27 oct. 2010

Coconino World - 35 000 de pages de BD et d'images

L'association Coconino and Co a été créée en 1998 par des dessinateurs et des scénaristes de BD. Basée à Angoulême, elle a pour double but :
  • Publier des bandes dessinées contemporaines, carnets, illustrations, recherches et tout ce qui relève de l'expérimentation hybride en matière de narration graphique, sans limite de genre, de style, de ton ou de format
  • Explorer et redécouvrir les origines de la bande dessinée des publication historiques qui touchent tous les continents, tous les genres d'oeuvres graphiques sur une période allant de 1700 à 1940.



    Le site est actuellement proposé en 2 parties qui seront apparemment fusionnées courant 2011. Mais n'attendez pas pour plonger dans ce dédale graphique baroque et fourmillant. Quelques liens et raccourcis parmi tant d'autres :
    • Entrée du premier site, c'est ici
    • Entrée du deuxième site c'est plutôt
    • Emouvante Cordée du mont rose parue dans la revue XXI cet été
    • Explorez la Coconino Expo, sans oublier de prendre le train et de visiter l'Exporama
    • Régalez vous de Winsor McCay, un classique parmi les classics
    Une très chouette ballade à ne pas manquer.

    Sylvain

    26 oct. 2010

    BD numérique - Retour d'expérience sur IZNEO

    Plateforme de téléchargement de Dargaud and Co.
    Lecture sur iPad 

    Pas mal mais fera mieux j'espère.



    Après trois mois d'utilisation mon avis est plutôt positif.
    Le système de location à 1,99€ m'a incité à finir la série Louve (correct) et à tester des séries que je n'aurais jamais acheté (Jason Brice (pas ma tasse de chocolat), Sisco tome 1 (bon petit polar), Halloween Blues (divertissant), Agence Hardy (un peu déçu), I.R.S. All Watcher (une bouillie indigeste) et H.M.S. (bien)). 
    Un gros avantage : pouvoir lire de la bande dessinée à l'extérieur (train, salle d'attente, ...) sans problème ni s'encombrer.
    La navigation sur le site est agréable, le système de paiement a été optimisé et pouvoir garder l'historique de ses lectures dans la bibliothèque est très agréable.
    Pour information, durant ces même trois mois, je me suis acheté des BD papier au même rythme qu'avant l'iPad. Les plus marquantes se sont faites chroniquées. 



    Par contre, quelques améliorations/clarifications seraient les bienvenues :
    • Catalogue plus étoffé : le compteur est à 1491 titres mais le rythme d'ajout me semble ralentir
    • Catalogue plus cohérent : toutes les séries ne sont pas complètes (H.M.S, seul le premier tome est disponible ; Halloween Blues, le dernier tome de la série n'est pas proposé !) 
    • Politique tarifaire clarifiée : la location n'est pas systématiquement proposée (Tome 2 de Sisco par exemple) et varie entre 1,99€ ou 3,99€. Le prix d'achat est variable : 4,99€, 5,99€ ou 6,99€. J'admet le principe d'une évolution du prix en fonction du temps mais une politique claire serait bienvenue.


      Dernier tome de la série.
      Manquant sur IZNEO
      L'offre actuelle, qui propose encore trop peu de nouveautés hormis les gros tirages, ne permet d'envisager la BD numérique que comme un complément plutôt qu'une réelle alternative au papier. Bref, pas de quoi remplir une liseuse numérique. 
      Je n'ai donc pas été très surpris de lire sur le site Marre de la télé - BD numérisée : vers un piratage de masse que les pirates trouvait l'offre légale insuffisante, ce qui est encore plus vrai pour les mangas et comics en français. Plus étonnant par contre, le commentaire de l'un d'eux "IZNEO est une véritable passoire", ce qui faciliterait le piratage. Ballot, isn't it ?
      L'auteur du blog propose de mettre en place une formule d'abonnement : "A quoi bon pirater au détail si l'on peut accéder à tout moyennant un abonnement modéré ? Les bourses modestes profiteront de cette opportunité de découvrir tout ce que peut offrir la bande dessinée. Les plus fortunés continueront de collectionner des albums avec d'autant plus de passion qu'il les auront choisi avec soin grâce à l'outil numérique." (Julien Falgas) Pourquoi pas après tout ?

      Une autre évolution possible et intéressante serait, comme le propose désormais la FNAC et AMAZON pour les livres numériques, de rendre possible les prêts. La perspective de pouvoir partager mes lectures avec des amis désormais géographiquement éloignés  pourrait me pousser à acheter des albums numérisés.


      Sylvain

      25 oct. 2010

      Tintin et la philosophie

      Philosophie Magazine - Hors-série spécial Tintin
      100 pages - Reliure cartonnée
      Prix : 8€90
      Vient d'être réédité

      Etre ou ne pas être tintinophile, là n'est pas la question.

      La lecture des Aventures de Tintin et Milou m'a souvent barbé mais les ouvrages sur l'oeuvre d'Hergé m'ont toujours passionnés. Cet hors série de Philosophie magazine est une illustration supplémentaire de ce paradoxe.

      La maquette de l'ouvrage est moderne, dynamique, plaisante. L'iconographie est constituée de documents très bien faits, notamment une frise du temps "Hergé dans son époque" qui met en perspective les parutions des albums avec la vie de l'auteur ainsi que les évènements marquants de la période (historiques et intellectuels).
        


      Bien entendu, le contenu est riche et les thèmes abordés très variés (de la morale, de la politique, de l'homme, de la raison, de rire et de l'art) dans une atmosphère ludique et décontractée. Ainsi, chaque intervenant est présenté par un passeport Tintin établissant une sympathique connivence avec le lecteur :
      • 1er contact : "Grâce à des parents d'amis plus libéraux que les miens"
      • Personnage favori : "L'aîné des Dupondt"
      • Phrase culte : "Absolument exclu! Car il y a deux traces et nous sommes seuls!", "Coloquinte", "Athlète complet"
      Tintinosophe plutôt que tintinophile, cette compilation d'articles propose un regard distancié d'Hergé et de son oeuvre dont la place au panthéon des grands auteurs du XXème siècle est relativisée. A ce titre, je retiens une intervention d'Hergé lui-même lors d'une conférence de Michel Serres : "J'ai une critique à faire au conférencier : ce n'est pas vrai, je ne suis pas aussi intelligent que cela!".


      Parmi les articles, j'ai particulièrement apprécié celui de Gaëlle Jeanmart, "Le courage selon Tintin". Outre l'intérêt sur les différentes formes possibles de courage, il donne un éclairage sur le côté suranné du héros : Aujourd'hui, si Tintin est tout à fait dépassé par un aspect, c'est justement par son côté non machiavélien.De nos jours, on assume beaucoup mieux l'idée que nos héros puissent enter en mal ... A côté de [Homer Simpson], Tintin a incontestablement un côté vieux jeu."
      Sur ce sujet, j'avoue attendre avec curiosité le film en cours de réalisation par Stephen Spielberg et Peter Jackson (trilogie autour du Trésor de Rackham le rouge apparemment). Tintin réussira-t-il à entrer dans le XXIème siècle sans pour autant perdre ses valeurs fondatrices ?

      Intéressants aussi l'article de Pascal Bruckner (Séraphin Lampion comme "prototype de la petite bourgeoisie montante des Trentre Glorieuses" et Abdallah comme "anticipation de l'infantilisme postsoixante-huitard"), l'interview de Philippe Descola, et plus généralement les discussions autour du rapport d'Hergé avec son époque (colonialisme, fascisme, science, ...).

      "La réécriture de 1946 a brouillé les pistes : en affaiblissant l'ancrage contextuel et historique, la mise en couleur et le lissage de l'histoire ont fait ressurgir un discours irréductiblement colonialiste et paternaliste" - Benoît Peeters

      L'oeuvre d'Hergé s'avère donc être un bon prétexte pour s'instruire et réfléchir agréablement. Le rédacteur en chef, Sven Ortoli, va jusqu'à écrire que "s’il existe une manière faussement paresseuse et vraiment joyeuse de faire de la philosophie, c’est bien en lisant Tintin !". Certes, mais autant se faire accompagner. Aussi, n'hésitez pas à vous procurer cet hors-série.

      Sylvain

      24 oct. 2010

      (A Suivre) ... tous les 6 mois ?!

      Selon ActuaBD, les Editions Casterman relancerait en janvier 2011 le magazine (A Suivre) mais sur une base semestrielle et non plus mensuelle.
      (A Suivre) tous les 6 mois ... il doit y avoir une erreur dans l'énoncé. Ou alors, le concept change du tout au tout.

      Je suis donc assez curieux de voir ce que cela donnera et si ce projet dépassera le simple coup éditorial.
      Pour avoir été abonné dans les années 90, j'avoue que je replongerai volontier. Ce pourrait être unbon moyen de découvrir de nouveaux auteurs et d'expérimenter de nouveaux territoires artistiques.
      Et pourquoi pas via une version numérique ?

      A suivre ... 

      Sylvain

      21 oct. 2010

      Le MOTif, un site de référence sur le livre et la BD numérique

      "Le MOTif, observatoire du livre et de l’écrit en Ile-de-France, est un organisme associé de la Région Ile-de-France mis en place pour renforcer le lien entre les professions du livre et proposer des politiques publiques pertinentes, adaptées aux évolutions en cours".


      Contrairement à ce que j'ai pu écrire précédemment, des informations concernant la structure de coût des livres numériques en France sont disponibles. Le solide site Le MOTif a en effet réalisé une étude sur le sujet en intégrant même la bande dessinée (page 25 du rapport d'Hervé Bienvault). 


      Se basant sur les prix moyens actuellement pratiqués, différentes simulations réunies sous forme de tableaux ont été proposées (voir ci-après). 

      Extrait du rapport Combien coûte un livre numérique ? d'Hervé Bienvault et Le Motif (avril 2010)

      A noter que ces estimations portent uniquement sur les "coûts réels" suivant un scénario dans lequel les autres postes (coûts de création, frais de structure, ...) sont supportés par la version papier. Je suppose qu'une telle approche fait grincer quelques canines dans un contexte où les éditeurs craignent justement que le numérique ne viennent déstabiliser le marché papier.


      Toujours est-il que le coût de la production de BD numérique ressort bas, surtout pour la nouveauté. Selon l'auteur, "pour la bande dessinée, le support numérique semble adapté pour un passage rapide et à moindre coût. Pas de texte à relire, des processus de production qui peuvent être automatisés de manière très importante pour la récupération des images y compris case à case pour des nouvelles propositions de lecture". 
      Une opportunité technique qui explique certainement le développement rapide des plateformes légales de téléchargement IZNEO et AVE!COMICS par les éditeurs. Un moyen attendu comme efficace pour lutter contre le téléchargement illégal.

      Le même MOTif vient de publier en ligne un nouveau document riche en informations : le "portrait des cyber-pirates du livre". Une autre belle étude qui fera eut-être l'objet d'une prochaine chronique sur Bédérama.

      Sylvain

      20 oct. 2010

      Fais péter les basses, Bruno!

      Baru
      Histoire complète en un tome
      Futuropolis - 120 pages


      Un très réjouissant polar 


      Un chef de bande de banlieue s'associe avec une bande de tontons flingueurs de province en préretraite pour braquer un fourgon blindé. L'appât du gain, le choc des générations et des cultures ainsi que l'intrusion d'un sans-papier footballeur vont dérégler une affaire pourtant rudement bien montée. 




      Ca cafouille à plein tube, ça défouiraille à tout va, ça rigole à s'en péter la sous-ventrière et surtout, ça vit à cent à l'heure dans ce polar gorgé d'énergie que l'on lit d'une traite. 
      Sans fausse note, Baru nous promène de l'Afrique à la France à travers les petites et grandes misères du monde.


      Il y a du Lautner et du Westlake dans Fais péter les basses, Bruno!. Filiation élogieuse et  largement méritée. Dans une interview sur le site Futuropolis, Baru assume ces influences et déclare même que "l'album rend hommage au cinéma de Georges Lautner, un hommage discret, mais j'ai ajouté à cette référence des problématiques contemporaines".  




      Le trait, si particulier, est nerveux et ultra expressif. Associé à des découpages efficaces, il  entre en pleine synergie avec l'histoire pour en maximaliser le dynamisme. Un grand plaisir de lecture, similaire à celui que j'avais eu en lisant deux de ses oeuvres précédentes : Sur la route encore et L'autoroute du soleil (à lire aussi si vous ne les connaissez pas encore). L'enragé et Les années Spoutnik sont aussi très bons mais m'ont moins faits vibrer. L'ensemble de l'oeuvre de Baru est de très  grande qualité, raison pour laquelle il a reçu le Grand Prix au dernier festival d'Angoulême dont il sera le président en janvier 2011.




      Ne regardez pas, même machinalement, la dernière page : vous vous priveriez d'une belle chute. Comme le disait Hitchcock "Ne racontez pas la fin, nous n'en avons pas d'autres." 


      Sylvain


      Pour un complément d'information, vous pouvez par exemple consulter l'article du journal Le Monde.

      ROBIN DES BOIS

      Boisserie et Héloret
      Série en cours - 2 tomes parus
      Editions 12bis  


      De la belle aventure, intelligente et légère


      Selon Wikipédia, "Robin des Bois est un héros archétypal anglais" dont l'histoire n'a cessé d'évoluer depuis sa première mention écrite au XIIIème siècle. 
      " Du Moyen Âge à nos jours, chansons et ballades, pièces de théâtre et comédies musicales, films et séries de télévision ont façonné un mythe en résonance avec leur époque, soumis au passage à de nombreuses manipulations idéologiques, comme le montrent par exemple le personnage de Marianne, qui joue tantôt le rôle d'une guerrière, tantôt celui d'une jeune fille passive, ou celui de Robin des Bois lui-même, présenté tantôt comme un vulgaire bandit, tantôt comme un résistant qui combat pour une juste cause".


      Une juste ou noble cause .... Pour Inigo Montoya, c'est nourrir une femme malade et dix enfants. Pour Westley, c'est le grand amour. Pour Miracle Max, c'est casser la gueule de ce salaud de prince Humperdinck. Pour ce Robin, il s'agit de combattre les Normands qui contrôlent et rançonnent le peuple Saxon.


      Sans complexe apparent, Héloret et Boisserie s'emparent du mythe du héros cagoulé et en propose une évolution originale qui ne manque ni de fraîcheur ni de peps. 
      Les principaux protagonistes (Robin, Petit-Jean, Marianne, ...) sont pris au saut du couffin et les voir dès l'enfance se heurter à la vie donne une vraie consistance à l'intrigue. Loin d'être un simple artifice scénaristique, cette approche permet un développement naturel et cohérent de l'histoire. A l'envie, la jalousie et l'ambition viennent s'ajouter des motivations personnelles fortes (racisme, drames de l'enfance, histoires de famille, inimitiés de gamin, ...) qui permettent une évolution rythmée et pleine d'humanité du récit.


      Ainsi, les fameux brigands de Sherwood se retrouvent être une bande d'adolescents aussi doués et intrépides qu'inexpérimentés et naïfs. Un peu débordés par leur trop plein d'énergie et de colère, ils ne savent pas toujours ce qu'ils font et ne le font d'ailleurs pas forcément bien.




      La série Robin est une belle réussite des Editions 12bis
      Les dessins sont agréables même si certaines cases m'ont parues moins réussies que d'autres (celles exprimant des émotions surtout). Un humour un peu potache surprend aussi parfois mais il peut se justifier par la nécessaire mise en cohérence avec la jeunesse des  principaux protagonistes. 
      Une lecture très plaisante. Idéale pour se délasser et se décontracter. "Une vraie BD, quoi !" diraient certaines de mes connaissances.


      Sylvain

      19 oct. 2010

      Exposition MOEBIUS à la Fondation CARTIER

      "Du 12 octobre 2010 au 13 mars 2011, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente MŒBIUS-TRANSE-FORME, la première grande exposition parisienne consacrée à l’œuvre de Jean Giraud, connu sous les pseudonymes de Gir et Mœbius".
      Ainsi débute la présentation de l'exposition sur le site de la Fondation Cartier. J'en déduit que l'exposition Miyazaki/Moebius à la Monnaie de Paris de 2004 était petite. Personnellement je l'avais surtout trouvée intéressante.

      Quoiqu'il en soit, cette nouvelle exposition rassemble, sous le thème de la métamorphose, 400 oeuvres (planches originales, dessins, aérographes, digigraphies, carnets de croquis, tableaux). Un voyage artistique à travers les mondes de Moebius apparemment passionnant.


      Cela étant, je trouve Le Monde et Le Figaro assez neutres sur l'exposition en elle-même bien qu'ils rendent un hommage unanime au "Picasso du 9ème Art". Impression confirmée par L'Express qui regrette que la scénographie ne soit pas à la hauteur de l'oeuvre mais qui conseille vivement d'assister à la projection d'un court métrage en 3D "époustouflant".




      Les sites spécialisés de BD ont l'air d'apprécier. ActuaBD a d'ailleurs rédigé un article très conséquent à ce sujet.


      Dessins (c) Mœbius, Texte (c) Fondation Cartier


      Mais au final, il suffit de regarder les quelques reproductions numériques disponibles sur internet pour se convaincre que, même si elles étaient punaisées sur les murs craquelés d'un hangar frigorifique, on irait voir ces originaux de Moebius. 


      Sylvain

      18 oct. 2010

      Asterios Polyp

      David Mazzucchelli (Casterman)
      344 pages - couleur - 29,95€


      2010 Eisner Award best new graphic album, best writer/artist. 


      Un moment de grâce

      Résumé de l'éditeur
      Fils d’immigrant, Asterios Polyp est l’archétype du brillant universitaire américain de la côte est. Un intellectuel plein de charme et d’assurance, tour à tour cynique, séducteur ou arrogant. Mais le personnage social sophistiqué qu’Astérios s’est composé avec soin va voler en éclats par une nuit d’orage, alors qu’il vient d’avoir cinquante ans. Jeté à la rue par l’incendie accidentel de son appartement, Asterios bouleversé part au hasard d’un bus Greyhound, comme s’il larguait soudain les amarres de toute une vie…Une parenthèse ? Un nouveau départ ? Ou le début d’un sévère examen de conscience, ponctué du souvenir de ses amours et de ses échecs ?



      Asterios Polyp est un roman graphique au sens plein du terme. L'histoire pourrait faire l'objet d'un roman traditionnel (qui rappellerait alors John Irving) mais la rédaction graphique apporte une dimension complémentaire et supplémentaire au récit, permettant de former un tout unique et cohérent. 
      Pour en savoir plus, le mieux est de lire la très bonne critique des Inrocks. Une analyse claire, intéressante et percutante. 



      David Mazzucchelli n'est pas le premier venu en matière d'art séquentiel puisqu'il a contribué, entre autre, à de très bons épisodes de Batman (le chouette Year One qui vient d'être réédité), quelques Daredevil de bonne facture et une adaptation de La cité de verre de Paul Auster. Asteros Polyp est une oeuvre personnelle, innovante, qui témoigne d'une grande maturité artistique et d'une parfaite maitrise du média bande dessinée. Le point d'orgue de sa carrière (à ce jour).



      Les avis sur Asterios Polyp sont unanimes et dithyrambiques. Certains vont même jusqu'à parler de chef d'oeuvre. Peut-être est-il opportun de laisser décanter un peu les passions dues à l'effet de surprise avant d'employer le terme mais il est évident qu'une oeuvre de cette qualité n'est pas publiée tous les quatre matins. 

      L'avis le plus efficace (et drôle) que j'ai pu lire provient d'un commentaire fait par Yoyo sur le site Brain Magazine :" ... c'est de la drogue pour vos yeux les amis !".


      Véritablement à lire et à déguster, tranquillement.

      Sylvain

      L'iPad, l'incontournable de la BD numérique ?

      Selon l'article du Journal Du Dimanche du 17 octobre 2010, Premier match autour du livre numérique, la FNAC s'apprête à lancer sa tablette numérique, suivant de près France Loisir la semaine dernière. "Il se pourrait que Darty, qui a créé sa librairie en ligne avec Numilog, ou bien les centres Leclerc suivent le mouvement". Une ruée destinée à se positionner en mode vertical "sur un marché numérique que les plus optimistes en France estiment à 10% du marché du livre papier d'ici 5 ans" (soit plus de 400 millions d'euros selon les chiffres disponibles)
      Afin de limiter le prix d'achat (autour de 150-200 euros tout de même), il semble que les tablettes susmentionnées s'en tiendront à un écran relativement petit (6 pouces, l'iPad étant à 9 pouces) et monochrome (l'iPad étant en couleur). C'est en tout cas le cas de la tablette France Loisir (OYO).
      Livre numérique de France Loisir


      Des caractéristiques techniques peut-être optimales pour la lecture de textes mais qui me semblent très limitantes :

      • 200 euros pour lire des livres numériques, c'est cher : en moyenne, la différence de prix entre papier et numérique pour les nouveautés est uniquement d'un petit euro (comparatif effectué rapidement sur FNAC.com)*. "En terme de RSI**, c'est plutôt sévère !" comme l'a justement dit ma Claire. De fait, non comptant de payer l'écran numérique, le consommateur dispose d'une offre limitée et même plus dispendieuse car non ouverte sur les livres de poche.
      • Le noir et blanc hyperspécialise la tablette : pour lire des textes c'est certainement très bien mais pour les autres fonctionnalités (quand elles existent) comme surfer sur internet et même consulter ses mails ... ? Et je ne parle pas des applications, des films, ...
      • Pour lire des BD, c'est mort : le noir et blanc limite déjà les sources potentielles mais la taille de l'écran rend à mon avis l'expérience de lecture peu plaisante

      Bref, comme suggéré par François, à moins que ce type de tablette ne soit quasi-gratuite (avec un abonnement par exemple ou que le prix des livres numériques diminue fortement), je ne vois pas l'intérêt et j'irai même jusqu'à les déconseiller.
      D'autant que l'offre de tablettes multimédia/couleur ne devraient pas tarder à se multiplier :

      • Orange : un concurrent de l'iPad est attendu pour les fêtes (autour de 100 euros avec abonnement)
      • Apple : nouvel iPad ainsi qu'un modèle moins cher (écran réduit à 7 pouces) visiblement programmés pour début 2011
      • Mirasol and Co : des écrans couleur nouvelle génération (avec bonne lisibilité sous le soleil) devraient apparaître en 2011pour des lecteurs numériques
      • OLPC : un projet de tablette à moins de 100 euros est en développement dans le cadre du projet One Laptop Per Child
      Parmi ces nombreuses offres annoncées, je pense que seul l'iPad (ou éventuellement tout autre tablette de format similaire) est pleinement adapté à la lecture de BD. En effet, la taille de l'écran permet au support de s'adapter à tous les contenus dans une logique très "qui peux le plus, peux le moins". Sorte de lecteur universel donc.


      Présentation AVE!COMICS


      Sur des supports de plus petite taille, il faudra que le contenu soit conçu ou au moins s'adapte à l'écran afin de procurer une lecture agréable. Cela implique que la bande dessinée, dans son ensemble, passe de la simple numérisation au véritable numérique. A mon avis, ce n'est pas demain la veille malgré les appels de certains professionnels


      Sylvain


      * l'écart est un peu plus important (18%) selon l'étude de juillet 2010 du site Le Motif. 
      * *RSI = retour sur investissement (ROI en anglais)

      16 oct. 2010

      PLUTO

      De Naoki Urasawa (adaptation de l'oeuvre d'Osamu Tezuka
      En cours de publication (5 tomes parus en France sur 8)
      Noir et Blanc - Kana


      Prix ACBD du meilleur manga 2010
      Japan Expo Award du meilleur seinen 2010


      Du très bon


      Résumé de l'éditeur  :
      Dans le monde où les robots vivent aux côtés des humains et comme des humains, une série de crimes mystérieux s'enchaîne. Des robots et des chercheurs renommés sont assassinés dans des circonstances étranges liées à des phénomènes naturels – feu de forêt, tornade extrêmement locale… Toutes les victimes sont retrouvées avec un ornement formant des cornes sur leur tête. Gesicht, un inspecteur robot appartenant à Europol est chargé d’enquêter sur l’affaire. Il découvrira rapidement que toutes les victimes sont des vétérans du dernier conflit d’Asie centrale.

      Pluto, c'est Astro le petit robot revu à la sauce Blade Runner avec un zeste de I, Robot.  Un curieux plat "fusion" très réussi, riche et dense sans être trop copieux (juste 8 tomes, ce qui est correct pour un manga).

      Naoki Urasawa est auteur de seinen manga (manga pour adultes). Il est connu, notamment en France, pour ces précédents mangas :  Monster (très prenant mais malheureusement un peu trop dilué à mon goût, notamment autour des tomes 12-13) et 20th century boys (pas encore lu). 
      Pour Pluto, il a repris une trame de Tezuka et en a fait un thriller d'anticipation moderne. Pour se convaincre du travail effectué et de la modernisation de l'oeuvre originale très datée année 60, il suffit de jeter un oeil sur la différence graphique entre les 2 versions.


      Astro
      Naoki Urasawa / Osamu Tezuka

      Thriller autant axé sur l'action que sur la psychologie des personnages, Pluto se déroule dans un univers gentiment futuriste et aborde intelligemment  (me semble-t-il) les thèmes classiques du genre (rapport de l'homme vis à vis des machines qu'il a créé, développement d'une conscience chez les robots doués d'une intelligence artificielle, ...). Des références claires à Isaac Asimov et Philip K. Dick, n'est-il pas vrai ?

      Pour en savoir plus sur Naoki Urasawa qui réalise des oeuvres très éloignées des stéréotypes du manga pour jeune ado, un petit tour sur La base secrète ne fera que du bien.




      Le tome 5, qui vient de sortir, marque un peu le pas en terme d'action mais lève un voile intéressant sur l'inspecteur robot Gesicht. Une pause acceptable et bien faite dans un récit riche en personnages et jusqu'alors très mouvementé. J'attends les trois derniers tomes avec curiosité et une certaine impatience.

      Sylvain

      15 oct. 2010

      BD EN LIGNE ENTREES DANS LE DOMAINE PUBLIC

      Selon ActuaLitté, Gallica (la bibliothèque numérique de la Bibliothèque National de France) propose en octobre 2010 plus de 1,2 millions de documents numérisés.
      Ce site est extrêmement bien fait et dispose quelques fonctionnalités intéressantes dont "un lecteur exportable pour consulter des livres sur votre site". Un petit exemple pris hasard est proposé ci-après. 
      Sympa, non ?
      Bien entendu, les oeuvres concernées sont entrées dans le domaines public. 
      Suivant l'article L.123-1 du code de la propriété intellectuelle « l'auteur jouit, sa vie durant, du droit exclusif d'exploiter son œuvre sous quelque forme que ce soit et d'en tirer un profit pécuniaire. Au décès de l'auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants droit pendant l'année civile en cours et les soixante-dix années qui suivent. »
      Suivant cette loi, les aventures de Popeye sont désormais libres de droit en France contrairement aux oeuvres d'Hergé qui le seront en 2053 et celles de Franquin en 2067. Patience.
        
      La Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l'Image (CIBDI) propose aussi des oeuvres tombées dans le domaine public. Les collections numérisées sont peu nombreuses et permettent entre autre de feuilleter des curiosités tels que les fameux Zig et Puce
      Par contre, je suis beaucoup moins emballé par le lecteur numérique imposé : ni très pratique pour lire ni souple. 
      Un exemple de plus du manque de coordination des différents acteurs concernant les formats du livre numérique.


      Pour la petite histoire, une bande dessinée sur le droit d'auteur américain et le domaine public est disponible en pdf. La traduction en français a été réalisée par une équipe universitaire nantaise. Cela mérite vraiment un petit clic. 

      Sylvain