29 mai 2010

Shutter Island

Adapté du roman de Dennis Lehane par Christian De Metter
Ed : Rivages/Casterman/Noir

Laurent : Excellent !

Noir, c'est noir !
Enquête en pleine ambiance malsaine : une patiente de l'hôpital psychiatrique de l'île isolée de Shutter Island a disparu de sa "chambre" fermée à double tour. 2 marshals débarquent pour élucider ce mystère.
Véritablement déroutant !
Le dessin répond à merveille à un scénario de très grande qualité. L'atmosphère angoissante qui se dégage du bouquin résulte autant du style du dessinateur que de l'intrigue proposée par Dennis Lehane.
Qui est cet auteur ? Un indice : Clint Eastwood s'est inspiré de l'un de ses romans pour son film Mystic River. Une belle carte de visite, non !
Une re-lecture s'impose déjà.

Totalement conquis par cette bd, que je ne vous dévoile pas trop, volontairement, mais que je vous oblige à découvrir, j'ai entrepris la lecture de quelques autres titres de cette même collection :
- Brouillard sur le pont de Bihac - Germain/Oppel (bof!)
- Pauvres Zhéros - Baru/Pelot (bof!)
- Pierre qui roule - Lax/Westlake (sympa!)
Malheureusement la collection se révèle être de qualité très inégale ! Dommage.


20 mai 2010

Autobio



De Cyril Pedrosa (Fluide glacial)
2 tomes parus a ce jour

Sylvain : intelligent et drôle

Aux antipodes de son étrange mais superbe "Trois Ombres", Cyril P. s'amuse a distordre de petits moments de vie d'une famille un peu bobo, qui essaye d'être franchement écolo. Mais peut-on vraiment concilier la vie moderne urbaine et les principes écologiques ?

Une lecture idéale pour se décontracter, rire un coup et réfléchir (si on en a envie) sur le bien-pensant contemporain.
Le ton et le style rappellent un peu ceux de Chauzy, non ?

Du Fluide (Fouloude Glodziaul, spécial dédicace) comme je l'aime.


18 mai 2010

Lulu, femme nue

Etienne Davodeau (Futuropolis)
Histoire complète en 2 tomes

Sylvain : Sympa

Lulu a de chouettes enfants qu'elle aime, un connard de mari qu'elle n'aime que moyennement et une vie qu'elle n'aime plus. Alors, après avoir passé un énième entretien d'embauche improductif, elle décide de prendre une pause. Stupeur pour la famille et ses proches qui essayent de remonter le fil de sa parenthèse enchantée.


De la belle mécanique. Le scénario est solide et bien construit. Il y a de beaux moments mais je trouve l'ensemble un peu artificiel. Il y manque le petit supplément d'âme qui m'avait touché dans "Un homme est mort" du même auteur (Futuropolis) et surtout "Les petits ruisseaux" de Rabaté (Futuropolis aussi).


La jeune fille et le nègre





De Judith Vanistendael (Actes Sud)
Traduit du néerlandais par Thierry Groensteen et Hélène Robbe
Histoire complète en 2 tomes - Noir et Blanc

Touchant et intéressant

Les amoureux de beaux dessins lissés et de belles planches risquent de passer leur chemin.
Les accrocs "fantaisie héroïque" seront probablement rebutés par le thème et le manque de coups de hache.
Pourtant, il est intéressant ce récit autobiographique. Et beau. 
Sophie, 19 ans, vit sa première passion amoureuse. Abou est Togolais, demandeur d'asile et il l'aime aussi.

Le premier tome, qui a ma préférence, est une chronique des débuts  de la vie du couple tenue par le père de Sophie. Un choix narratif qui confère à ce tome un humour, un recul et une retenue que l'on ne retrouve pas dans la deuxième partie. Forcément me direz-vous puisque l'auteur y prend la main pour raconter sa vie actuelle  en l'agrémentant de quelques flash-backs.


La justesse de ton et la qualité du propos me rappellent le magnifique album "Les pilules bleues" de Frédérik Peeters qui reste cependant ma référence dans le domaine des récits intimistes.


Sylvain

17 mai 2010

Parker (Tome 1) - La chasse


De Richard Stark et Darwyn Cooke
Traduction de Tonino Benacquista
(Dargaud)

Sylvain : plus que sympa

Parker est un truand à sang froid mais là, il est quand même un peu énervé. Il s'est fait : doubler sur son dernier coup, trahir par ses partenaires et sa femme, blesser par balle, emprisonner et surtout, repasser de 40 000 dollars.
C'est donc avec un esprit de vengeance certain et une ténacité de mulet qu'il s'attaque à sa vengeance et, du même coup, à la mafia new-yorkaise.

Je me suis fait offrir "Le chasseur" pour le simple plaisir de lire un nouveau polar dessiné par Darwyn Cooke. J'ai en effet plus qu'aimé "Cat Woman, Le grand braquage" (Semic), un vrai roman noir façon années 50, sans super héros ni super pouvoir. A lire.

Bien calé dans mon canapé, je découvre que cette première aventure de Parker est un roman graphique : aux pages de BD classiques se mêlent des illustrations pleines pages chargées de texte. Un mélange que je n'apprécie pas beaucoup car il casse le rythme de lecture. Mais la classe des dessins et la qualité du texte font bien passer la pilule.

Je bois un petit coup et continue ma lecture pour m'apercevoir que :
  • Parker a le même profil que le Johnny MacBride de Mickey Spillane dans "Nettoyage par le Vide" : glacial, très brutal et implacable.
  • l'intrigue, et bien, c'est celle de "Payback" (film avec Mel Gibson) !
Du coup, j'en avalerai presque de travers. Les hommages appuyés pourquoi pas mais le pompage intégral, non ! Tout cela gâche quelque peu mon plaisir.

Arrive la troisième de couverture et là tout change. Richard Stark n'est autre que le pseudonyme de Donald Weslake sous lequel il a écrit la série des Parker dont le premier tome ("La chasse") a été adapté deux fois au cinéma (Point Blank et Payback).
J'ai donc dans les mains une adaptation fidèle du roman. Alors ça va, mieux.

Moralité :
  • L'éditeur n'est pas au top de la transparence sur ce coup, sachant que la deuxième de couv' est vierge.
  • Il me reste encore beaucoup à connaître en matière de polar.
  • J'attends le tome 2 de Parker qui devrait combler ma soif d'esthétisme et de nouveauté.



Juge Bao



De Patrick MARTY et Chongrui NIE 
Les Editions FEI
Série en cours - 2 tomes parus à ce jour.
Noir et Blanc

Lecture sympa







Les juges Ti et Bao sont tous deux de grandes figures historiques de la justice chinoise.

Le juge Ti (Ti Jen Tsié) a vécu au VIIème siècle sous la dynastie des Tang. Connu pour son esprit de déduction hors du commun, son nom et ses exploits ont traversé les âges. Robert Van Gulik fit connaître au monde occidental ce personnage, tout d'abord en traduisant des oeuvres du XVIIIème siècle (Trois affaires criminelles résolues par le juge Ti), puis en écrivant dix-sept romans policiers, très précis et ultra documentés. Une oeuvre que j'apprécie beaucoup et que je considère comme des références de romans policiers type mystère/énigme.



Le juge Bao (Bao Zheng) a exercé la justice quelques années plus tard, au XIème siècle sous la dynastie Song. Célèbre pour son intégrité et son respect des lois, il acquit de fait le surnom de Bao Gong, « Bao le juste ».

Le scénario du Juge Bao utilise les même ressorts que ceux du juge Ti et arrive à bien tenir la comparaison. Une bonne surprise.

Sylvain

16 mai 2010

Junk


De Brüno et Nicolas Pothier (Treize Etrange)
Histoire complète en 2 tomes

Sylvain : Super

Western qui n'est pas sans évoquer des films comme "Impitoyable" de Clint Eastwood et "Le trésor de la Sierra Madre" de John Huston. Crépusculaire et sanglant donc, mais non dénué d'humour, noir forcément.

Quinze ans après sa dissolution, le gang des "Jersey Cowpunchers" se reforme pour suivre la piste de la dernière chance : leur chef, Hawk Williams, affirme avoir dégoté les informations qui leurs manquaient à l'époque pour retrouver le trésors des Confédérés. Une promenade de santé, selon lui.

L'histoire est riche en rebondissements, efficace et ne fait pas de concession.
Le style graphique et le découpage de Brüno donnent une vraie consistance à ce diptyque d'atmosphère. Une nouvelle réussite de la part de l'auteur de "Némo" qui s'affirme de plus en plus comme un dessinateur de référence. Parmi ses talents se trouve celui de savoir s'entourer de bons scénaristes (cf. "Biotope" et "Commando colonial").


Fables


De Bill Willingham (Vertigo)
Série - 9 tomes publiés en français à ce jour.

Topissime !


Une série grandiose et d'une rare intelligence qui se bonifie au fil des tomes, venant ainsi remercier le lecteur fidèle. A lire mais à ne pas mettre entre toutes les mains !

Les Fables sont des personnages de contes et légendes qui se sont vus repoussés hors de leurs domaines oniriques par un puissant et mystérieux adversaire.
Boucle d'Or, les trois ours, Ysengrin, Mowgli, Cendrillon, les trois petits cochons, Pinocchio, la Belle, la Bête, Shere Khan, Alice, ... tous et toutes se retrouvent condamnés à vivre ensemble sur terre. A New York pour ceux d'apparence humaine, à la Ferme pour les autres.
Toute l'échelle sociale et morale des contes s'en voit bousculée. Blanche Neige assure la gouvernance de la communauté, Ysengrin en est le Shérif. Le Prince charmant, successivement divorcé de ses trois femmes (Blanche Neige, La Belle au bois dormant et Cendrillon), use de son sex appeal pour vivre. Barbe bleue semble jouir d'une immense et douteuse richesse.

Le tome 1 met en place cet univers à travers l'enquête du shérif consécutive au meurtre de Rose Rouge, la soeur de Blanche Neige. Après cette intrigue, bien faite mais somme toute classique, la série décolle vers les cimes du haricot magique : lutte de pouvoir entre les Fables, espionnage et reprise de la guerre contre l'Adversaire, histoires d'amour improbables, ..., et un Prince charmant peut-être pas si niais que cela.
Ce qui étonne et passionne dans cette série, c'est la densité et la cohérence du scénario ainsi que de l'univers créé. Tout semble logique et s'emboiter façon puzzle. C'est assez incroyable et, pour tout écrire, très excitant.

Le scénario est servi par un univers graphique varié, fourmillant de références et de détails.
Le lien suivant mène tout droit à un site qui référence tous les personnages et clins d'oeil. Un travail de fou. http://onirique.free.fr/spip/spip.php?rubrique48

Le Narval T1 : l'homme de fond




Par Beuzelin et Supiot (Treize Etrange)

Laurent : Top !
Voici une véritable découverte !
De l'aventure, de la surprise et du dynamisme, voici ce qui nous attend dans ce premier tome du "Narval". Cela me rappelle les enquêtes rythmées des héros des années 60 du journal de Spirou, les enquêtes de 421 (de Desberg) ou les débuts de Soda (de Gazzotti et Tome).
A acheter les yeux fermés et à lire les yeux grand ouverts ;-)

Rosalie Blum

Par Camille Jourdy
(Actes Sud)

Laurent : Bof !
Voici une trilogie avec une structure classique : le point de vue d'un personnage dans le premier tome, le point de vue du deuxième personnage dans le deuxième tome et la rencontre dans le troisième tome !!
A priori, une même situation racontée ou vécue sous 2 angles différents est toujours quelque chose de sympa à lire. J'ai en tête la série VORTEX de Stan & Vince.
Sauf que, comme dans beaucoup de bd du genre "Tranches de vie / Vie quotidienne", on s'ennuie. Le premier tome est à l'image du personnage : insipide ! Si je n'avais pas eu les 2 tomes suivants sous le coude, je me serai arrêté là.
L'histoire du deuxième tome n'apporte pas un éclairage interessant et le troisième tome reste dans le "banal".
La fin ? Aucun souvenir !


15 mai 2010

L'Ultime défi de Sherlock Holmes



Par Olivier Cotte et Jules Stromboni (Casterman)
Adaptation du roman de Michael Dibdin (Rivages)

Sylvain : Super

Un pitch énorme : Sherlock Holmes s'attaque à Jack l'éventreur !
D'instinct, et fort de nombreuses déceptions en la matière, je me suis demandé si nous n'étions pas en présence d'un gros nanar catégorie Z, de ceux que l'on retrouve à la télévision en heure creuse.
Mais bon, la collection Casterman/Rivages ayant assuré jusque-là des publications de très bonne tenue, j'ai sauté le pas et me suis acquitté de ma dîme (18 euros tout de même).

Bonne pioche.




Le scénario est solide, l'intrigue dynamique et la fin cohérente (ce qui fait toute la saveur et la beauté de ce type d'exercice réussi).
Comme pour l'excellent "Shutter Island" de la
même collection, la richesse du roman original permet une belle adaptation en bande dessinée. Un petit bémol pour ce Sherlock : la fin semble un brin hâtive, moins bien posée que le reste du récit. Mais ne boudons pas notre plaisir.

D'autant que le graphisme est plus qu'à la hauteur.
Mise en page, codes, style, couleurs et rendu d'impression rappellent les illustrations de la fin du XIXème et se mettent pleinement au service de la narration.
Un pari qui surprend et déroute en début de lecture mais qui apporte au final une énorme ambiance et une grosse densité au récit.

Une oeuvre très complète et réussie dans laquelle on peut se replonger avec plaisir.