1 févr. 2011

Angoulême 2011 - Revue de presse buissonnière

Le 38ème Festival International de la Bande Dessinée vient de fermer ses portes.  Le bulles se dégonflent, les langues se délient et les derniers articles tombent. Bilan.


Succès populaire et médiatique synonyme de pérennité ?
Le nombre total de visiteurs est annoncé stable (autour de 200 000), avec cependant une nette augmentation de la fréquentation des expositions et des restaurants. Une belle caisse de résonance pour les 6000 professionnels réunis pour un "écho médiatique sans précédent" (800 journalistes, 2 ministres, l'ambassadeur des Etats Unis et quelques "people").

Les sourires sont d'autant plus grands que le festival ressort renforcé dans sa dimension internationale grâce aux expositions cosmopolites, aux albums primés et au Grand Prix donné à l'américain Art Spiegelman (NouvelObs et Le Point). En ligne de mire, de nouveaux partenariats potentiels pour la filière image charentaise et plus de visibilité pour la BD franco-belge.

Le festival s'ouvre aussi de plus en plus au cinéma. Une tendance de fond illustrée cette année avec Tron, Largo Winch II et L'élève Ducobu et un planning de sortie conséquent pour 2011 (Titeuf, Le chat du rabbin, les stroumpfs et Tintin, sans parler des comics). Somme toute très cohérent avec l'existence du pôle image numérique d'Angoulême.

Seule ombre au tableau, les relations tendues entre l'organisation du festival (9e Art+) et le Musée de la BD (CIBDI) qui peuvent avoir une incidence sur le financement des prochaines éditions. Selon La Charentes Libre, pas d'entente entre les deux structures, pas d'argent de la part du Conseil Général. Forcément compliqué sachant que, de plus, les participations financières de la FNAC et de la SNCF doivent être rediscutées pour les années à venir. La situation semble néanmoins moins compliquée que pour l'édition 2010 que le maire d'Angoulême avait mis en péril.


Très bon mandat du Président Baru
Unanimement salué pour sa présidence et son engagement, Baru a réussi à dynamiser le festival tout en restant fidèle à ces valeurs. Définitivement un grand Monsieur qui s'est visiblement fait plaisir. En prime, il est parvenu à faire éditer par le FIBD sa propre compilation de vieux rocks (R'n R Antédiluvien).



Anecdote : canular à la belge
Judith Forest - 1h25, dont Les Inrockuptibles avaient salué l'autobiographie "pudique et caustique" serait une très rentable mystification selon Le Point
La suite du premier opus est annoncée et l'éditeur d'expliquer : "Judith Forest n'existe pas. Celle qui est passée à la télévision et répondait aux interviews, nous l'avons choisie comme pour un casting afin qu'elle puisse correspondre au personnage de 1 h 25. Un ou une véritable auteur se cache bien derrière Judith Forest, mais ce qu'il faut retenir de Momon, c'est la réflexion sur l'authenticité, sur ce qu'est une autobiographie en bande dessinée." 



Palmarès 2011: un prescripteur de premier choix
Les lauréats de l'année sont à la fois exigeants et accessibles. De quoi satisfaire tout le monde, y compris les libraires qui pourront pour une fois conseiller au plus grand nombre les ouvrages primés.
Certes, comme Les Inrocks,  on peut regretter l'absence de Quai d'Orsay de Blain et de Nine Antico (Girls don't cry et Coney Island Baby) mais il faut bien trancher. 

Un dilemme très bien expliqué par le bel article J'étais juré à Angoulême (Télérama) dans lequel J.C. Loiseau assume totalement le palmarès : "On y voit distingués de jeunes voire de très jeunes auteurs, sans que, pas une seconde, au cours des débats, ce choix générationnel ait été posé comme tel. Une vérité s’est, en somme, imposée d’elle-même : ce palmarès mitonné à sept, en toute liberté (merci Baru !), reflète très bien l’état actuel de la création. Une « ébullition » est à l’œuvre, une relève extrêmement douée est entrée en piste, la bande dessinée a un bel avenir. Au moins sur le plan créatif."

Remarque, le Grand Prix prive les albums récompensés de lumière. Pourquoi ne pas décerner les Fauves au début de Festival pour les laisser s'épanouir, comme le pratique le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, et garder le point d'orgue du grand prix pour le dimanche ?


Le numérique s'efface devant le papier ... le temps du festival
La BD numérique semble s'être faite discrète durant le festival comme le souligne ITRnews : "Le frein semble être mis sur le développement numérique. .... Comme pour montrer que la FNAC principal acteur économique de la chaine de la BD et sponsor du festival avec la SNCF, avait plus à perdre qu’à gagner du développement d’IZNEO ou de DIGIBIDI."

Une thèse cohérente avec la déclaration de Patrick Béhar en novembre 2010 : "Avec une perspective de 20 % du marché du livre passé au numérique en 2015, l'ensemble de l'écosystème va être touché, et les libraires vont souffrir. Le livre numérique remet le lecteur au centre du dispositif et lui donne un rôle de prescripteur via les réseaux sociaux.


Quelques ateliers donc, petite communication d'Aquafas autour de leur logiciel de numérisation Comic Composer mais certainement beaucoup de bruissements en coulisse comme en témoigne la photo ci-contre. 

Au coeur des débats, les droits que les auteurs voudraient voir renégociés pour le numérique. Un thème abordé par Frédéric Mitterrand : "... la question aujourd'hui est de savoir comment la BD va être transmise sur la toile, comment défendre, avec Internet, les intérêts des auteurs." Pas de solution pour l'instant.

Profitant de ce vide, Thomas Cadène du site Les autres gens a fait feu de tout bois (TF1Actualitté, ...).



A noter tout de même, un long  et riche article du Figaro qui dresse un bilan intéressant de la lecture de BD sur iPad. Suit une petite interview de Régis Habert (DG d'IZNEO). Extrait choisi :
  • "Lirons-nous un nouveau type d'albums?
  • Un jour peut-être, mais ce n'est pas la direction que nous suivons pour l'instant. Les contrats éditoriaux ne permettent qu'une reproduction homothétique des planches, rien de plus. Izneo n'effectue donc aucun travail éditorial, et se contente de mettre en place la tuyauterie pour rendre les albums disponibles. Redécouper un album requiert un contrat nouveau, ou l'acquisition d'une licence, et repose sur une économie différente, avec de nouveaux investissements."
BD homothétique, BD numérisée, BD numérique, ... la guerre des mots est lancée.

Sylvain 

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