Littérature : les libraires estiment l'influence des médias traditionnels
Livre hebdo a réalisé un sondage auprès de 430 libraires pour connaitre "l'impact des médias sur les ventes de livres". Sujet intéressant mais méthodologie discutable (demander à des prescripteurs ce que les consommateurs pensent d'autres prescripteurs ...?) qui conduit à des résultats forcément discutés.
Actualitté (Victor de Sepausy) et la République des livres (Pierre Assouline) reprennent les principaux chiffres de l'étude et soulignent l'absence curieuse du média internet. Selon les libraires, les grands prescripteurs appartiennent aux médias traditionnels : - La grande librairie de François Busnel qui cumule 400 000 téléspectateurs par semaine
- Le supplément littéraire du Monde
- Le masque et la plume de Jérôme Garcin sur France Inter
"Quant à Internet, il faut croire qu’il est considéré comme le parent pauvre des médias ( !) puisqu’il n’a pas droit à un tableau". Les sites d'achats en ligne (Amazon, ...) ressortent comme les principaux e-influenceurs. "Nulle mention des sites spécialisés dans l’actualité littéraire ni des blogs influents".
Méconnaissance des bruissements de la toile de la part des libraires ou peur des gros mastodontes du commerce culturel électronique ? Etonnant. même s'il s'agit là de réflexions de blogueurs qui estiment l'influence des blogs. Forcément partial.
La critique de la critique
Rebondissant sur ce sondage, Sebso de Par la bande développe un argumentaire à charge contre les médias traditionnels dans une intéressante critique de la critique.
Le mode de fonctionnement des médias conduit selon lui à mettre "en avant le meilleur de "mainstream" au détriment des oeuvres vraiment à part" notamment en raison "d'une concentration excessive sur l'actualité". "En gros, que soient publiés six chefs-d'œuvre le même mois ou trois en cinq ans, [le critique] disposera peu ou prou du même nombre de pages par semaine. En outre, un auteur exigeant qui publie peu sera forcément défavorisé par rapport à un auteur moyennement talentueux qui publie son roman annuel lors de toutes les rentrées littéraires..."
De plus, le nombre important de nouveautés poserait aussi question : le critique "peut-il ainsi consacrer suffisamment de temps pour apprécier des œuvres exigeantes qui nécessiteraient une attention particulière, plus soutenue ? En outre, à force de lire, voir ou écouter plusieurs centaines d'œuvres nouvelles par an, peut-il juger autrement qu'en relatif ?"
La conclusion de la chronique est qu'internet offre la possibilité de découvrir de nouvelles oeuvres, moyennant un "tri préalable des cercles, virtuels ou réels, de bon conseil".
Cet article partisan qui mérite une lecture complète, tout comme le reste du blog d'ailleurs, est venu enrichir ma réflexion sur la critique d'oeuvres. Mes questionnements du moment sont :
- La perception d'une oeuvre, et le plaisir de lecture notamment, n'est-elle automatiquement pas altérée lorsque l'on sait devoir écrire une critique à son propos ? Comme en mécanique quantique, la mesure ne perbute-t-elle le système ?
- Les critiques, tout comme les blogs d'ailleurs, peuvent-ils vraiment être imperméables à ce qu'ils savent de leur propre lectorat ? Les commentaires laissés par les internautes sur de précédents articles n'ont-ils aucun impact sur le contenu des nouveaux articles ?
- Peut-on avoir un avis tranché sur chaque oeuvre ? Il m'arrive souvent de lire des articles culturels sans pouvoir déterminer l'avis du journaliste. Bon, il est vrai que j'ai parfois l'impression lire un résumé de dossier de presse, ce qui est un autre problème.
Après ces considérations d'ordre général, je suis passé aux travaux pratiques : qu'en est-il de la bande dessinée ?
Mes prescripteurs de BD
Après avoir mis en place une stricte méthode de travail et conduit une étude rigoureuse, j'ai obtenu des résultats que je trouve d'autant plus intéressants qu'ils ne sont représentatifs que de moi-même. Il en ressort que mon intention de lecture, voire d'achat, est guidée par de nombreux prescripteurs dont les avis se combinent et passent par la moulinette de mon humeur du moment. Il y a en effet des oeuvres que l'on me conseille ardemment mais qui ne m'attirent pas instantanément. Je les dégusterai plus tard ou ...encore plus tard en me demandant pourquoi je ne les pas lues plus tôt.
Afin de creuser le sujet, je tente un sondage sur la question des prescripteurs de BD dans la colonne de gauche de ce blog. Un point plus détaillé sur le sujet sera effectué en janvier. Merci par avance de votre participation.Liste de prescripteurs de BD de lecture de BD :
Les éditeurs, notamment dans le cas de grosses mises en place ou de leur site internet
Les auteurs préférés, que l'on suit au fil des ans ou qui conseillent des oeuvres de confrères
Les libraires, par leurs recommandations ainsi que leurs sélections
Les amis, essentiel tout simplement
Site spécialisés BD, qui se déclinent en site d'information et en blogs/forums. Pas toujours facile de trouver son chemin mais cela peux valoir le coup.
La bibliothèque municipale, pour ses sélections hors du temps et variées
Les Prix BD, plus pour la liste des nominés que celle des nommés
La télévision, je ne pense jamais à regarder la pourtant sympathique émission dédiée Un monde de bulle. Pas d'autre émission à ma connaissance.
A l'intense production de nouveauté BD vient donc s'ajouter une multiplication des prescripteurs. Une bonne chose pour la diversité mais une difficulté supplémentaire pour l'amateur occasionnel en manque de temps pour trouver BD à son pied.
Sylvain.