31 août 2011

FestiBlog 2011

Le FestiBlog 2011, 7ème du nom, "invite jusqu'à 200 auteurs de blogs BD à rencontrer le public au cours de dédicaces gratuites et d'animations diverses". 
Dates : 24 & 25 septembre 2011. Lieu : rue Eugène Spuller (Paris 3ème).
En plus d'être visiblement sympathique, la manifestation s'appuie sur un site riche en liens vers des blogs dessinés. Une des meilleures manière d'explorer la vitalité du web, 30 jours de BD étant une option alternative pertinente.  

Petite sélection effectuée au fil des liens : 
  • Les monologues du nombril : trait dynamique, couleurs sympas et de la personnalité. Vraiment divertissant.
  • Autostrip.fr : Premier contact agréable, plutôt drôle et graphiquement accessible. Et puis, je tombe sur les strips Ombres chinoises et là je rigole franchement. Je n'ai pas dit que c'était d'une grande finesse.  
  • Charlie Poppins scrapbook : dessins vintages et décalés. Mérite absolument un clic.
  • Oisiveté mon amie : éclectique et sympathique.
  • Comme quoi : blog du très productif Bastien Vives (Polina, Pour l'empire, ...). 
  • Comme ci comme ça : blog de l'excellent Guy Delisle sur lequel on apprend avec grand plaisir la parution prochaine de son prochain album. Après Shenzen, Pyongyan et la Birmanie, le globe-trotter québécois va publier ses chroniques de Jérusalem. Un album qui relèvera certainement le niveau 2011 des nouveautés BD. Rendez-vous en novembre donc.

Guy Delisle

Charlie Poppins

Pas'que merde ... chacun son tour ...
Les monologues du nombril



En espérant que vous apprécierez la ballade.
Merci à Géraud pour l'impulsion de cette note.

Sylvain

28 août 2011

La BD pixelisée serait-elle dans les cartons ?

Le poker était à la mode, des BD tournant autour du jeu de carte sont apparues (Poker, Street Poker, ...). Cette loi du marché va-t-elle s'appliquer aux pixels ?
La toujours très intéressante rubrique Vendredi, c'est graphism accueillie sur OWNI vient de mettre en lumière cette nouvelle lame de fond artistique. 

Lors d'une pause café estivale, je lève la tête et constate que des collègues ont représentés un pikachu sur une vitre ... avec des post-it ! "C'est un truc de post-it war" me lance Colette en voyant mon regard interloqué. Et visiblement c'est vraiment la guerre pour certains. Même Tintin est appelé à la rescousse. Les budgets fournitures doivent exploser !

Locaux de Clever Age - Bordeaux

Un certain Luke Sedgeman (il serait geek que cela ne m'étonnerait pas plus que cela) a pondu un poster de super-héros et de super-méchants en pixels. Un petit goût de Batman Légo, mais sympa.

The ragbag
Mais le pompon du pompon revient assurément à Patrick Jean et son film Pixels : très bien réalisé, créatif et drôle. A regarder.



Je ne suis pas certain que le neuvième art gagne en qualité à explorer cette tendance nostalgique des années 80-90 mais who knows ? Lewis Trodheim a montré qu'il n'était pas nécessaire de bien savoir dessiner pour raconter des histoires surprenantes. Pour celles et ceux qui veulent tenter l'aventure, sachez que l'exercice est graphiquement accessible grâce à piq.codeus. A vos clics !


Sylvain


Autre rubrique intéressante à lire sur le sujet : 8-bit.

23 août 2011

Papier vs numérique : et les sentiments dans tout cela ?


Alors que les ventes de tablettes décollent (435 000 unités vendues en 2010 en France, 1 million prévues pour 2011 selon GFK pour une projection mondiale de 27 millions d'unités), Sébastien Naeco publie un billet inattendu et "à charge" sur la distance que crée selon lui le support numérique entre une oeuvre et le lecteur. "Le livre dans la sphère numérique n'est plus un compagnon, il devient un contenu "comme un autre", il est mis à distance, dissimulé dans une machine, caché au regard direct." Un avis que partagent les irréductibles amoureux de feuilles cellulosiques comme ce très cher Laurent C. 
Le billet du Comptoir de la BD liste de nombreux points de différenciation entre numérique et papier et m'a intéressé car certaines positions sont éloignées de ce que je peux penser.

Image captée sur le site IDBOOX, riche en information sur le livre numérique

Passage en revue gentiment critique, et j'espère constructif, des principaux éléments de discussion :

  • Confort d'utilisation moindre sur support numérique : "Un livre on le prend, on le feuillette et on le repose quand on veut." Certes, mais le numérique présente aussi un supra de confort : modulation de la taille des caractères et des images, faible encombrement (1 tablette = x livres). Aldus réagit d'ailleurs sur ce point : "Franchement poche/reader, je ne perçois plus de différences rédhibitoires, les avantages de l'un et de l'autre se superposant." Sauf au soleil sous lequel les tablettes montrent une vraie limite (les lecteurs à encre électronique moins je crois). L'iPad, un outil de prévention des cancers de la peau ? 

  • Robustesse moindre des équipements numériques : "Le livre peut tomber dix fois par terre, il restera lisible (à moins de le baigner, ce qui est plus rare) tandis qu'une liseuse peut se briser et s'avérer de fait inutilisable." Certes. On ne peut pas non plus mettre un ebook dans sa poche.  Quoiqu'un smartphone ....
Exemple de lecture sur iPhone sur iPhonekiller et AveComics

  • Moindre pérennité du stockage des oeuvre achetées : "... si le lecteur casse, tout son contenu peut être perdu et doit être racheté". Argument techniquement faible à mon avis. Des copies des fichiers numériques restent accessibles sur l'ordinateur personnel ainsi que sur le serveur du vendeur / pourvoyeur. C'est le cas sur IZNEO par exemple ou même sur iTunes qui garde trace des achats. Le cloud computing devrait permettre d'accéder à notre bibliothèque de n'importe quel endroit à n'importe quel moment. De quoi voyager léger ... moyennant une connexion internet ce dont le livre papier se passe volontiers.

  • Mauvaise appréciation du prix du livre numérique : "Je suis sidéré quand on critique le prix d'un livre dans sa version numérique alors que l'on peut être prêt à payer plusieurs centaines d'euros pour un lecteur électronique." Point sur lequel je suis le plus en décalage avec le rédacteur du Comptoir de la BD (l'argumentaire à suivre est centré sur les tablettes numériques couleur car elles permettent aussi de lire des BD). L'achat d'un iPad (60-70% des tablettes vendues en Europe et aux USA) est fortement perceptible sur le compte en banque. Tout le monde est d'accord sur ce point mais contrairement à S. Naeco je ne pense pas que cet "investissement" impacte directement le budget livre. Je mettrais plutôt en cause les dépenses qui en découlent (forfait 3G et téléphone ; accès internet ; achat d'application, de films, de musique, ...) et qui ponctionnent plus discrètement mais sensiblement le fond de roulement des ménages. Pour en revenir au livre numérique, le possesseur de tablette paye de fait le support et, d'une certaine façon, la chaîne logistique. Basé sur ces observations frappées du coin du bon sens ainsi que sur les estimations du coût du livre numérique disponibles, en tant que consommateur, j'estime que les prix des nouveaux romans sont trop élevés (numérique environ 1 euro moins cher par rapport au papier). Sur ce point, les éditeurs BD jouent bien mieux le jeu. Le coût des nouvelles BD est globalement 40% moins cher en numérique qu'en papier (exemple Julia et Roem de Bilal sur FNAC.com).   Toujours selon S. Naeco, cette mauvaise appréciation de la réelle valeur de l'offre numérique expliquerait le "contournement par des filières parallèles". On ne peut, à mon avis, exclure que le piratage prend surtout sa source dans l'immaturité de l'offre commerciale :
      • Quantitativement : 2417 titres sur IZNEO (à date) dont 20 mangas qui représentent pourtant 1651 publications en France rien que pour l'année 2010.
      • Qualitativement : les formules d'achat sont encore très rigides. L'acheteur ne dispose pas toujours du fichier de l'oeuvre (cas d'IZNEO). Le prêt est impossible ce qui est une régression par rapport au livre papier et aux principes d'échange d'internet. A noter toutefois l'initiative intéressante du Lombard qui propose une formule d'abonnement (50 BD consultables par mois pour 10 euros). Mais ce type d'offre sera réellement intéressant lorsque le catalogue concerné intégrera d'autres éditeurs (idéalement l'ensemble du catalogue IZNEO)
Illustration : Anthony Fric, CRDP de l'académie de Versailles

  • Sélection / censure des oeuvres mises en lignes par Apple et Amazon : "Désormais, d'autres acteurs peuvent demander un droit de regard sur le contenu a posteriori de la version fixée par ceux dont c'est exactement le métier". Tout à fait d'accord. Pour éviter, semble-t-il, des problèmes juridiques et des pressions de lobby moralisateurs, Apple exerce une sélection des œuvres proposées sur ses plateformes. Ce qui crée d'ailleurs des marchés niches dont s'est notamment saisi Digibidi (BD adultes lisibles en ligne).

  • Disparition de la représentation sociale de la bibliothèque : "la présence de livres dans son environnement personnel et professionnel ne disent absolument pas la même chose que de montrer un bureau avec un bel ordinateur sans papier alentour." Mon ressenti est que cette phrase est écrite par un bibliophile et contient une petite pointe d'élitisme. Oui les livres donnent de l'ambiance à une pièce et renseignent sur l'occupant des lieux mais ils ne sont pas essentiels aux relations humaines. Par ailleurs, comme me le disait récemment ce cher François, le numérique et le papier sont certainement amenés à coexister. Le numérique va s'étendre pour la lecture standard type journal, poche ou BD détente, le papier perdurer pour les beaux objets. Les récentes publications autour de M. Tillieux entrent pleinement dans ce cadre (rééditions Gil Jourdan par Dupuis et Héroic par D. Maghen). Une direction que l'éditeur Une idée bizarre semble vouloir aussi suivre (publication de suites inédites, ...)
L'actu en patates par Vidberg

Sans avoir basculé dans le tout numérique, j'avoue cependant m'attacher de moins en moins aux objets papiers quelconques et m'être habitué à lire sur écran sans perte de passion ni d'intérêt vis à vis du contenu. Je crois vraiment à la co-existence des deux supports avec un numérique fonctionnel et un papier tourné vers un marché de qualité. 
Curieusement, ce billet du Comptoir de la BD, qui passe volontairement sous silence les avantages du numérique, m'a donné envie de lire La BD numérique du même S. Naeco  afin de mieux comprendre la position de ce e-influencer sur le sujet. Du coup, j'ai téléchargé son livre disponible sur librairie immatérielle ....

Sylvain

21 août 2011

Publication d'un brouillon - Excuses officielles


"M'enfin ! Qui a publié mon brouillon sur le numérique ?" n'ai-je pu m'empêcher de penser en voyant l'ébauche de note s'afficher en page d'accueil de Bédérama. Après la stupeur, la peur s'est emparée de moi : "Le patron va m'en passer une sévère ! J'aimerais trop pas être moi." Mais bon, Laurent n'a rien vu. Je m'en tire à bon compte ce coup là. Dans le cadre de la démarche qualité mise en place au sein de la structure Bédérama, une analyse du problème a été réalisée. Il se trouve que confondant vitesse et précipitation ainsi que les boutons Publier et Enregistrer, j'ai commis "v'la la boulette".

Gaston Lagaffe (c) Dupuis - Montage Y. Bocquel

Première action corrective : envoyer un mail à Blogger pour leur signaler ce qui est, à mon sens, un petit problème de conception. En fait, il y a peu de chance pour que je prenne le temps de le faire mais qui sait ...

Deuxième action corrective : mettre en place une procédure qualité de publication des billets incluant un comité de relecture. La probabilité de réalisation de cette action est ... nulle.

Troisième action, et de loin la plus importante : les excuses. Je suis vraiment navré d'avoir attiré un certain nombre d'entre vous sur Bédérama et proposer un spectacle si pitoyable. Désolé. Je vais essayer de m'appliquer encore plus sur ce billet inspiré par la réflexion de Sébastien Naeco Le livre numérique et la mise à distance du lecteur.

Encore toutes mes excuses. Profitez bien de ce week-end ensoleillé en y allant cependant mollo sur l'essence pour allumer les barbecue.

Sylvain

16 août 2011

Les Schtroumpfs - Opinion favorable de la part des enfants

Le film Les Schtroumpfs ne récolte guère de louanges de la part des critiques sans toutefois  se faire réellement éreinter (2,6/5 sur Allociné). Cela ne l'empêche pas d'avoir trouvé son public : après une première semaine d'exploitation, il totalise 866 000 entrées en France, devançant même le très bon Super 8 (périmètre de salles comparable). Le succès des petits êtres bleus qui sont toujours heureux est aussi au rendez-vous aux États-Unis (plus de 100 millions de dollars en 3 semaines d'exploitation, à titre de comparaison le blockbuster Cowboys & Envahisseurs n'atteint que 81 millions sur la même période)


Dans son billet du 4 août, Sébastien Naeco s'élève contre l'américanisation des Schtroumpfs, regrettant "l'opportunisme mercantile" à l'origine du projet. Cette position, de principe (je ne suis pas certain qu'il ait vu le film), me parle mais m'interpelle aussi :  ne vaut-il pas mieux que la BD franco-belge profite des films d'animation pour rayonner à l'international plutôt que de rester sous cloche ? Quitte à évoluer et sortir de son périmètre initial défini en fin des années 50 ou même exister sous deux formes différentes : Schtroumpfs canal historique et  Schtroumpfs culture mainstream.

Le film étant clairement destiné aux enfants (6-8 ans visiblement), il est donc logique que Morgane et Julien aient été chargés d'en rédiger la critique. Merci à eux ainsi qu'aux grand-parents pour cette sortie par temps pluvieux et la formalisation du compte-rendu. 

Le film est très bien et très drôle. Les Schtroumpfs sont rigolos car ils font plein de bonnes actions et des bêtises. Le plus amusant est le Schtroumpf écossais qui a un petit kilt bleu et qui rapporte un joli caleçon de son voyage.
Gargamel fait un peu peur mais il fait rire quand il fait pipi dans le seau à champagne. Azrael est très intelligent et il fait rire car il fait beaucoup de grimaces.
Les deux jeunes New-Yorkais sont sympathiques.

A la fin, on a un peu peur quand Gargamel va capturer tous les Schtroumpfs mais le Schtroumpf Maladroit devient très courageux et sauve tout le monde. 

Le plus bête est le Schtroumpf Poète.


Tous les enfants peuvent aller voir ce film et bien s’amuser.


Avis du jeune public favorable donc et cohérent avec la note moyenne donnée par les spectateurs (toujours sur Allociné) : 3,5/5.









Julien, Morgane, maman K. et un peu de Sylvain.


14 août 2011

Séance de rattrapage - Sélection de one-shots BD

Les vacances ont été l'occasion remettre en ordre la collection de BD qui était restée en jachère depuis quelque temps. Faute d'étagères disponibles, les albums s'empilaient inexorablement pour former des piles acrobatiques, difficilement praticables même pour un marsupilami au top de sa forme. Se saisir d'un livre relevait de l'exploit physique, maintenir à jour les séries devenait hasardeux. Bref, la situation était critique.

Heureusement, super maman K. est arrivée avec quelques linéaires de bibliothèque. Quelques heures de pluie plus tard, un semblant d'ordre règne à nouveau sur les étagères. Et avouons que cela fait plaisir d'autant que ce rangement estival a aussi permis d'exhumer des petites perles un peu trop vite oubliées. Ajoutées à quelques nouveautés sympathiques, cela donne une sélection de one-shots qui tient la route.


Je suis ton père : réjouissant exutoire paternel
Bob - Vraoum

Tranches de vie pas toujours très fines mais souvent drôles et assuremment réussies. A recommander à tous les pères possesseurs d'au moins un modèle de type humanoïde post an 2000. Je ne te dis pas que c'est subtil, je te dis que ça soulage. 
Un chouette cadeau (merci Laurent !) dont le prix reste néanmoins pour moi une surprise (16 euros tout de même - vraiment merci Laurent !).

Catalyse : l'anti Largo Winch
Pierre-Henry Gomont - ManoloSanctis

Polar psychologique emprunt de réalisme. Efficace, surprenant et moralement intrigant. Une vision de l'audit financier et de la province que Claude Chabrol n'aurait certainement pas reniée. A mon avis, la première oeuvre mature livrée par ManoloSanctis.
Au passage, on constatera que l'éditeur communautaire a modulé sa stratégie : les oeuvres imprimées sur papier ne sont plus entièrement disponibles en version numérique. Le modèle économique initial aurait-il montré des limites ? 

Sex tape : polar atypique
Thomas Cadène - KSTR 

Une star sur le déclin se met au vert. Elle établit rapidement un étrange contrat avec un autochtone : il peut venir l'observer à loisir avec ses jumelles s'il accepte en retour de placer une webcam dans son propre salon.
Thomas Cadène, énergique animateur du web feuilleton collaboratif Les autres gens, a réalisé un intrigant et poisseux polar psychologique. A lire.

Seconde chance : Cupidon s'en fout !
Ozanam - Renart - KSTR

Une ange décochant sur ordre des flèches d'amour commet une grosse boulette et doit entrer dans la clandestinité. Ses talents uniques la conduisent très vite à devenir tueuse à gage. 
Scénario original, découpage rythmé, dialogues percutants, conclusion solide : une belle réussite.





Celle qui réchauffe l'hiver : conte inuit inouï !
Pierre Place - Delcourt

L'hiver arrive et les phoques continuent à se faire rare. Afin d'éviter une famine annoncée, deux jeunes chasseurs vont demander de l'aide auprès de la Déesse sous la mer. Mais cette dernière ne se contente pas d'un simple coup de peigne pour venir en aide à la communauté.
Confirmation de la très grande qualité de ce conte drôle et merveilleux dont les 60 premières pages sont en lecture libre sur 8comix. De quoi vraiment se forger son opinion avant d'acheter.



Merci à la très gentille maman K. ainsi qu'à Laurent B., tranquille et généreux découvreur de BD sortant des sentiers battus.