16 déc. 2012

Noël en BD : édition luxe de La Foire aux Gangsters

De Franquin et Jidéhem
Commenté par J.L. Bocquet et Serge Honorez
Dupuis "Patrimoine"

Même belle qualité d'édition que pour Le Schtroumpfissime et Bravo les Brothers mais l'oeuvre est cette fois-ci plus mineure et était d'ailleurs moins appréciée par l'auteur. Cela reste tout de même du Franquin et le plaisir est au rendez-vous.
Recolorisé pour l'occasion, l'album propose les planches dans leur publication initiale, c'est à dire celle du journal de Spirou et non celles réarrangées pour  l'album Le nid du Marsupilami. Un director's cut bienvenu qui met en valeur le sens du rythme de Franquin. Sont aussi ajoutés les deux strips de fin jusqu'alors censurés en album.




Colorisation originale

Nouvelle colorisation d'après les notes de Franquin

Les textes explicatifs qui accompagnent les fac-similés des dessins originaux sont écrits dans une langue fluide. Ils permettent de bien décrypter et contextualiser les planches. 
Un cadeau qui fera indubitablement plaisir aux collectionneurs de BD franco-belge. Aussi disponible en version numérique sur IZNEO.




Sylvain

15 déc. 2012

Sélection BD pour Noël : les intégrales

Noël au tison, intégrales à foison. 
Les éditeurs profitent de la période des fêtes pour donner une deuxième vie aux séries. Une démarche commerciale de bonne guerre derrière laquelle se cache parfois de vraies opportunités : possibilité de s'immerger d'un bloc dans une histoire complexe, consolidation d'une collection avec un bel objet (souvent plus qualitatif que les éditions originales), plaisir d'offrir et de partager une oeuvre, .... Petite sélection personnelle.

Récits historiques
Désormais classique, La vengeance du comte Skarkek est une solide intrigue à la Jean Valjean magnifiée par le trait coloré de Rosinski. Incontournable.
Pour ceux qui commenceraient à saturer de Tardi et de ses tranchées, Un long destin de sang est une bonne alternative pour couvrir la période 14-18. Dans un tout autre style, les auteurs proposent une vision de la guerre à travers une machination militaire romancée. 
La balade de Yaya est l'une des BD pour enfants les plus intéressantes du moment. Ce regroupement des trois premiers tomes est donc une bonne occasion de découvrir les tribulations tragi-comiques de la petite chinoise dans le contexte de la guerre sino-japonaise. 



Un peu de SF ne nuit pasLa guerre Eternelle commence à dater, mais comme la blanquette, c'est bon réchauffé aussi. Autre classique solide, Travis, qui dans un registre plus série B permet de passer un long bon moment (intégrale en deux tomes). Récemment découvert suite à un cadeau surprise de Billy Bob Berger, Fear Agent est une curieuse saga mêlant humour noir, space opéra, voyage temporel et second degré qui mérite d'être lue. Réservée aux amateurs de comics appréciant Invincible et ayant de la nostalgie pour Burton et Cyb. Un peu pointu quand même.






Quand la BD européenne s'inspire du manga, cela peut donner des polars dynamiques, assez violents en l'occurrence et surtout agréables à lire. La preuve avec Jazz Maynard, Ken Games et Naja.



Plus difficilement classable, Alim le tanneur est une BD d'aventure qui peut soutenir la comparaison avec La quête de l'oiseau du temps. Plus enfantin au départ, l'histoire monte en puissance et tient très bien la route. 
Viennent ensuite Rork qui devrait arriver dans mes pantoufles le 25 décembre et Nemo,  adaptation du fameux capitaine par Bruno.





Les belles éditions des classiques de la BD franco-belge : Gil Jourdan et de Philémon. Des must.


Sylvain

2 déc. 2012

Angoulême 2013 - A budget serré, sélection BD resserrée ?


Les défections des grands sponsors (SNCF et FNAC) compliquent certainement l'exercice budgétaire de la 40ème édition du festival d'Angoulême mais permettent d'épurer le nombre de prix et d'albums sélectionnés (59 vs 84 en 2012). Un gain en visibilité qui simplifie les débats autour de la sélection officielle.

La catégorie "les titres qui sortent de nul part" est sensiblement moins représentée que d'habitude me semble-t-il : seulement 25% de la sélection me sont complément inconnus (Hors-Zone, Le temps est proche, ...). Une bonne surprise comme l'avait été 5000 kilomètres par secondes en 2011 peut toujours s'en dégager mais ....

Les "Alors là je ne comprends pas", sont eux aussi limités. Comment La grande Odalisque, Lorna et dans une moindre mesure Alix peuvent-ils être intégrés aux meilleurs albums de l'année ? Mystère, d'autant que la catégorie "Ils auraient pu la mettre celle-là" est comme d'habitude pourvue : Le loup des mers,  Hérakles, Les derniers jours de Stefan Zweig par exemple.

Parmi les albums qui se dégagent :
  • Automne de Jon McNaught, un bel objet contemplatif qui est encore plus abouti que son charmant Dimanche. A déguster tranquillement.
  • Daytripper de G. Ba et F. Moon, une solide construction narrative doublée d'un voyage graphique abouti. Un parfum de Gabriel Garcia Marquez flotte sur ces pages.
  • Fables de B. Willingham, une très grande série mise sur le devant de la scène après avoir été transférée de Panini Comics à Urban Comics (curieux, non ?). Un des chouchous de la sélection.
  • Quai d'Orsay de Blain qui pourrait bien remporter le trophée.
  • Aâma de F. Peeters, deuxième tome et deuxième sélection pour cette série de science-fiction très étrange. Il ne se passe pas grand chose, on ne comprend presque rien, mais c'est bien.


Il reste 59 jours pour discuter du reste de la sélection et notamment d'Orbital, De l'or et le sang, du Tardi qui remet le couvert sur les tranchées, de Folie Bergère, ....

Sylvain

26 nov. 2012

Le format à l'italienne, une bonne option pour le numérique

Les solutions les plus simples sont souvent les meilleures. 
Le très correct Serment des cinq Lords, dernier Blake et Mortimer en date, est proposé dans sa version panoramique sur IZNEO. Une occasion de reconstater que le format à l'italienne passe particulièrement bien en numérique. Une bonne option pour lire sur écran des planches "gaufrier" donc !


Sylvain 

21 nov. 2012

Le Scorpion tire sur la corde

De Desberg et Marini
Série en cours - Tome 10
Dargaud

Il est loin le temps où Marini nous surprenait avec ses dessins et Deserg reprenait avec bonheur les codes du roman historique populaire.  Mais n'est pas Michel Zévaco qui veut et le Scorpion ne sera jamais Pardaillan. 
Ce tome 10 voit les auteurs s'encroûter dans la facilité et sombrer dans la caricature d'eux-mêmes. En complexifiant l'intrigue à l'envie, ils perdent très vite l'intérêt du lecteur. 
Une vraie contre-performance.







Sylvain


18 nov. 2012

Le maître voleur - Superproduction de papier

De Kirkman, Spencer et Martinbrough
Premier tome
Delcourt

Une histoire de cambriole, de mafia et de FBI bien fichue. 

Le scénariste de Walking Dead signe un scénario qui se veut avant tout efficace : du Ocean's Eleven en plus musclé, Georges Clooney en moins. Le découpage se met au diapason, "du comics typique" comme dirait Laurent B.
Idéal pour passer un bon moment sans trop se froisser les méninges.

Une adaptation en série TV serait envisagée.





Blake et Mortimer - Le serment des 5 Lords - Format à l'italienne


Yves Sente et André Juillard livrent un Blake et Mortimer classique mais de très bonne tenue. De loin le meilleur depuis un moment. Rien de novateur (la recette est bien connue) mais l'ensemble fonctionne grâce à une très grande cohérence. 
On se laisse entraîner avec plaisir dans cette aventure dynamique et volontiers porter par le charme désuet de l'Angleterre d'alors. Le format à l'italienne, proposé pour la première édition, s'avère être plus qu'une opération promotionnelle : la lecture par strip participe réellement à la qualité de la lecture. Outre le fait qu'elle permet de mieux profiter du dessin particulièrement impeccable de Juillard, elle libére l'oeil du lecteur qui ne se retrouve plus assommé par des planches plombées de textes, bien écrits au demeurant. 




Un bon moment de lecture.

Sylvain




10 nov. 2012

Un film à ne pas ... Looper.

Deux bons films vus récemment : l'attendu Skyfall et l'inattendu Looper, un polar noir dans lequel l'Anticipation n'est pas qu'un simple artifice mais bien un élément à part entière de l'intrigue. 
Comme le dernier James Bond qui parvient à renouveler la série, le dernier film de Bruce Willis revisite aussi avec talent un thème surexploité, le voyage dans le temps. Et si l'affiche (étonnamment fade il est vrai) ne vous interpelle pas, peut-être que ce trailer animé vous poussera à tenter l'aventure.

Sylvain

Le Loup des Mers d'après Jack London

De Riff Reb's
One shot - Couleur - 135 pages
Noctambule - Soleil
 
Début XXème. Suite à un accident de ferry-boat dans la baie de San Fransisco, un jeune intellectuel se retrouve pris au piège d'un capitaine de bateau de pêche. Le début d'un duel culturel et d'un choc de civilisation. Une réflexion, sans cape ni collant, sur le mythe du sur-homme.
 
Superbe ouvrage dont la puissance graphique se met au niveau des textes et du récit de Jack London. Toute une expérience. A lire.
 
 


Sylvain

Il était une fois en France - Tome 6 - La Terre Promise

De Nury et Vallée
Récit historique en 6 tomes
Glénat

Fin de parcours pour Joseph Joanovici. L'après-guerre lui fait payer ces actes passés et l'addition est salée. 
Tout aussi maîtrisé que les précédents, le tome 6 continue à captiver alors que l'issue ne fait aucun doute. Une belle performance. Seule la confrontation finale force peut-être un peu trop sur le mélo et le pathos mais, à ce détail près, les auteurs livrent une conclusion à la hauteur des attentes faisant d'Il était une fois en France une des meilleures série adulte contemporaine.
 
Sylvain 

27 oct. 2012

Les Univers de Stefan Wul - OMS en série - Tome 1

De J.D. Morvan et M. Hawthorne
Adaptation en 2 tomes du roman de Stephan Wul

Les humains considérés comme des animaux de compagnie, une accroche particulièrement bien exploitée dans ce récit d'anticipation. Un voyage de 48 pages assuré par un graphisme à la fois froid et généreux qui parvient à trouver le juste équilibre entre les racines "vintages" de l'intrigue et sa nécessaire modernisation. Une belle performance d'autant plus appréciable qu'elle s'appuie sur un scénario qui ne laisse pas l'émotion sur le bord du chemin de l'efficacité. 

Un diptyque très bien lancé et mis sur rails. Il serait très étonnant de ne le voir arriver à bon port. 


Un cran au-dessus de Niourk, cet album finit d'installer la nouvelle collection d'Ankama. Une des bonnes surprises de la rentrée. 

Sylvain

22 oct. 2012

Une vie chinoise, un éblouissant triptyque


De P Ôtié et LI Kunwu
3 tomes - Noir et Blanc
Dargaud Lombard 

Eblouissant triptyque que ce récit d’une vie. 
Le  temps du père, le temps du parti, le temps de l’argent. 700 et quelques pages fulgurantes, 700 planches porteuses de larmes... Le trait noir magnifique, rugueux comme l’époque, l’encre des dazibao, prolongements dramatiques de la calligraphie ancestrale. La plume est dure, hachée comme la vie de LI, mais soudain adoucie, si douce, lorsque la femme surgit. Ebloui par l’immense labeur de ces milliers de cases fouillées, terrifiantes parfois, réalistes souvent, magnifiques toujours. 
Mais aussi incroyable auto-analyse d’une vie difficile, perdue, sauvage, affamée, soumise, castrée d’amour, comme les centaines de millions d’autres.

Ce n’est pas une B.D, c’est un divan analytique et un superbe livre d’histoire où alors B.D prend là quelque sens de Biographie Désespérée. Quelques 40 ans d’errances, nées avec l’irruption de Mao, pauvreté, ignorance, Mao qui soudain redonne semblance d’énergie à un pays en pleine errance. Période d’un système qui secoue le wagon, fenêtres fermées,  pour faire croire aux occupants qu’il avance. Puis soldat, amour en friche, Armée de Libération du Peuple, talent de dessinateur utilisé à condition que…ce qui conduit naturellement au parti et aux pleurs de 76 quand Papa Mao casse sa pipe et garde ses dents jaunes pour l’éternité. Orphelinat général.
Puis, bing, arrive papa Deng Xiao Ping et son allégorie du chat et de la souris, qui ouvre grand les portes au fric, du business effréné, combines à gogo, gigantesque Monopoly, perdu, déboussolé l’ami LI, comme tous….



Pour qui a eu la chance et le bonheur, comme moi, de vivre quelques 7 ans en Chine, aimé profondément ce pays, lu son histoire avec frénésie, ce livre est d’une parfaite honnêteté, d’un réalisme profond, d’accouchement sans doute difficile mais accomplie de talent graphique. 
Trajectoire d’une vie ou survie  par talent ? Je penche pour la dernière option, le Peuple Chinois n’ayant eu ni mot, ni nourriture  pendant si longtemps, entre autre lors du célèbre « Bond en Avant » de 58 à 62, générateur de 30 millions de morts par famine.
Bref, magnifique livre d’histoire, homme et pays confondus, à donner et consommer sans modération. A donner à nombre de ma génération, les lécheurs fessiers du système Mao des années 60-70 qui ont avalés et propagés les mensonges comme Gide avait avalé ceux du Staline. Les noms abondent, Sartre et la Beauvoir-Castor en étant figures de proue, mais il en reste encore tant, hébergés par la Presse écrite parisienne. Ceux là même qui étalaient des dizaines de mètres de tréteaux à l’Université, exposant les grandioses réalisations Chinoises, les « œuvres  impérissables » de Mao et de Jiangqing, « Mme Mao », dite « pomme bleue », « liang ping » dans les bordels Shanghaiens des années 30, terrifiante horreur faite femme, dont l’arrestation à Pékin, déclencha joie populaire de longue durée…



Merci (Xie Xie en Chinois) de ces 3 beaux livres, aux auteurs d’abord et aux amis qui me les ont offerts. Il m’arrive quelquefois, le soir, avant que les paupières ne s’affaissent, de rester sur une planche, et rêver. Cela me semble le plus simple hommage à faire à l’immense et magnifique œuvre auto-bio-graphique de LI Kunwu, 3 mots clés pour 3 tomes, d’un honnête homme du Yunnan, talentueux dessinateur, fétu de paille balloté dans la tourmente d’un pays qui revenait de très loin, pays enfant d’un passé douloureux, aujourd’hui adolescent au développement autant prometteur que difficile. Mais comment ne pas davantage aimer la Chine et surtout son peuple, quand on sait d’où tous reviennent ? LI Kunwu l’illustre à la perfection.

Didier

Les trois tomes d'Une vie chinoise sont aussi disponibles en numérique sur IZNEO. 









21 oct. 2012

Rentrée 2012 - Déceptions en rafale et quelques bonnes prises

Bédérama poursuit la chasse à la mitraillette, méthode plus coûteuse que destructrice et qui s'avère surtout assez improductive cette saison : le bilan est bien maigre et compte peu de bonnes (sur)prises.

Au rayon petit gibier, on peut trouver :
  • Blogosphère (Bastien Vivès) : soit l'effet de surprise est passé soit le sujet (le petit monde des Blogs BD) est trop pointu pour parler aux non initiés. Toujours est-il que ce quatrième tome commence à ressembler à celui de trop.
  • Superior (Mark Millar) : un hommage revisité de deux mythes (Superman et Faust) mixés avec le concept d'Incassable. Du boulot bien réalisé. Sans plus.
  • Fables (Bill Willingham) : déception ! Après un quinzième tome tonitruant, le seizième lâche la trame principale pour un cross-over compliqué avec le tome 6 de la série Jack of Fables. Pour les inconditionnels uniquement.
  • Tony Chu - Tome 4 (John Layman) : là encore, la déception est d'autant plus grande que l'attente était forte suite aux trois premiers tomes vraiment très bons et surprenants. De petites histoires juste sympathiques qui ne font guère avancer l'intrigue principale.
  • Alter Ego Ultimatum (Renders) : un septième tome qui conclut proprement la saison 1 mais qui aurait été plus pertinent (plus apprécié du moins) s'il avait été publié dans la foulée des 6 précédents.  Pourquoi attendre un an pour ce dernier opus alors que les autres sont sortis avec deux mois d'écart ?
  • Largo Winch tome 18 (J. Van Hamme) : une grande catastrophe. Autant regarder un épisode de Mimi Mathy sur TF1 plutôt que d'acheter ce mélo insipide à la narration répétitive. Seul avantage, il n'y a pas de spots publicitaires.
Parmi les pièces plus copieuses, on peut lire : 
  • Alix sénator (V. Mangin) : très beaux dessins et scénario sérieux. Le tout est classique et manque cependant d'un peu de peps'.
  • Highlands (Philippe Aymond) : du classique très bien fait et rythmé. Un agréable moment de lecture parfois légèrement perturbé par des dialogues scolaires.
  • Billy Bat tome 4 (Naoki Urasawa) : Curieux et complexe manga qui mêle éléments historiques, dimension fantastique, références à Mickey Mouse, .... Rien à dire sur le fond comme sur la forme ... sauf qu'on a du mal à se passionner pour cette histoire complexe. L'expérience un peu décevante de Monster pousse en effet à être circonspect.
  • Niourk (Olivier Vatine) : après s'être purgé avec Cixi de Troy, Vatine renoue avec un récit de qualité. Un première partie de diptyque qui donne envie de lire la suite et même de suivre cette nouvelle collection dédiée à Stefan Wul.
  • Toxic tome 2 (Charles Burns) : à défaut de comprendre quoi que se soit, on se laisse entraîner dans des univers aussi dérangeants les uns que les autres. Plus captivant que la première partie.

Le meilleur pour la fin, le sixième tome de Scalped (Jason Aaron et RM Guéra), un polar de plus en plus noir et violent mais qui reste d'une solidité et d'une intensité rare. Impressionnant.








Sylvain