexe dans une salle de torture sous les yeux de l'enfant vedette de l'album .
Le crachat final de Cixi ne contient certainement pas que de l'eau.

Sylvain

6 déc. 2011

Angoulême 2012, c'est parti !

Premier débrief de la conférence de presse de lancement du festival qui s'est tenue ce midi au centre Georges Pompidou. Un événement bien organisé qui s'est appuyé sur de nombreuses vidéos de présentations vidéo bien faites. Les sponsors officiels ont fait leur promotion sans trop de lourdeur et avec plutôt de l'à propos. A noter la performance hors du commun du représentant de Taïwan qui a fait un show en français de 2 minutes autour du concept audacieux d'autopromotion décalée mais assumée : "Aujourd'hui, je ne suis pas venu vous faire la promotion des ordinateurs ni des téléphones portables, mais ...". 

Art Spiegelman - Le Figaro.fr
Point d'orgue de la conférence, l'interview d'Art Spiegelman par Jean Luc Hess, vieux beau coincé et pressé d'en finir mais qui fait le job en anglais. En réponse à des questions généralistes et flagorneuses du type "Qu'est-ce que cela fait d'être un monument ?" l'auteur de Maus pétillait d'humour, d'intelligence et de simplicité :
     - "Que représente pour vous le fait d'être Président du Festival d'Angoulême ?
     -  "A great honor and pain in the ass !"

Je retiendrais des propos du président du festival :
  • sa nette volonté de peser dans la manifestation et de montrer que "la bande dessinée n'est pas que pour les enfants".
  • sa participation active à l'exposition qui lui sera consacrée et qui sera présentée à partir de mars 2012 à Paris au centre Pompidou avant de partir en Allemagne et aux US.
  • l'intérêt certain de son livre Metamaus, déjà souligné par Sebso de Par la Bande, dans lequel il explique le développement de Maus (13 ans de travail !). "Comme cela, quand on me demande pourquoi les cochons ou pourquoi les souris, je peux répondre d'aller voir la page 23". 
  • son refus de voir Maus adapté au cinéma. L'oeuvre n'est pas une réserve financière qui serait disponible derrière une glace que l'on pourrait briser en cas d'urgence. Et surtout, la transposition en film animé est difficile, du moins inconciliable avec ses attentes. Un vrai artiste plein de convictions ce M. Spiegelman.
  • son envie de faire connaître la BD américaine méconnue en les personnes des auteurs engagés (Charles Burns, Chris Ware, Joe Sacco & Co). Un éclairage qui pourrait être très riche.
  • son intérêt surprenant pour la neurobiologie et son souhait de comprendre comment la BD est interprété par le cerveau. Vachement intéressant.

Jean Luc Hess et Art Spiegelman - Sud Ouest

Pour les plus pressés, le programme du festival est disponible en cliquant sur le site officiel de la manifestation. Sinon, il nous reste assez de jours en décembre pour en parler tranquillement. Les expositions, les albums sélectionnés, ... tout ça.

Bientôt la suite donc.

Un grand merci à Ezilda, toujours plus charmante.

Sylvain

Polina - Grand Prix de la Critique 2012 de l'ACBD

Polina vient d'être désignée meilleure BD de l'année par l'association des journalistes et critiques de bande dessinée (ACBD). 
Le roman graphique de Bastien Vivès supplante donc Habibi, L'art de voler, Les ignorants et Portugal dans le sprint final. Un quintet de tête sérieux, et pour tout dire un peu ennuyeux, mais que Polina surplombe effectivement. La sélection du festival d'Angoulême, qui a été annoncée aujourd'hui, s'avère plus équilibrée à mon goût. On en reparlera.

Grâce à la sympathique équipe de la librairie Nouvelle d'Asnières, j'ai acheté du même Vivès Les melons de la colère (titre évoquant la nature très généreuse de l'héroïne). Un livre de gare pour adultes consentants que j'ai trouvée forte, à la fois pleine de second degré et dérangeante. Deux lectures qui après Elle(s), Pour l'empire et Amitiés étroites confirment le fort potentiel de cet encore jeune auteur.
A noter qu'une autre petit format de la Collection BDCul des Requins Marteaux est en compétition pour Angoulême (Teddy Beat). Si c'est de l'art ...



Sylvain

Le grand siècle - Tome 3 - Moplaï


De Simon Andriveau
Troisième tome sur 5 prévus
Delcourt

Cette série historique confirme sa qualité avec la parution ces dernières semaines du troisième opus. 
"Le grand siècle" nous plonge au 17ème siècle, pour y suivre les tribulations de personnages n'ayant à la base pas grand choses en commun (Alphone le gueux, Benoit le jeune noble, Moplaï le spadassin, et Bénédicte la courtisane), mais dont les destins s'entremêlent, sur fond de conspiration politique et de fronde à Louis XIV.

L'originalité de cette série est que chaque album est centré sur un des personnages principaux, avec un style graphique, et même narratif propre (plus d'humour dans le tome 1 consacré à Alphonse, plus d'aventure dans le tome 2 avec Benoît, plus sombre avec Moplai dans le tome 3). A la différence de la série "Quintett", de Giroud, basée sur ce principe mais dont chaque album présente sous un nouvel angle les mêmes évènements que les précédents tomes, S. Andriveau fait voyager ces personnages (et le lecteur) à chaque épisode, tout en ajoutant de nouveaux fils à la trame de l'histoire. Une série constituée de spin-off en quelque sorte...



C'est du bel ouvrage, gageons que les derniers épisodes apportent les réponses attendues.

Le dessin est de son côté très abouti, et montre un savoir-faire impressionnant, certaines planches faisant penser à Long John Silver de Lauffray (c'est dire !). En cherchant la petite bête, on pourrait juste trouver certaines couleurs un peu trop criardes, mais c'est chacun ses goûts !


Bref, une série très plaisante, dont j'attends la suite et la fin avec impatience. Simon Andriveau fait désormais partie des jeunes auteurs dont je suivrai avec intérêt les prochaines productions (cf son interview sur actuabd).

Lorenzo

5 déc. 2011

Nankin, une BD reportage qui ne laisse pas indifférent


Après Juge Bao, la ballade de Yaya et Shi Xiu, les éditions FEI changent de registre.  L'histoire de la Chine, en l'occurrence un épisode terrible de la guerre sino-chinoise, est cette fois abordée par l'angle de la BD témoignage/reportage. 
Une mise en image de l'indicible précieuse et dérangeante. Un one-shot qui pourrait être taxé de propagande si les faits n'étaient avérés et s'il n'était accompagné d'une postface aussi antimilitariste qu'humaniste.


Vivre en Chine permet de mesurer combien les exactions japonaises sont encore présentes dans les esprits du peuple chinois. Souvenirs exacerbés par une classe politique japonaise qui refuse de reconnaître les faits et utilisés par le parti communiste pour entretenir le sentiment  nationaliste. Un combat de communication féroce et dangereux.


Ce cher Didier est un passionné et un fin connaisseur de l'histoire chinoise. Nous ne pouvions donc passer à côté de son avis, ou plutôt de sa réaction, disponible en version intégrale ci-après, rien que pour vos yeux.

Officiel, le Japon n’en peut plus des déclarations officielles depuis Nankin 1937, depuis les 200,000 femmes « de confort » Chinoises. 
Officiel, il ne s’est rien passé à Nankin. Xia Shuqin, pas existé, pas de baïonnettes embrochant enfants femmes ou hommes, pas de concours de sabres tranchant têtes, rien passé je vous dis, les photos de milliers de bouquins sont des montages infâmes, telle la récente BD « Nankin » (Nicolas Meylanender et Zong Kai, Eds Fei) qui dégrade notre si belle histoire, nous si attachés à l’art du bouquet, de la beauté sobre, que des raffinés je vous dis, nous sommes. Rien passé de toute manière entre 37 et 45, pas de Pearl Harbor, pas de Mandchourie, pas d’Iwo Jima, pas de bombes atomiques, rien de rien, c’est que du montage anti japonais de la propagande chinoise qu’est jalouse de nous, de notre raffinement légendaire.
Où sont les intellectuels japonais pour s’élever contre ces incessantes déclarations officielle ? Au bistro? Aux US, pour bien s’élever Occident banane ? Ou bien, officiellement, ils n’existent pas ?  Ont-ils au moins existé un jour au Japon, pas le souvenir… Ici, en Chine, nous en avons un grand paquet, on en a même un à l’Académie Françouaise, immortel. Ici en Chine, ils sont en taule souvent, isolés toujours mais présents et on les entend, mieux on les écoute, le petit peuple aussi.
Officiel Japonais, vient pas trop croiser par chez moi, bien capable de te foutre mon officiel poing dans la gueule.
Marre de tous ces connards qui, officiellement, veulent créer un nouvel ordre, éthique, développement durable (de lapin), commerce équitable, gnin gnin gnin, et autres amuses bouches écolos, et déjà infoutus de faire table rase de toutes les saloperies d’antan quand bien même non responsables directement, incapables d’honnêteté morale, flattant ad nauseum la croupe de la bassesse populaire. Marre, c’est officiel, des discours officiels émasculés de générosité, d’humour encore moins, voire de gentillesse, d’humanité. Marre, c’est officiel, de ce futur promis qui n’a pas de passé reconnu. Un enfant sans père. Sans père officiel….Officiel Japonais, tu es un officiel connard. Tu aurais pu, facile, inaugurer un nouveau Japon depuis long. En parlant simplement de l’horreur de Nankin, de ces pauvres 200,000 femmes avec des mots simples, et montrer que tu avais quelques couilles. Officiel Japonais,tu n’es donc encore qu’un eunuque petit passant de l’histoire officielle… 
Heureusement, il existe de chouettes petits bouquins comme ce récent « Nankin » qui devraient, post traduction, être donné à tous les petits gremlins Japonais à l’entrée de l’école. Qu’ils sachent que ce n’est pas parce que leurs vieux d’avant, pas qu’eux hélas, ont été de remarquables immondices humaines, que leur futur est entaché. Juste du « never again » à apprendre.

Sylvain et Didier donc.

3 déc. 2011

D. - Chasse au vampire dans le Londres victorien

De Ayroles, Maïorana et Leprévost
Tome 2 - série en cours
Delcourt


La surprise causée par cet album très réussi est d'autant plus grande que l'on n'espérait plus pouvoir lire la suite du premier tome accrocheur paru il y a près de trois ans. 
A l'instar de Glénat qui publie, certainement aux forceps, le deuxième tome de Sasmira après 14 ans d'attente, il est rassurant de constater que Delcourt assure aussi une certaine continuité éditoriale.

Une fois de plus, Ayroles et Maïorana parviennent à captiver en accomodant à leur sauce des éléments divers, éculés et érudits, liés par des dialogues de haut vol. Un régal de lecture accompagné d'un découpage efficace et d'un scénario sans temps mort. Une chasse au vampire dans l'Angleterre victorienne top niveau. C'est "juste" très bon.


Pour entrer plus en détail dans la série, n'hésitez pas à consulter le dossier bien fait des éditions Delcourt.

Sylvain 

2 déc. 2011

ZEP - Carnets intimes


De ZEP
Carnet de voyage
Couleur - Gallimard

Le temps passant, ZEP s'impose de plus en plus incontestablement comme l'auteur phare de sa génération. Et force est de constater qu'il ne se laisse pas enfermer dans une catégorie. 
Certes Titeuf, dont le 13ème tome sortira en 2012, reste son oeuvre de référence mais il semble profiter de cette liberté honnêtement gagnée pour s'amuser et réaliser ce qui lui plaît. Le ping pong du mois sur son site Zeporama est une illustration de cet état d'esprit.
Au niveau albums, la palette est large entre Les Chronokids (avec Stan et Vince), Les Minijusticiers (avec Hélène Bruller), Capitaine Biceps (avec Tébo) ou la plus adulte série des Happy (en solo) qui distillent un humour souvent potache mais assurément réjouissant.


Passionné de dessin, ZEP fait ses gammes et dessine le monde qui l'entoure, se transformant pour l'occasion en morceau de trottoir. Ce carnet intime regroupe des oeuvres  réalisées depuis 20 ans classées dans un ordre tout sauf chronologique. Un voyage à travers le monde très nature morte "oriented". Plaisant, apaisant et même poétique. Seule reproche, certaines aquarelles sont reproduites à cheval sur deux pages, ce qui gâche la dégustation.




Si l'intérêt graphique est indéniable, je me suis surpris à attendre avec impatience les textes qui accompagnent certaines des représentations. Des phrases souvent courtes qui finissent par constituer une biographie distanciée, un recueil de réflexions intimes chargées de second degré dans lequel l'auteur se dévoile, établissant ainsi un lien sobre avec le lecteur. 




Un livre très agréable qui renforce l'image positive que l'on peut se faire de ZEP.


Sylvain