30 janv. 2011

Angoulême 2011 - Grand prix, meilleur album, les autres fauves et ... une médaille

Jean Van Hamme s'est vu remettre les Insignes de Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres par le Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand au cours de la dernière journée du festival. Il s'agit de la plus haute distinction culturelle française qui récompense "les personnes qui se sont distinguées par leur création dans le domaine artistique ou littéraire ou par la contribution qu'elles ont apportées au rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde" (Wikipédia). Van Hamme rejoint donc Michael Caine, Stevie Wonder, Stephen Frears, .... Belle reconnaissance pour ce grand scénariste et le monde de la BD en général.


Dans la foulée,  le palmarès de l'année a été annoncé : accessible tout en étant de très bonne tenue comme le laissait espérer la listes des nominations. 2011, un très bon cru. 


Fauve d'or : Cinq mille kilomètres par seconde
Les sentiments et la sensibilité ont surclassé l'inventivité graphique et la rigueur formelle : Cinq mille kilomètres par secondes de Manuele Fior (Atrabile) se voit décerner le prix du meilleur album devant le sérieux prétendant Astérios PolypUn joli choix.
Intrigue sentimentale, vies croisées et réflexion sur le déracinement, Cinq Mille Kilomètres Par Seconde est un récit rempli de finesse et de sensibilité servi par de superbes aquarelles. A lire sans hésiter.
Pour en savoir plus, Bodoï propose une belle interview de cet globe-dessinateur italien qui a posé ses valises à Paris après avoir quitté l'Italie et travaillé en Norvège, en Allemagne et en Egypte. 




Asterios Polyp de David Mazzuccheli (Casterman) se voit décerner le prix spécial du jury. Prix de rattrapage donc pour cet album atypique mais néanmoins accessible qui a beaucoup fait parler de lui depuis sa sortie en septembre 2010. Le chouchou des critiques.

Au final plus marquant pour sa réalisation graphique que pour son scénario, Asterios Polyp est néanmoins une très belle BD dont chaque relecture fait découvrir de nouvelles facettes. A acheter sans hésiter.






Il était une fois en France (Glénat) coiffe au poteau Pluto et The Walking Dead. Une juste récompense au vu de l'excellence des quatre premiers tomes parus (deux sont encore à venir) qui racontent l'histoire vraie d'un juif à la fois collabo et résistant pendant l'occupation allemande. Un sujet délicat traité avec brio. Véritable polar gorgé de suspens et d'action, la série captive aussi par la richesse et l'ambivalence des personnages. 
Une reconnaissance officielle du talent de scénariste de Fabien Nury que d'aucun commencent à comparer à Jean Michel Charlier.






Prix Révélation : Trop n'est pas assez et La Parenthèse
Récit autobiographique coup de poing, Trop n'est pas assez de Ulli Lust (Editions Ca et La) a aussi reçu le prix Artemisia 2011 de la meilleure BD féminine. Preview disponible ici.
Autre auteure féminine et autre récit autobiographique, La parenthèse d'Elodie Durand (Delcourt) est co-lauréate du prix. Preview accessible .
Deux choix qui ne prêtent pas vraiment à discussion mais j'avoue avoir un petit pincement au coeur pour Les derniers jours d'Ellis Cutting de Thomas Vieille (Bayou) que j'ai vraiment bien aimé. 






Prix Regards sur le Monde : Gaza 1956, en marge de l'histoire 
Après France Info, le jury du 38ème festival d'Angoulême confirme le l'incontournabilité de la BD reportage de Joe Sacco (Futuropolis). Un pavé en noir et blanc que nous allons donc très prochainement lire.


Pour en savoir plus :
2 critiques : Télérama et Comptoir de la BD.
1 interview : BDthèque








Prix Intergénérations : Pluto
Série incontournable de l'année 2011, Pluto (Editions Kana) est un manga d'anticipation très réussi (6 tomes publiés sur un total de 8).
Naoki Urasawa revisite une histoire d'Osamu Tezuka datant des années 60. Au lieu de mettre en avant le personnage central original (Astro), l'intrigue tourne autour d'un robot policier torturé par sa conscience naissante. 


Fauve d'Angoulême mérité donc, bien que son intitulé (intergénérations ?) soit pour le moins vague.  






Grand Prix 2011 : Art Spiegelman
Art Spiegelman sera le président du prochain Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême. Référence incontournable de la BD pour avoir reçu le prix Pulizer en 1992 pour MAUS, Spiegelman est un auteur pointu dont l'oeuvre n'est par ailleurs ni très accessible et ni très fournie. Un choix qui paraît donc assez élitiste. Question : pourquoi lui donner le prix cette année ? Le jury semble avoir autant mis en avant ses talents d'auteur que son engagement d'éditeur aux Etats Unis où il anime le magazine RAW.
Coup de chapeau à Baru qui a apporté une grande énergie et beaucoup de convictions à cette 38ème édition.




Le prix du Public a été décerné à Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh et le Prix Jeunesse aux Chronokids 3 réalisé par Zep, Stan et VInce. Deux BD publiées par Glénat que nous allons certainement lire prochainement.
Pour finir, Bab El Mandeb de Micheluzzi (Mosquito) reçoit le prix du patrimoine, Les noceurs de Brecht Evens (Acte Sud) le prix de l'audace. Inconnus au bataillon.

Sylvain

29 janv. 2011

Angoulême 2011 - Aspirine - Prix de la Révélation Blog 2011

Le jury a délibéré et les résultats du concours de la Révélation Blog de l'année 2011 ont été annoncés hier lors d'une soirée masquée, thème de l'année.

Selon le site Imaginelf, la gagnante est Aspirine (Spongiculture). Le contenu du blog ne respire pas la joie de vivre mais se distingue assurément en terme de maturité des 2 autres nominés. J'ai un peu de mal avec le trait que je trouve difficilement lisible, une caractéristique qui sera peut-être aplanie lors du passage sur papier promis par les éditions Vraoum / Warum. On verra.

Spongiculture

Le deuxième lauréat est NR (La dissonance des corps). Un tout autre style non dénué de second degré. Il sera publié en ligne par le site Les autres gens.

La dissonance des corps

Une chose est certaine, ces résultats sont très éloignés de ma sélection de décembre. 

Sylvain

28 janv. 2011

Angoulême 2011 - Première revue de presse

L'ouverture du 38ème Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême a généré la rédaction de nombreux articles et dossiers. Sélection thématique.


Analyse du marché : la BD rentre dans le rang
Après des années de développement insolent, la BD suit désormais la tendance générale du marché du livre dont elle représente 12%. Les chiffres 2011 (Ipsos) révèlent une croissance en berne aussi bien en volume (39 millions d'unités vendues, - 6%) qu'en valeur (400 millions d'euros, - 2%). Il paraît évident que l'inflation continue du nombre de sorties ne permet pas d'enrayer cette tendance. Autre facteur explicatif possible, la hausse du prix unitaire (+14% en 5 ans). L'article Numérologie, édition 2010 (du9) dresse un bilan très approfondi des chiffres 2011. Incontournable.
Les Echos (27/01/11)


Dans ce contexte difficile, quelques exemples de succès sont mis en avant : BD populaires à gros tirage par les éditions Bamboo, Jungle et Ankama (Le Monde du 28/01/11) ou pari de la sélectivité de Futuropolis (Les echos du 27/01/11). 
L'ensemble des problèmes et travers du monde de la BD sont abordés de manière ludique dans le Journal de Spirou n°3798 (spécial Angoulême) incluant un supplément réalisé par les Editions Cornélius. Très sympa et réussi.  


Même si les plus gros succès se vendent moins largement qu'au début du millénaire, Le Figaro a dressé le palmares des auteurs les plus "bankables" qui vendent par centaines de milliers d'exemplaires. Christophe Arleston est premier sans contestation (1,5 millions ex.), suivent Jean Van Hamme et Uderzo (1 million ex.) puis ... Hergé (0,9 million ex.) !  

Pronostics autour Grand Prix 
L'attribution des Fauves déchaine bien moins de passions que les prix littéraires ou cinématographiques. Asterios Polyp ressort unanimement comme l'oeuvre marquante de l'année mais Le Monde insiste justement sur son côté segmentant : "... les inconditionnels, qui crient au chef-d'oeuvre ; les sceptiques qui ne voient dans ce roman graphique ... qu'un exercice de style sans âmes" (La nouvelle vague de la BD américaine - F. Potet). Sont aussi régulièrement cités dans la presse : Cinq mille kilomètres par seconde, Girls don't cry (une page dans Libération du 27/01/11), Pluto et Quai d'Orsay. 




Baru : un président très médiatique



"Pas de photos compromettantes,
j'ai une réputation à tenir", s'est esclaffé Baru (Sud Ouest)
Baru bénéficie d'une exposition médiatique assez importante. Son engagement, sa personnalité et son oeuvre en font un auteur de caractère, intéressant et drôle à écouter. D'où le titre d'une bonne interview de France Soir : Baru impose son style à Angoulême
Anecdote rigolote, Sud Ouest raconte qu'il s'est finalement fait coincé avec Laurent Wauquiez dont il est loin de partager les opinions politiques. Après lui avoir dédicacé L'autoroute du soleil il a déclaré au ministre fan de BD : "J'allais vous souhaiter bonne continuation. Mais, en fait, non... J'espère que vous ne continuerez pas trop longtemps, a lancé Baru, à la fin de l'entretien, devant un Laurent Wauquiez plutôt beau joueur".

 
BD numérique
Peu d'informations ou de commentaires jusqu'à présent. Il faudra attendre des communiqués de presse ou interviews pour lancer le sujet visiblement. Reste un dessin de Vuillemin ... pour le plaisir.



Le festival comme si on y était
Certains journaux proposent de suivre "en direct" les évènements du festival :
Sylvain

26 janv. 2011

Ultra Heaven - Manga sous influence

De Keiichi Koike
Série en 3 tomes - Noir et Blanc
Glénat - Collection Seinen

Ultra Heaven est une série singulière dans l’univers foisonnant des mangas et constitue une claque monumentale.


L’histoire est simple : elle décrit la quête existentielle de Kab, jeune homme paumé dans une société futuriste où l’usage de drogue est légal bien que sévèrement réglementé. Il veut s'offrir des trips ultimes afin d’appréhender les limites de son esprit même si c'est aux dépens de sa résistance physiologique. L’apparition d’une nouvelle drogue prohibée, l’« Ultra Heaven » (un succédané perfectionné des vieux buvards lysergiques des années 60/70), lui parait être la solution pour approcher le « paradis » et à en ouvrir ses portes.

La narration semble elle aussi sous l'influence des drogues prises par le personnage. Altérée, elle  éclate en différents niveaux, les superposant, les imbriquant et les conduisant même dans des impasses dignes d’un « bad trip ». Le lecteur ne sait plus où il est et s’embarque dans les méandres des délires de Kab sans avoir été préalablement prévenu qu’il avait allègrement franchi les portes de la raison.


Graphiquement, la  série alterne des instants d’une grande sobriété graphique (ceux de prise de drogue et attente de la montée par exemple) et des visions grandioses d’un lyrisme psychédélique à couper le souffle.

Le troisième tome me parait un peu moins réussi. Il s'inscrit plus dans la lignée des mangas d’aventure traditionnels et retrouve d'ailleurs une narration plus/trop linéaire.
Malgré cela, Ultra Heaven reste une série hallucinante et hallucinée.

Cher lecteur, have a first class trip ….
Jorge

25 janv. 2011

iTunes se met aux couleurs d'Angoulême 2011


A l'occasion du 38ème FIBD d'Angoulême, iTunes propose "une collection de programmes liés à l'univers de la bande dessinée". Un catalogue thématique bien structuré qui  permet de passer en revue l'ensemble de l'offre numérique disponible sur la plateforme d'Apple :
  • Application du festival (des prévisualisations ont été ajoutées, cf. billet précédent
  • Documentaires autour de la BD (Art Spiegelman, Sfar, Le siècle de Tintin, ...)
  • BD adaptées à la télé (Corto Maltese, Tintin, Bob Morane, Yakari, Largo Winch, ...)
  • BD adaptées au cinéma (Watchmen, Le petit Nicolas, Astérix, V pour Vendetta, ...)
  • Comics (films et séries)
  • Mangas (anime)
  • Applications pour iPad (BD numériques gratuites et payantes)
  • Applications pour iPhone (BD numériques gratuites et payantes).


    Un tour d'horizon sympathique qui m'a déjà permis de découvrir quelques applications et notamment BLUDZEE de Trondheim.

    Sylvain

    23 janv. 2011

    Prescripteurs de Bande Dessinée - Recensement et classification

    Suite de la chronique du 19 décembre 2010, qui lançait notre réflexion sur les prescripteurs  de lecture BD. Alors que le sondage de Livre Hedbo identifie clairement les principaux médias d'influence en littérature (télévision puis presse et enfin radio), aucune information concernant la BD ne semble disponible. D'où l'idée de creuser la question auprès de nos websiteurs et de secouer la toile de manière un peu plus approfondie.

    Questionnaire Bédérama : Qui sont vos prescripteurs de BD ?

    n = 35 répondants
    La question à été posée à tous les visiteurs du blog pendant 25 jours. Le taux de participation est peu élevé (35 personnes). Un grand merci aux répondants qui comptent pour moitié parmi nos proches, soit un panel d'amateurs éclairés. De facto, on ne peut que considérer la représentativité du résultat comme faible et estimer que les réponses "Amis" et "Blogs" sont sur-représentées. Ces précautions étant prises, il se dégage néanmoins quelques points intéressants :
    • Chaque répondant a en moyenne 3 prescripteurs.
    • Les prescripteurs potentiels ont été bien identifiés (une seule réponse pour "autres")
    • Le bouche à oreille ressort comme l'élément le plus déterminant pour le choix d'une BD. L'opinion des "amis" se positionne loin devant les autres réponses.
    • Les "auteurs" et les "libraires" complètent la Sainte Trinité de l'amateur égaré. 
    • "Blogs / forums", "presse", "prix des festivals" sont des influenceurs de troisième niveau.  En ajoutant les sites spécialisés aux blogs, internet ressort comme le premier média. Néanmoins, la presse est le média traditionnel le plus en phase avec la BD, une proximité qui sera détaillée plus loin.
    • Les "sites spécialisés BD" apparaissent aussi peu influent que la radio. Les internautes semblent donc préférer trouver des avis sur des blogs personnels plutôt que sur des sites institutionnels.
    • "Editeurs", "bibliothèques" et "télévision" ne sont pas considérés par notre panel comme influençant le choix de BD.



    Conseiller de bonnes BD, un bon moyen de se faire des amis ?


    Selon notre questionnaire, l'amitié est la meilleure garante d'une lecture plaisante. Peut-on pour autant aller jusqu'à écrire que la qualité d'une amitié se mesure à l'aune des conseils de lecture prodigués ? Le débat est ouvert.
    Mais il en est assurément des BD comme des films et des livres : partager et échanger ses coups de coeur ou ses déceptions sont de grands moments de plaisirs. Certains accros vont même jusqu'à tenir des blogs ...


    Signal d'amitié ultime : se faire prêter une BD. Geste très rare chez les collectionneurs maniaques à tel point que lorsque Luc m'a prêté, sourire crispé aux lèvres, ses versions originales de Corben, j'ai su qu'entre nous c'était désormais pour la vie.
    Dans ce contexte, la  BD numérique présente de nombreux avantages : elle ne  s'abime pas au fond d'un sac, elle peut se récupérer facilement, .... Mais cette convivialité potentielle est légalement impossible car aucune plateforme commerciale (Ave!comics, IZNEO, ...) n'autorise le prêt de fichiers achetés. Un moindre degré de liberté par rapport au papier qui sera je l'espère proposé prochainement ( comme Amazon le fait déjà visiblement). 



    La prescription de BD : un véritable travail de professionnel


    "Je l'ai pas acheté, j'aime pas Dufaux." ou "Et le dernier Chauzy, il est comment ?" sont des phrases types qui reviennent régulièrement dans nos discussions. Elles illustrent l'influence directe des auteurs dans nos choix de lecture.  Logique : on achète plus volontiers une nouveauté réalisée par "une valeur sûre", question de confiance, de fidélité et d'habitude. Prescripteur de son propre travail, un auteur peut aussi permettre d'élargir notre expérience de lecture en recommandant des BD l'ont marquées ou influencées (interviews, préfaces, parrainage, ...).


    Autre incontournable, le libraire qui apparaît comme un phare dans la nuit face à la déferlante continue de parutions. Total respect pour ces  femmes et ces hommes qui doivent aussi bien jongler avec les cartons qu'avec leurs clients. Une source essentielle pour découvrir de nouveaux auteurs. 


    Les éditeurs ne sont pas perçus comme prescripteurs directs. Personnellement, je pense qu'ils le sont de fait ou au moins  de manière masquée.
    Tout comme avec les auteurs, certaines maisons d'édition "typées" disposent assurément d'un lectorat fidèle (Cornélius, Ego comme X, L'Association en son temps, ...) qui suit les choix éditoriaux des dirigeants. 
    Avec Laurent, nous avons ainsi exploré la production des Editions 12 Bis après avoir fortement accroché au prometteur Un long destin de sang. Une exploration "éditeur oriented" qui nous a permis de découvrir les chouettes Robin des bois et L'or et le sang mais qui a trouvée ses limites.


    Les prix décernés lors des festivals ou par d'autres acteurs (association Artemisia, dBD, ...) se multiplient et ressortent de notre sondage comme des repères crédibles. Un petit contre-poids au ressenti de certains auteurs qui perçoivent les festivals comme une contrainte inutile et commercialement inefficace (cf. article ActuaBD).

    Les médias prescripteurs de BD : recensement  

    La presse accueille de plus en plus la BD pour une "win-win association"
    Le rapport 2010 de l'ACBD - Une année de bandes dessinées sur le territoire francophone européen (Gilles Ratier) - accorde une place importante  à la presse et aux prépublications de BD. Un passage en revue qui illustre bien le développement de la collaboration entre les deux médias. 
    Tirage spécial Le Figaro 
    vendu avec le journal
    En plus des ventes d'albums couplées (cf. ci-contre), 10% des nouveautés BD sont publiées en avant-première dans la presse. A côté de cette diffusion d'oeuvres le plus souvent grand public (IRS, Blake et Mortimer, Largo Winch, ...), 68 périodiques BD sont publiés  (Super Picsou Géant 238 000 ex., Spirou 100 000 ex., Fluide Glacial 120 000 ex., Lanfeust Mag 30 000 ex.) auxquels il faut ajouter les magazines BD sous licences (Scooby-Doo, Littlest Petshop, ... de 35 000 à 100 000 ex. tout de même) et les 36 fascicules de comics américains (entre 15 000 et 30 000 exemplaires le titre).

    Jusqu'alors réservée à la presse jeunesse (Bayard Presse, ...), la BD pédagogique ou d'investigation se voit ouvrir les pages de titres généralistes. Certainement la reconnaissance de l'excellent travail d'auteurs tels qu'Emmanuel Guibert (Le photographe, La guerre d'Alan). Le passionnant trimestriel XXI propose ainsi de très bonnes BD reportage. A titre d'exemple, il est possible de lire en ligne La cordée du mont rose sur Coconino world.


    En terme de critiques et recommandations BD, la presse généraliste glisse (ir)régulièrement des articles dans les rubriques culturelles. Quelques exemples parmi les plus actifs :

    La presse spécialisée ne compte que trois revues qui commentent l'activité du 9ème Art (ComixBox, CaseMate et dBD). dBD est un magazine de qualité qui propose aussi bien de l'actualité que des dossiers et des critiques. Dans le dernier numéro (#49), les interviews des 10 auteurs incontournables de 2010 sont particulièrement intéressantes. Les recommandations de BD sont souvent pertinentes mais le rythme de parution bimestriel empêche de réellement coller à l'actualité. D'où, certainement, la création par la même équipe du nouveau mensuel papier L'Immanquable, qui propose les 10-15 premières pages d'albums recommandés par la rédaction (tous les genres et tous les éditeurs). Une initiative intéressante mais qui me paraît un peu surprenante alors que les prévisualisations d'albums se généralisent sur internet. 
      


    Les radios ne coincent pas la bulle
    Moins influente que les autres médias, la radio compte néanmoins plusieurs rendez-vous BD récurrents, notamment sur les ondes de Radio France. Un point souligné par le Comptoir de la BD dans le billet du 19 août 2010.

    Ainsi, Jean-Christophe Ogier (France Info) anime une chronique dominicale agréable et diversifiée retransmise à 5h51, 7h51, 12h42, 14h49 et 21h51 (durée 2 minutes 30). Aussi disponible en podcast.  Actualité du moment, le 17eme Prix France Info de la Bande Dessinée d'Actualité et de Reportage vient d'être décerné au grand Gaza 1956, en marge de l'Histoire (Futuropolis).

    Plus ou moins tous les samedis matin (d'après les podcasts) et sur OÜI FM (102,3 FM), un certain Joe fait un point sur l'actualité de la BD. Les chroniques sont impactantes, spontanées et couvrent des domaines très variés (durée 3-4 minutes). Claire et  intéressante, même à propos de BD pointues comme Toxic. Mérite tout à fait une oreille attentive.


    François Angelier anime tous les samedis Mauvais genres (21h-22h) : "À l'heure où la culture de genres (Polar, Mangas et Comics, Érotisme, Science-fiction et Fantastique) se fait omniprésente, l'équipe de Mauvais Genres la passe chaque semaine au crible". Toujours sur France Culture, la quotidienne A plus d'un titre (16h-17h) donne du champ à la BD tous les vendredis en la personne de Tewfif Hakem. Deux émissions podcastables.

    D'autres émissions de radio abordant la BD sont aussi disponibles sur internet. ActuaBD a recensé ces émissions, comme celle de La Bulle Blindée.



    La télévision s'intéresse peu à la BD mais développe une offre VOD
    Un monde de bulles diffusée sur Public Sénat est le seul rendez-vous récurent de la BD sur le petit écran (plat). Une émission sympathique et éclairante qui va fêter sa 250ème avec goût : une spéciale Fabien Nury (le 04/02/11 à 23:00 puis rediffusion tout le week-end - aussi disponible en VOD sur le site de la chaîne). L'énergique animateur Jean-Philippe Lefèvre peut crisper mais il a le mérite de dynamiser les 29 minutes hebdomadaires et d'assurer une couverture large du 9ème Art.

    Culturebox BD - France3.fr
    Autrement, aucune émission ne semble donner un espace régulier à la BD. A ma connaissance, La grande librairie ( prescripteur n°1 de bouquins en France) n'est pas très portée sur la chose. France Télévision semble accorder néanmoins de la place aux mondes de la BD mais plus sur leurs sites internet qu'à l'antenne. Ainsi, la page BD sur France2.fr et, surprise de cette recherche sur la toile, Culturebox, le premier guide culturel en vidéo, sont des rubriques BD interpellantes. La télévision à la demande (VOD) commencerait-elle à prendre forme ?




    Internet : premier média d'influence pour la BD ?
    Les résultats de notre questionnaire tendent à montrer qu'internet est, en cumulé, le média le plus influent pour la BD. Il est vrai que la toile fourmille de ressources et de matériel : contenus créatifs(15 000 blogBD estimés, plateformes commerciales, ressources pédagogiques, critiques, actualités, interviews, bases de données, .... 
    En terme de prescription, le rapport de l'ACBD dénombre "32 sites généralistes actifs consacrés au 9ème art" dont les rédactions sont "pour la plupart composées de bénévoles passionnés". Feu le site Bande Dessinée Info proposait un classement des sites généralistes BD par audience. Obtenu par une méthodologie très discutable, le ranking proposé en décembre 2010 donne néanmoins  quelques indications intéressantes :
    La grande majorité de ces sites sont peu conviviaux. Réalisés par des passionnés pour des passionnés, ils manquent de lisibilité et de fluidité. Un abord difficile et parfois rebutant qui explique peut-être leur faible influence estimée au profit des blogs. Le nombre de blogs abordant la BD est assurément élevé mais aucun chiffre fiable ne semble disponible. Rédigés par des amateurs qui essayent de combler les vides laissés par les autres médias et de partager leur hobby, les blogs permettent souvent d'obtenir des avis intéressants, spontanés et parfois atypiques. La difficulté pour l'internaute est de trouver blog à son pied.
    Certains sites d'information abordent la BD par le biais de blogs "institutionnels". Une approche retenue par exemple par Le Monde (Sebastien Naeco - Le comptoir de la BD) et par Slate (la virtuelle Laureline Karaboudjan - Des bulles carrées).


    Et le cinéma dans tout cela ?
    Que ce soit le comics américain ou la BD franco-belge, le mercato 2011 entre le 7ème et le 9ème arts s'avère très actif. Un sujet qui fera l'objet d'une prochaine rubrique.


    Sylvain