30 déc. 2010

Ken Games - Série B comme Bien

De Robledo et Toledano
Série complète (3 tomes)
Dargaud


Frais et efficace 


Pierre, M. Feuille et Mlle Ciseau prétendent être respectivement mathématicien, banquier et institutrice alors qu'ils sont boxeur, joueur de poker et tueuse à gage. Des vies bien compartimentées et compliquées qui vont se télescoper d'autant plus fort qu'ils sont amis et amants.

Ken Games est une fiction originale, bien menée et qui ne ménage pas ses effets. Les auteurs ne prétendent pas faire autre chose que divertir et ils le font bien. 
Le découpage très cinématographique est particulièrement réussi et rythmé, notamment dans le second tome lors du passage mêlant match de boxe, partie de poker et exécution de masse. Une bonne lisibilité assurée par une colorisation tranchée. 
Le troisième tome m'a paru un peu moins net. Les histoires des deux héros sont bien soldées, celle de l'héroïne est plus brouillonne. Mais pas de quoi bouder son plaisir.



Ken Games joue dans la cour des bonnes séries B avec Jazz Maynard de Raule et Roger alors que leur grand frère Blacksad de Canales et Guardino fume sa cigarette sur les bancs de la fac. Trois solides séries réalisées par des auteurs ibériques. Dargaud semble disposer d'une filière de détection efficace en Espagne.

Sylvain


Pour celles et ceux qui souhaiteraient lire ces séries à peu de frais, elles sont disponibles à la location en version numérisées sur IZNEO (1,99€ le tome)

29 déc. 2010

Angoulême 2011 - Toxic

De Charles Burns
Première partie de diptyque - Couleur
Editions Cornelius


Mise en bouche moléculaire amère


Présentation de l'éditeur 
La pénombre. Une houpette apparaît. Un jeune homme dans son lit, un pansement sur la tempe. Doug se lève et suit son chat noir, Inky - pourtant mort depuis des années - et se laisse entraîner de l’autre côté du miroir.
Explorant sa fascination pour Hergé et William Burroughs, Charles Burns, pour sa première bande dessinée en couleurs, réussit un objet obscur et limpide à la fois, perdant le lecteur dans les méandres d’un univers instable et fascinant éclairé par la rigueur graphique qu’on avait pu apprécier dans Black Hole. Avec Toxic, Burns signe un manifeste punk et poétique, un rêve sombre et captivant.


Et effectivement, le lecteur se perd et est même laissé en pleine forêt vierge à la fin de l'album, déboussolé et sans ration de survie. A tel point que je me demande pourquoi le format diptyque a été retenu plutôt qu'une publication en histoire complète.
La lecture de Toxic fait sugir le même questionnement mitigé qu'une mise en bouche très élaborée et intellectualisée (genre suspension colloïdale inversée de carottes et son foisonnement échaudés de petit poix) : c'est beau, tu ne peux pas vraiment dire que c'est mauvais mais tu attends avec septiscisme la suite du repas pour te forger une opinion sur le chef . Innovant, doué, honnête, prétentieux, imposteur ou tout ça à la fois ?

Vous trouverez ci-dessous trois planches représentatives de l'album proposées sur le blog des Editions Cornélius








A proscrire pour les amoureux de rationalité.

Toxic est loin, vous l'aurez compris, d'être ma BD préférée de la sélection 2011 du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême. J'attends le deuxième tome avec une curiosité matinée de scepticisme afin de voir si une certaine cohérence d'ensemble émerge.


Sylvain

28 déc. 2010

Bouffe Dessinée

"Quand les produits sont bons, ça ne peut pas faire de mal!", "C'est ça le rieur sanglier ? Il n'y a pas de quoi rire!", ... impossible de parler ripaille et BD sans évoquer Astérix et Obélix. Certainement la première passion gauloise avec le baffage de romains. Un dossier thématique Gastronomie est d'ailleurs proposé sur le site officiel de la série : tout juste de quoi se mettre en appétit et redonner envie de relire quelques albums, notamment le Tour de Gaule et le Bouclier Arverne.




Une aubaine en terme d'image dont McDonald's a pu se resaisir cet été avec l'accord d'Uderzo.  "Milou fera-t-il de la pub pour Frolic ?" a-t-on pu lire parmi les indignations nombreuses et parfois violentes suscitées par cette récupération.
Astérix au McDo : la fausse polémique répondait Julien Pompey (Les Echos) en intégrant à son article les nombreuses publicités précédentes (dont une pour Quick!) intégrant les Gau..., les Gaugau..., les Gaulois!. Et à ceux qui regrettent qu'Astérix ne se mette pas plutôt du côté des démonteurs de McDo, le blog Des Bulles Carrées souligne cyniquement le mercantilisme assumé des ayants droit :"... Astérix pourrait rejoindre le député européen dans ses combats. Il faudrait juste que José Bové paye plus cher que la chaîne de fast food" (Astérix vaut-il mieux qu'un Big Mac ?).



A noter que la marque aux arches dorées a intégré de manière beaucoup plus efficace et réussie un auteur de BD dans sa dernière réclame télévisée pour le Happy Meal. Il s'agit de Florent Chavouet, très apprécié de Laurent, et dont le Manabé Shima évoque avec sensibilité la culture japonaise. Assez éloigné des hamburgers mais il faut bien que les auteurs gagnent leur croûte. Alimentaire, mon cher Watson !




Autre auteur de BD traçant son sillon dans la cuisine : Guillaume Long dont le blog A boire et à manger est tout aussi recommandable pour son humour que pour ses recettes et son approche hédoniste de la gastronomie. Par petites bouchées, j'explore les archives du site afin d'en savourer le contenu et d'en garder un peu pour de futures fringales.  Petite joie du moment, son strip sur les musiques d'ambiance de restaurant qui m'a rappelé les recommandations sonores du sympathique Chef Simon (site culinaire très didactique et complet, validé par notre très pointu Sebastien).

Ne doutons pas qu'A boire et à manger fera l'objet d'une publication papier dans un avenir proche. Un ouvrage que je placerai à côté du beau livre Les Bistronomiques, richement illustré par Dupuy et Berberian, tout à la fois guide gastronomique et livre de cuisine.  Les critiques sont un peu académiques mais la sélection de 60 restaurants est attirante (on parle quand même de "bistrots" à trente euros, minimum). Chaque chef fait l'objet d'une petite biographie et propose un menu E-P-D. Les recettes donnent envie (hamburger d'agneau et frites de polenta, tarte fine aux sardine, cumin et tomates confites, ...) et sont bien expliquées . Très chouette.


"M'enfin! Et le vin ?!" doit s'écrier Juliette à ce stade de la chronique. Bonne transition, on y arrive.


Blaise de Dimitri Planchon - Glénat


Pour celles et ceux qui veulent se sortir du piège de la carte au restaurant, une lecture appliquée du désormais incontournable Les Gouttes de Dieux devrait plus qu'aider. Ce manga, très européen dans son traitement comme dans son contenu, donne des éléments de langage du plus bel effet. Attention, il donne aussi très soif.  
Oenologue à la considérable influence et, de mémoire, cité dans Les Gouttes de Dieu, Robert Parker fait l'objet d'une enquête dessinée aux éditions 12bis : Les 7 péchés capiteux. Visiblement réservé aux connaisseurs.


Et c'est la fin, forcément provisoire, de cette chronique faite de choux et de carottes, mais "ché comme cha qu'on prépare une bonne potée, par Toutatis !". Bonne digestion.












Sylvain


Note : le festival Bulles à croquer "réunissant deux arts différents mais complémentaires : la bande dessinée et la gastronomie" se tiendra pour la troisième fois les 25 et 26 juin 2011 à Saint-Brieuc.

25 déc. 2010

Feliz Navidad !

Un très joyeux Noël à tous !


Puissiez-vous passer de bonnes fêtes tout en évitant les crises de foie et autres effets secondaires induits par un régime alimentaire hautement calorique.

En ce samedi après-midi plein de froidure mais néanmoins ensoleillé, le mieux est certainement de prendre quelques instants pour lire douillettement les livres et BD apportés par ce bon papa Noël, façon Gaston.


Et pour un conte de Noël tout en humour et en saumon, un petit tour sur le blog de Guillaume Long est chaudement recommandé. Très en forme en ce moment, le bonhomme. 

L'équipe des lutins de Bédérama

24 déc. 2010

BD numériques gratuites à lire sur iPad - Offres légales

Une version réactualisée de cette liste de liens est disponible dans le post du 15 octobre 2011 : BD numeriques gratuites à lire sur iPad, hadopi compliant.




Synthèse du suivi régulier proposé sur la page Facebook de Bédérama concernant les possibilités de lecture gratuites et légales de BD numérisées.

Plateformes commerciales

En plus des previews disponibles sur tous les albums numérisés,  IZNEO, AVE!COMICS et digiBiDi offrent la possibilité de lire quelques titres gratuitement. La seule condition à remplir pour accéder à ces albums est d'ouvrir un compte (gratuit).

Tous les lundis, IZNEO propose le premier tome d'une série en lecture gratuite. La semaine dernière le sympathique Borderline était proposé. Cette semaine, il s'agit de Caméra Café, série de gags basés sur la série télé. No comment.
Pour accéder au site, il faut cliquer ici.
Pour rappel, des sélections de BD en accès temporaire (10 jours) à 1,99€ sont proposées dans nos chroniques précédentes (catégorie BD numérique).

AVE!COMICS, qui a très notablement amélioré l'ergonomie et la présentation de son catalogue, propose quelques premières parties d'albums gratuites, type previews allongées. Offre très limitée et rarement enrichie. Intéressés ? Suivez ce lien.


digiBiDi offre la possibilité temporaire de lire en intégralité le premier tome du comics Stranger in Paradise. Pour profiter de cette offre, c'est ici.


Sites d'éditeurs


Les Humanoïdes Associés mettent en ligne 2 bandes dessinées numérisées par mois. Suivez le clic. En décembre, est notamment mis à disposition Millénaire, un récit historique bien fait et qui permet de passer honorablement le temps.
Les Humanos ont annoncés qu'ils mettraient en place leur propre plateforme commerciale en janvier 2011.

De leur côté, les éditions Ego comme X mettent à disposition des internautes des titres papier épuisés. Pour les amateurs de BD intimistes et expérimentales.



Bonne lecture. 

Si vous avez connaissance d'autres opportunités, n'hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires.




Sylvain

23 déc. 2010

Transmetropolitan - Comics trash et intelligent

De Warren Ellis et Darick Robertson
6 tomes parus en France - Série complète
Panini

Critique vitriolée des médias et de la politique 

Spider Jerusalem est un journaliste vedette qui lutte pour conserver son esprit critique alors que le système le confine naturellement et inexorablement dans un confort matériel déconnecté de la réalité. Ses combats : la justice sociale et la malhonnêteté politique. Ses armes : sa hargne, les drogues et le pistolet "agitateur d'intestin".


L'article de Wikipédia présente Transmetropolitan comme une série "postcyberpunk". Une segmentation réductrice qui fait rester au large de nombreux lecteurs. Cela a d'ailleurs été mon cas jusqu'à ce que quelques chroniques concordantes de blogs me poussent à jeter l'ancre.
Apres la lecture des deux premiers tomes, mon opinion est très très positive. La série est effectivement trash mais : 


  • la provocation est constructive. Les uppercuts frappés avec justesse succèdent aux coups de poings moraux et aux éclats de rire.
  • La réflexion sur les médias et le monde politique américain est passionnante et d'une grande finesse. D'autant plus impressionnant que la série date de 1997 et donne l'impression de n'avoir pas pris une ride. Inquiétant aussi d'ailleurs. 




Transmetropolitan ne se lit pas comme un comics lambda. Les dessins comme le scénario et les dialogues sont riches et demandent une attention constante du lecteur qui se doit de digérer chaque chapitre avant de passer au suivant. Pas du tout une lecture de WC !


Pour celles et ceux désirant en savoir plus, je vous conseille de lire l'article de Denis Senié de la Voix de Nord qui conclut : "Sous ses aspects "fun" et rock'n roll qui vous sautent au visage, Transmetropolitan est une lecture à conseiller chaudement. Amusés, révoltés, dégoûtés, pliés en deux et finalement émus, vous ne pourrez plus vous passer de la plus belle raclure du journalisme".
Pour les autres, sachez que cette série regorge d'intelligence. Jetez-y un coup d'oeil à l'occasion d'un prochain passage en librairie. Vous avez alors toutes les chances d'attirer des regards de connivences avec les vendeurs.


De mon côté, je me réjouis d'avoir encore 4 tomes à déguster. Je vais les lire tranquillement en me demandant cependant pourquoi la BD franco-belge ne produit pas de telles critiques "mainstream".

Sylvain


21 déc. 2010

Angoulême 2011 - Le Blogueur Masqué - Sélection parmi les révélations Blog de l'année

Comme décrit dans la précédente chronique sur les blogs dessinés, le Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême organise le concours du meilleur blogBD non professionnel. Les blogs entrés en lice sont disponibles là-bas. Les votes sur internet détermineront les 3 lauréats (pour voter, c'est aussi par là-bas - aucun droit reversé à Jean Jacques Goldman). Le vainqueur sera désigné par un jury professionnel lors du festival. 


Le Blogueur Masqué : 
Thème de l'année de la Révélation Blog 2011


Le gagnant sera édité sur papier. Ma sélection a été effectuée en conséquence :

  1. Stouf et Jean-Ouf : graphiquement accessible et proche du style d'Arthur de Pins (Zombillénium et Péchés Mignons), l'auteur me paraît plus avancé en âge que les autres participants. Le contenu est drôle et sera visiblement plus régulièrement enrichi pour le concours.
  2. Teenager - Mon Azalée : joli univers gorgé de sensibilité. Touchant et plein de personnalité.
  3. Le blog pourri de Félix Laurent : assez varié dans son contenu et plutôt réussi. Le strip "Le premier pas" (du 21/12/2010) m'a fait rire. 
Stouf et Jean-Ouf

D'autres blogs sont sympathiques et/ou agréables à regarder mais l'énergie qui s'en dégage ne suffit pas, selon mon humble opinion, à passer sur support papier :

Forgez-vous votre opinion, allez voter (c'est là-bas on vous dis) et n'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires.

Sylvain


Teenager - Mon Azalée

19 déc. 2010

Angoulême 2011 - Blaise opus 2


De Dimitri Planchon
Editions Glénat (collection 1000 Feuilles)
Sélection officielle ANGOULEME 2011

6 cases par page pour illustrer des moments quotidiens d'une famille contemporaine. Ces sketchs sont présentés sous forme de collages photos/dessins.
Un humour potache et décalé, qui m'a fait éclater de rire .. à plusieurs pages ! Une satire délicieuse de l'adolescence et de notre société actuelle. Bref, pour 10€, voici une véritable découverte dont quelques planches ont été prépubliées dans Fluide Glacial !


En revanche, l'opus 1 m'a semblé un tout petit moins percutant. La qualité s'améliorant, c'est donc de bon augure pour l'opus 3 !
A noter que la collection 1000 Feuilles de Glénat a déjà vu la parution de Girls Don't Cry de Nine Antico, qui adoptait un ton résolument nouveau en bd en relatant des conversations entre filles. Girly !

A diffuser largement ... avant que cette série ne soit prise d'assaut suite à une récompense angoumoisine début 2011.

Laurent, un lutin qui vous veut du bien


Angoulême 2011 - Manabé Shima



De Florent Chavouet
Editions Philippe Picquier
Sélection officielle ANGOULEME 2011


Florent Chavouet s'est fait connaître grâce à un premier carnet de croquis publié en 2009 dans lequel il rendait compte de son voyage de 6 mois au Japon auprès de son amie, en mission pour L'Oréal. L'ouvrage "TOKYO SANPO" vient tout juste d'être primé en cette fin d'année 2010 à la biennale du carnet de voyage (à Clermont Ferrand).



Manabé Shima est également un carnet de croquis, qui fait suite à son désir de découvrir la vie japonaise traditionnelle bien loin des préoccupations technologiques des citadins. Florent Chavouet est donc parti 2 mois s'installer sur une île nippone.


Certes, comme vous pouvez le constater sur les planches, il s'agit plus d'un carnet de voyage dessiné que d'une véritable bande dessinée. Le fil de l'histoire (parler ici de scénario semble un peu présomptueux !) évolue au grès des découvertes et reste par conséquent très souvent décousu ... (pour un fil, c'est embêtant !)

Mais soyez curieux, que diable !! Découvrez un dessin léché, digne d'un major de promo d'école de dessin, servant à merveille une volonté manifeste de l'auteur de nous faire partager son voyage ...
C'est frais, c'est beau, c'est bon ... et un prix à Angoulême serait amplement mérité !

Ah ! Je serai curieux de voir à quoi ressemblerait notre douce France sous le trait ethnologique de cet auteur !

Pour avoir une idée du style de dessins que vous trouverez dans cet album : rendez vous sur le blog de l'auteur.

L'éditeur, spécialisé dans les livres traitant de l'Asie, propose de feuilleter les 10 premières pages de l'ouvrage sur son site internet.

Si vous aimez voyager, je ne peux que vous conseillez un autre très bon livre qui m'a été offert par un grand lutin bien connu sur ce site : 3 ans de voyage (éditions de La Martinière) dans lequel Claire et Reno Marca racontent leur tour du monde en histoires, en photos et en dessin.

Laurent

Angoulême 2011 - Bambou , le petit cerf qui mange tous ses amis


de Gaëlle Alméras
Diantre ! éditions
Sélection officielle ANGOULEME 2011 !

Le pitch est dans le titre de l'album : Bambou le carnivore est une version trash du célèbre Bambi de Disney, le petit faon adoré de tous ses amis ...

Raconter, avec un dessin juvénile plein d'innocence et un lettrage digne de nos premières lignes d'écriture, une histoire pleine de cruauté est un exercice qui aurait pu mériter le détour ! Le décalage entre le fonds et la forme constitue souvent une arme de poing ...

J'ai bien cherché à savoir si l'auteur voulait dénoncer des attitudes bien plus condamnables que la mievrerie d'un dessin animé pour enfants, mais non .... rien de rien !!!
De l'humour alors ? Non plus, à part peut être un lapin qui se nomme Paf Paf qui a pour tic de taper du pied sans arrêt (vous l'avez reconnu !)
Paf Paf aidera-t-il le petit carnivore à devenir végétarien dans le second tome ?
Vous me raconterez ....

Résultat : A ne pas mettre sous le sapin !

Laurent

Qui sont les prescripteurs de bandes dessinées ?

Littérature : les libraires estiment l'influence des médias traditionnels

Livre hebdo a réalisé un sondage auprès de 430 libraires pour connaitre "l'impact des médias sur les ventes de livres". Sujet intéressant mais méthodologie discutable (demander à des prescripteurs ce que les consommateurs pensent d'autres prescripteurs ...?) qui conduit à des résultats forcément discutés.

Actualitté (Victor de Sepausy) et la République des livres (Pierre Assouline) reprennent les principaux chiffres de l'étude et soulignent l'absence curieuse du média internet. Selon les libraires, les grands prescripteurs appartiennent aux médias traditionnels :
  • La grande librairie de François Busnel qui cumule 400 000 téléspectateurs par semaine
  • Le supplément littéraire du Monde
  • Le masque et la plume de Jérôme Garcin sur France Inter
"Quant à Internet, il faut croire qu’il est considéré comme le parent pauvre des médias ( !) puisqu’il n’a pas droit à un tableau". Les sites d'achats en ligne (Amazon, ...) ressortent comme les principaux e-influenceurs. "Nulle mention des sites spécialisés dans l’actualité littéraire ni des blogs influents".
Méconnaissance des bruissements de la toile de la part des libraires ou peur des gros mastodontes du commerce culturel électronique ? Etonnant. même s'il s'agit là de réflexions de blogueurs qui estiment l'influence des blogs. Forcément partial.

La critique de la critique


Rebondissant sur ce sondage, Sebso de Par la bande développe un argumentaire à charge contre les médias traditionnels dans une intéressante critique de la critique.

Le mode de fonctionnement des médias conduit selon lui à mettre "en avant le meilleur de "mainstream" au détriment des oeuvres vraiment à part" notamment en raison "d'une concentration excessive sur l'actualité". "En gros, que soient publiés six chefs-d'œuvre le même mois ou trois en cinq ans, [le critique] disposera peu ou prou du même nombre de pages par semaine. En outre, un auteur exigeant qui publie peu sera forcément défavorisé par rapport à un auteur moyennement talentueux qui publie son roman annuel lors de toutes les rentrées littéraires..."

De plus, le nombre important de nouveautés poserait aussi question : le critique "peut-il ainsi consacrer suffisamment de temps pour apprécier des œuvres exigeantes qui nécessiteraient une attention particulière, plus soutenue ? En outre, à force de lire, voir ou écouter plusieurs centaines d'œuvres nouvelles par an, peut-il juger autrement qu'en relatif ?"

La conclusion de la chronique est qu'internet offre la possibilité de découvrir de nouvelles oeuvres, moyennant un "tri préalable des cercles, virtuels ou réels, de bon conseil".
Cet article partisan qui mérite une lecture complète, tout comme le reste du blog d'ailleurs, est venu enrichir ma réflexion sur la critique d'oeuvres. Mes questionnements du moment sont :
  • La perception d'une oeuvre, et le plaisir de lecture notamment, n'est-elle automatiquement pas altérée lorsque l'on sait devoir écrire une critique à son propos ? Comme en mécanique quantique, la mesure ne perbute-t-elle le système ?
  • Les critiques, tout comme les blogs d'ailleurs, peuvent-ils vraiment être imperméables à ce qu'ils savent de leur propre lectorat ? Les commentaires laissés par les internautes sur de précédents articles n'ont-ils aucun impact sur le contenu des nouveaux articles ?
  • Peut-on avoir un avis tranché sur chaque oeuvre ? Il m'arrive souvent de lire des articles culturels sans pouvoir déterminer l'avis du journaliste. Bon, il est vrai que j'ai parfois l'impression lire un résumé de dossier de presse, ce qui est un autre problème. 
Après ces considérations d'ordre général, je suis passé aux travaux pratiques : qu'en est-il de la bande dessinée ?

Mes prescripteurs de BD

Après avoir mis en place une stricte méthode de travail et conduit une étude rigoureuse, j'ai obtenu des résultats que je trouve d'autant plus intéressants qu'ils ne sont représentatifs que de moi-même.
Il en ressort que mon intention de lecture, voire d'achat, est  guidée par de nombreux prescripteurs dont les avis se combinent et passent par la moulinette de mon humeur du moment. Il y a en effet des oeuvres que l'on me conseille ardemment mais qui ne m'attirent pas instantanément. Je les dégusterai plus tard ou ...encore plus tard en me demandant pourquoi je ne les pas lues plus tôt. 

Afin de creuser le sujet, je tente un sondage sur la question des prescripteurs de BD dans la colonne de gauche de ce blog. Un point plus détaillé sur le sujet sera effectué en janvier. Merci par avance de votre participation.
Liste de prescripteurs de BD de lecture de BD :
  • Les éditeurs, notamment dans le cas de grosses mises en place ou de leur site internet
  • Les auteurs préférés, que l'on suit au fil des ans ou qui conseillent des oeuvres de confrères
  • Les libraires, par leurs recommandations ainsi que leurs sélections
  • Les amis, essentiel tout simplement
  • Site spécialisés BD, qui se déclinent en site d'information et en blogs/forums. Pas toujours facile de trouver son chemin mais cela peux valoir le coup.
  • La bibliothèque municipale, pour ses sélections hors du temps et variées
  • Les Prix BD, plus pour la liste des nominés que celle des nommés
  • La presse, occasionnellement Télérama et DBD pour les versions papier sinon les sites internet institutionnels proposent parfois des articles de critiques mais je ne m'y rend pas régulièrement (L'Express Culture, Télérama BDLe Figaro BD, Les Inrocks).
  • La télévision, je ne pense jamais à regarder la pourtant sympathique émission dédiée Un monde de bulle. Pas d'autre émission à ma connaissance.

A l'intense production de nouveauté BD vient donc s'ajouter une multiplication des prescripteurs. Une bonne chose pour la diversité mais une difficulté supplémentaire pour l'amateur occasionnel en manque de temps pour trouver BD à son pied.

Sylvain.  

17 déc. 2010

Cixi de Troy - Incorrection éditoriale

D'Arleston et Vatine
2 tomes parus (mais série toujours en cours)
Soleil Prod

Contenu correct mais politique commerciale inadmissible

Ce spin-off, présenté par l'éditeur comme le tome 5bis du cycle fondateur Lanfeust de Troy,  se situe au moment où Cixi s'éclipse de l'aventure principale pour se retrouver maîtresse de Thanos, l'ennemi juré. 

Ce deuxième tome de Cixi de Troy m'agace, non pas au niveau du contenu qui est en ligne avec ce que l'on peut en attendre, mais au niveau de son indécence éditoriale. 
Annoncé initialement en 2 tomes, le lecteur ne voit pas venir la conclusion au cours de ce deuxième opus. Par contre, il voit bien l'annonce d'une troisième partie. Soleil vient d'inventer les soldes à l'envers : le contenu de 2 albums pour le prix de 3 ! 


Ajout du 11/12.11 : lien vers la critique du troisième (et dernier) tome.


Présentation du premier album par le site Soleil Prod - 2 tomes annoncés initialement

Toujours dans le même univers, j'ai feuilleté ce week-end le premier tome de Gnomes de Troy conseillé à un jeune garçon de 9 ans par un libraire. J'ai ressenti le même malaise qu'en lisant le Petit Spirou. Selon moi, ce ne sont pas des BD jeunesse. En effet, ces oeuvres faussement potaches paraissent dessinées par de vieux vicelards qui projettent dans l'enfance des fantasmes stéréotypés d'adultes. Du Titeuf mal compris. Exemple ci-après.
Je pense que dans le cas de Gnomes, il y avait mieux à faire. Certains gags sympathiques le démontrent d'ailleurs. Ce n'est pas avec ce type d'albums que je vais amener mes enfants à l'Héroïc Fantasy.


Extrait du Gnomes de Troy T1 - Soleil

Je trouve normal, et même ambitieux, que Soleil développe un business autour des mondes de Troy. Conscient de n'être pas le coeur de cible de ces productions, ce déploiement me semble néanmoins souffrir d'un manque de considération du lecteur.

Sylvain