23 juin 2011

Delcourt prend le contrôle des Editions Soleil

Selon le journal Les Echos, Delcourt a acquis une participation majoritaire au capital de Soleil. Le nouvel ensemble sera dirigé par Guy Delcourt et devient le deuxième groupe français de BD derrière Media Participation (Dargaud, Dupuis, Le Lombard, ...) avec 17% de part de marché (50 millions d'euros de chiffre d'affaire cumulé en 2010) et un catalogue généraliste de 4600 titres. Mourad Boudjellal, désormais actionnaire minoritaire de Soleil,  compte se consacrer pleinement au Rugby Club Toulonais.  "J'étais frustré de ne pouvoir m'occuper du RCT que pendant 20 % de mon temps. Désormais, cela va être le contraire et vous allez très rapidement voir les changements", indique-t-il à Var-Matin. Il restera néanmoins en charge des relations avec « les auteurs historiques de la maison » (Bodoï).

Ce rapprochement est qualifié de logique par le journal économique : en 2003 les deux éditeurs avaient créé Delsol, une filiale commune de diffusion qui compte aussi parmi ses clients Futuropolis, Gallimard BD et les Humanoïdes Associés.

Comme Mediapart le souligne, aucune information n'est actuellement disponible concernant une éventuelle mise en cohérence des catalogues. Les salariés et auteurs de ces sociétés doivent se poser assurément pas mal de questions. Les Mondes de Troy et celui de Donjon vont-ils fusionner ?


Selon toute logique, l'intégration de Soleil au catalogue d'IZNEO devrait donc s'accéler (cf. chronique sur le groupement Bande Numérique), à moins que Delcourt uniquement présent sur la plateforme numérique avec Walking Dead n'use de son nouveau poids pour renégocier avec Médiaparticipation ?

Sylvain

20 juin 2011

Spynest - Délire jamesbondien

De Sala et Alliel
Tome 1 - Soleil 

Série B divertissante 


Résumé de l'éditeur
Une histoire pleine de bruit et de führer.

Et si, pendant la guerre, lorsqu’il était lui-même un espion de la couronne britannique, Ian Fleming avait rencontré un espion extraordinaire... Le plus intrépide, le plus cynique et le plus féroce de tous... Et si cet espion était une femme ?
1940, le plus improbable duo d’espions va déterminer, dans l’ombre, l’issue du plus grand et du plus meurtrier de tous les conflits.

Conclusion de la chronique de Philippe Belhache (Le Blog BD): "Le récit, bondissant et rythmé, est bâti suivant ce même cocktail action/humour qui fait le succès des autre séries de Sala. Il bénéficie du trait dynamique de Christophe Alliel, jeune graphiste jusqu’ici connu pour son goût du space opéra (« Les Terres de Caël », ou plus récemment une contribution à « Kookabura Universe »). La collaboration fonctionne à merveille, comme la machine à divertissement qu’elle entend être, avec tout le travail que cela demande derrière. Ce « Nid d’espions » (un coup de coude à OSS 117 ?) a toutes les chances de trouver son public".



Convaincu par cet avis positif, je me suis procuré ce premier tome et j'ai effectivement passé un bon moment. Prise de tête zéro garantie. Aucun temps mort, des seins et des petites culottes avec suffisamment de second degré pour que cela passe, de l'action dynamisée par un trait tout terrain, .... Bref, un bon cocktail basé sur les codes des aventures cinématographiques de James Bond. 
Néanmoins, j'ai été gêné dans ma dégustation par l'ajout d'ingrédients uchroniques tels que le très steampunk méchant SS. Ils n'apportent rien au récit qui s'appuie par ailleurs sur des documents historiques déclassifiés (forum BDgest). Un mélange assumé par les auteurs que je trouve pour ma part dommageable : les bases de l'histoire étaient suffisamment riches et intéressantes pour pouvoir se permettre de la localiser dans un univers proche du notre. Nul besoin, à mon avis, d'ajouter des effets somme toute faciles (cf ci-dessous).


Certes, je ne suis pas trop porté sur le fantastique et en matière de James Bond mes attentes sont plutôt classiques mais Spynest me semble souffrir d'un mélange de genres trop forcé et passe du coup à côté d'une véritable réussite. 

Dans un style plus rugueux et premier degré, la trilogies publiée au début des années 90 par Dark Horse France a réussi à intégrer de manière plus cohérente de l'anticipation dans du James Bond. Dans mon souvenir en tout cas.

Sylvain

18 juin 2011

Pour l'Empire - T3 - LA FORTUNE

De Merwan & Vivès
Tome 3/3 (Poisson Pilote)


Perdu en chemin


L'escouade atteint l'objectif fixé par la carte et l'Empereur : une cité en ruine d'une ancienne civilisation dont tout le savoir à été dévoré par des insectes. Doute, déception et rébellion prennent le dessus sur la discipline miltaire.




D'intriguant, ce récit historique bascule dans l'étrange, en particulier en milieu d'album. Un virage narratif auquel je n'adhère pas du tout, bien que certains éléments de l'oeuvre restent attachants (trait, découpage, mise en couleur). Une opinion partagée par Krinein.com qui propose une analyse interessante. Extrait : "D’une première partie au traitement fantastique mais qui reste prosaïque, on passe à un traitement psychologique totalement irréaliste et imaginaire. La signification de ce délire artistique est un peu obscure, et bien malin celui qui pourra en tirer quelque chose. Et si c’est un peu déçu par la fin que l’on referme l’album, il nous reste quand même l’impression d’avoir lu une bonne bande dessinée. Paradoxal !"

Pour ma part, la déception domine : cette conclusion n'est ni cohérente ni du niveau des deux premiers tomes. Les auteurs ont visiblement visés haut mais sont passés pour moi à côté de leur ambition. J'ai vraiment l'impression qu'ils ont voulu trop en faire : les allégories et métaphores employées m'ont laissées de marbre. Dommage, car la chute de l'histoire (retour auprès de l'empereur) avait certainement un meilleur potentiel.

Pour information, Bodoï a visiblement compris le contenu de l'album ou a du moins été suffisamment sensible à son contenu pour lui donner la note maximale. Les goûts et les couleurs ... 


Sylvain

16 juin 2011

Intégrale Philémon

Philémon occupe une place toute spéciale dans mon parcours de lecteur. 
Début des années 80, j'ai le droit d'aller tout seul à la bibliothèque municipale, je m'assois sur les coussins à côté de la fenêtre et me plonge dans un univers onirique où un grand garçon   parcours le monde des lettres, celles de l'océan Atlantique. Identification maximale avec ce personnage qui rencontre des centaures majordomes, vogue dans une bouteille-navire, aide le vieux Barthélémy à revenir à la réalité malgré lui, escalade un chien fumeur de cigare, marche sur le rayon lumineux du phare-hibou .... Magique et certainement clé dans ma passion pour le neuvième art.


Pourtant, les années passent, ma collection de BD s'étoffe mais n'accueille toujours aucun album de la série phare de Fred. Je les connais trop ces histoires, pas la peine d'en acheter les albums. Et puis, elles sont plutôt moches les éditions qui s'enchaînent au fil des années.
Au milieu des années 2000-2010, dans la cohue d'une des tentes éditeurs du festival d'Angoulême, j'apprends que Fred est en dédicace. Emotion. J'achète rapidos le premier tome à portée de main et me prépare mentalement à faire une longue queue. C'est Fred tout de même ! Et là surprise : zéro temps d'attente. Je tends ma BD, "c'est pour Sylvain" et bredouille maladroitement quelques phrases genre "Philémon est une des BD qui m'a le plus marqué enfant, ... tout ça". Le petit vieux blasé limite revêche de derrière le comptoir me lance un regard dénué de tout intérêt, fait une dédicace vite fait et au revoir. Déception dans le camp français.  

La dimension spatiale de la bande dessinée et la dimension textuelle.
Fred,
 Philémon. L'Île des brigadiers, Dargaud, 1975, page 2.
Dans une même planche, Fred oppose deux modes de lecture : un mode de lecture chronologique dans lequel les cases se succèdent et un mode de lecture spatial dans lequel le regard voyage sur la page de manière circulaire. (source 
Pierre Campion)

Il y a quelques mois, l'intégrale de la série est rééditée dans un format vraiment sympa et qualitatif. Je saute le pas et je m'en félicite dès l'ouverture du premier des trois volumes. Je passe une délicieuse après-midi à me replonger dans les aventures du garçon au pull rayé blanc et bleu. Le dessin, selon moi très marqué année 70, me dérange un peu mais quelle richesse et générosité dans la création. Fred ne carburait certainement pas qu'à la camomille dans les années 70 ou alors il vivait dans un autre monde. Peu importe. Pour reprendre le terme choisi par Gosciny dans la préface, c'est juste "formidable!".

L'oeuvre vaut parfois mieux que l'auteur et les lecteurs que nous sommes attendent trop de ces brèves rencontres forcées, pas toujours mutuellement consenties, il faut croire.

Il m'est cependant difficile de recommander d'acheter cette oeuvre à ceux pour qui Philémon n'est pas une madeleine de Proust. La lire, oui, car il s'agit d'une série majeure de l'art séquentiel. Pour autant, elle est assurément segmentante et mieux vaut valider soi-même l'achat avant de lâcher les 100 euros que coûte ce regroupement de  15 tomes. A recommander aux rêveurs et à tous les enfants dans l'âme. 
L'intéressant Blog BD de SudOuest conclut d'ailleurs sa chronique sur ce thème : " Philémon la BD, ne laissera personne indifférent. Vous y plongerez tête baissée ou vous resterez incrédule comme le père de Philémon ...". 



Sylvain

13 juin 2011

Spots dessinés

Il y a quelques mois, on a pu voir dans la presse des publicités pour La Poste signées Lewis Trondheim. Le concept de ces courtes histoires en une planches semble avoir convaincu l'annonceur qui a poursuivi l'aventure par des spots animés de 30 secondes (source : l'excellente rubrique Vendredi c'est Graphism du site OWNI). Quelques exemples ci-dessous.






Je trouve l'utilisation d'animations sympathique, différenciante et pour tout dire reposante. Cela change des formats classiques de pubs d'assurances ou de banques (Cerise de Groupama et ses doudounes à pois verts, MMA et ses situations bien lourdingues, tous les acteurs français en perte de vitesse qui cachetonnent pour le LCL, la MAAF qui essaye de nous laver le cerveau, etc ...). 
Ces spots plutôt agréables s'ajoutent à ceux de la MAIF basés sur des animations minimalistes mais très réussies (voir ci-dessous) ainsi qu'au chouette petit film de l'Happy Meal présenté dans le post Bédérama Bouffe déssinée.


L'animation et la BD seraient-elles une tendance montante de la communication publicitaire ?

Sylvain

9 juin 2011

X-Men : le commencement

Ces dernières années, les adaptations cinématographiques de comics se sont enchainées, certainement stimulées par les bonds technologiques des effets spéciaux et des images de synthèse. Le chemin parcouru depuis le Batman de Tim Burton est considérable et permet désormais au spectateur de s'immerger dans un univers cohérent qui ne sent pas le carton pâte à plein nez. 

Si un nombre important d'adaptations ne présente que l'intérêt éventuel de faire passer le temps, le genre a néanmoins produit de très bons films au nombre desquels je listerais The Watchmen, The Dark Knight, V pour Vendetta et le premier X-Men réalisé par Bryan Singer. X-Men : Le Commencement colle selon moi à ce peleton de tête. 
Le film assume pleinement son objectif premier qui est de divertir mais sans pour autant tomber dans la facilité consistant à étaler les super pouvoirs des protagonistes (un excès de moyens est tout de même flashé à très haute vitesse lors de la dernière scène). L'accent est mis sur les personnages dotés d'une densité intéressante. Comme le soulignait Lorenzo à chaud, l'évolution de Magneto est crédible et habitée par un acteur convaincant (Mickael Fassbender aussi aperçu dans Inglorious Basterds). En toile de fond, on retrouve la réflexion du premier opus concernant la différence et tous les problèmes individuels et sociétaux qui peuvent en découler. 


Un bon divertissement donc, bien supérieur à Thor de Kenneth Branagh.
Je dois avouer que la reconstitution des années 50 dans un style très James Bond de la première vague a contribué à mon plaisir.


Sylvain 

7 juin 2011

Quoi de nouveau sur IZNEO ?

L'offre d'IZNEO continue à s'étoffer (1754 titres le 6 janvier 2011, 2156 aujourd'hui) et surtout à se diversifier. La plateforme commence vraiment à prendre consistance malgré des disparités étonnantes. Quelques exemples à date :
  • les nouvelles policières pour le moins bien fichues et drôles de Green Manor sont proposées mais uniquement en version anglaise. C'est d'autant plus ballot que l'intégrale papier de cette série franco-belge que nous vous recommandions à Noël est épuisée.
  • le septième et dernier tome de la délassante série policière Halloween Blues n'est toujours pas mis en ligne. Après tout, il ne s'agit que de la conclusion de l'intrigue ...
  • Le plaisant tryptique Jason Brice, que j'avoue avoir injustement dédaigné initialement, est incomplet. Le tome deux est numériquement manquant, soit 33% de l'oeuvre tout de même !
  • Dans la série de one-shots XIII Mystery, les tomes 1 et 2 ne sont pas mis au catalogue. Seul le tome 3, qui n'est pas mon préféré (au passage), est lisible. 

L'offre commerciale demeure "éditeur dépendante" (Casterman s'évertue toujours à tarifer ses locations à 3,99€, Delcourt ne propose Walking Dead qu'à l'achat, le solide magazine DBD est disponible au même prix que la version papier, ...) mais il est possible de dénicher des titres intéressants, et assez récents, à 1,99€

Dans cette catégorie de prix, j'ai lu Ralph Azham, ce qui m'a conforté dans mon "non achat" de la version papier à 12€. Lewis Trondheim photocopie du  Lewis Trondheim. Une forte impression de déjà lu, d'où un intérêt faible.
Dans la série intérêt poli sans plus, je mettrais Haut de gamme de Binet ainsi que la première partie de Portugal (épisode 1) de Pedrosa.

Parmi les lectures recommandables et récemment intégrées à la plateforme se trouvent le bon polar Belleville Story, l'agréable série de one-shots Le Spirou de ..., les trois premiers (et meilleurs) tomes de Gipsy ainsi que l'incontournable série drolatique Le retour à la terre de Larcenet et Ferri.

Pour finir ce tour d'horizon, j'ajouterai que le magazine Zoo (gratuit) est désormais accessible sur IZNEO. Un bon moyen de se tenir informé des sorties du mois.

Bonne lecture sur vos iPad (ou autre tablettes).

Sylvain

5 juin 2011

Comics suramphétaminés

Transmetropolitan (Panini)

Les 6 tomes sont désormais digérés et je confirme tout le bien que j'écrivais sur cette histoire le 23 décembre 2010. Transmetropolitan est une oeuvre d'anticipation magistrale, assurément une référence que je range aux côtés de Batman : Dark Knight, V pour Vendetta, The Watchmen et Powers.
Cette lutte sans merci entre un journaliste jusqu'au boutiste et un président dictatorial patine quelque peu vers le tome 4 mais s'avère être d'une telle richesse et d'une telle densité qu'elle mérite franchement le détour. Le miroir dérangeant que propose ce récit sur notre propre société force l'admiration et la réflexion. Assez rare pour être noté.
Seul défaut, le prix (180€ pour les 6 tomes !) qui rebutera logiquement plus d'un lecteur d'autant que l'oeuvre est très segmentante et exigeante.


The losers (3 tomes - Panini)

Aventure à grand spectacle, The Losers est un croisement génétiquement modifié de L'agence tout risque, Mission Impossible et James Bond.

Une équipe de choc se retrouve mise au ban de l'armée par la CIA qui tente de l'éliminer. Profitant d'une mort trop rapidement prononcée, l'équipe prépare sa vengeance et enquête sur un certain Max qui exécute les basses oeuvres de la démocratie américaine.
Si l'action et la violence prévalent, The Losers propose néanmoins un scénario intelligent, sophistiqué, riche en rebondissants, un brin trop grandiloquent pour être parfait mais ... qui est idéale pour se délasser.
Un film a été tiré de ce comics. Il est sorti en DVD en France sans passer par la case ciné : pas forcément bon signe. Mieux vaut s'en tenir à la BD à mon avis. 



Sylvain

Kuzuryu - La vengeance par les Plantes

De Shôtaro Ishinomori (Kana - Sensei)
Histoire complète en 1 tome (1974)
Noir et blanc - 664 pages
Pour public plutôt averti


Moins abouti qu'Hokusai

Seul survivant du massacre de son village et, on peut le comprendre, traumatisé par la vision de sa mère décapitée, Kuzuryu parcours le Japon médiéval à la recherche des bourreaux de son enfance. Doté d'une tabatière ornée d'un dragon pour seul indice, il dissimule sa quête sous l'apparence d'un homme qui soigne le mal, soit par les plantes soit par le sabre, en fonction des demandes de ses patients. Dans les deux cas, il est très efficace.
Succession de récits courts articulés autour d'une trame de fond solide, Kuzuryu est néanmoins un peu décevant. Le récit est globalement plaisant mais nettement moins réussi que Lone Wolf and Cub qui suit exactement le même schéma scénaristique et il est moins abouti qu'Hokusai du même Ishinomori. Le fil narratif est parfois embrouillé, de qualité inégale, tout comme le trait d'ailleurs. Dommage car certaines parties captivent par leur intensité dramatique.
A ne conseiller que aux amateurs du genre.
Sylvain