23 sept. 2011

Le ciel est tombé sur la tête d'Agecanonix

C'est la polémique du moment. A côté, Karachi c'est de la roupie de sansonnet.

Le sage Michel Serres a donné la semaine dernière son opinion sur Astérix et le buzz très négatif généré par cette chronique a poussé France Info à intervenir pour calmer le jeu. Le médiateur de la station résume dans un court article les propos du philosophe "qui a dressé un acte d’accusation implacable que l’on peut résumer en trois points : 

  • Astérix c’est l’apologie de la force 
  • Astérix c’est l’apologie de la drogue 
  • Astérix enfin, c’est la négation de la culture. Et Michel Serres d’évoquer le nazi Joseph Goebbels."

Est jointe une interview "du vieux druide" dans laquelle Monsieur Serres avoue qu'il a été excessif dans son langage : le terme de nazi était trop fort et a dépassé sa pensée. L'autre point qu'il est prêt à reconnaître est "une faute contre l'humour". 
Le second degré de l'oeuvre de Messieurs Gosciny et Uderzo étant ainsi reconnu, on peut s'étonner que ce grand penseur continue néanmoins de maintenir son analyse concernant l'apologie de la force brute, de la drogue et de la négation de la culture. En renfort, il en appelle à sa sensibilité personnelle très forte sur ces sujets. Personnellement, je trouve l'argument très faible mais je serai ravi d'avoir votre opinion sur le sujet (c'est d'ailleurs le rôle de la partie commentaire du blog).


Petit détail croustillant, Michel Serres est un tintinophile absolu. Aurait-il décidé d'entreprendre une opération de déstabilisation d'Astérix pour soutenir la sortie prochaine du film de Spielberg ou serait-il tout simplement tombé dans le piège du chroniqueur pressé tombant dans la facilité ? 

Les réponses sont nombreuses et riches en contre-arguments. Je vous conseille la lecture du post du toujours pertinent Par la bande. Plus synthétique et percutant que l'article des Inrocks, Astérix nazi ? Michel Serres se trompe lourdement, et à l'opposé de L'Express qui surfe misérablement sur le sujet sans aucune valeur ajoutée, Sebso conclut sur l'emploi du terme nazisme et, ne pouvant écrire mieux, je me permets de publier un extrait de son article : "Évoquer ainsi le nazisme pour qualifier l'oeuvre d'Albert Uderzo, immigré italien, et de René Goscinny, juif, qui insistaient d'abord et avant tout sur la force de l'amitié, est tout bonnement scandaleux. Il est malheureusement trop courant que des esprits, pourtant réputés éclairés comme Michel Serres, tombent ainsi dans des délires verbaux dignes (ou plutôt indignes) des pires dérapages trollesques de forums Internet incontrôlés. Parler de nazisme en commentant l'oeuvre ou les actes d'une ou plusieurs personnes est une accusation d'une extrême gravité et qui, en principe, ne devrait être fait qu'avec la plus radicale prudence".  



Je dois avouer de mon côté un plaisir coupable à relever les propos d'un intellectuel que je n'ai jamais réellement réussi à comprendre, ni à l'écrit ni à l'oral, tant son phrasé et la sophistication de son langage (et de sa pensée certainement) m'ont rebutés. Pour une fois que je capte ce qu'il dit ....


Tout cela nous amène à ce qui sera la réflexion du jour : nous savons tous combien il est difficile de reconnaître ses erreurs mais si même un vénérable philosophe n'y parvient pas qui le pourra ? Vous avez deux heures !


Sylvain

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire