En 1987, les éditions Casterman proposaient aux lecteurs du mensuel (à suivre) de participer au scénario d'Envie de chien. Cadelo intégra les nombreuses propositions pour livrer une BD fascinante et déroutante, à la limite du cadavre exquis.
23 ans et une révolution internet plus tard, ce projet apparaît encore comme exceptionnel dans le paysage du neuvième art. Les blogs d'auteurs et la vogue de la BD "intimiste" ont apporté un zeste de proximité entre les auteurs et les lecteurs, mais le processus créatif reste confiné aux ateliers d'artistes. Interactivité avec le public et créativité sont-ils forcément dissonants en bande dessinée ?
La BD communautaire
CFSL est une sorte d'atelier virtuel, centré sur les illustrateurs et dessinateurs. En plus de soutenir la communication des auteurs (galeries, publications, dédicaces, ...), le site propose aux membres de sa communauté un forum tourné vers les échanges techniques. Cliquez-y, on y voit de belles illustrations et quelques planches de BD.
Les autres gens est un site animé par une trentaine d'auteurs professionnels proposant un "feuilleton quotidien en BD : l’histoire de Mathilde (étudiante à l'université), de ses amis, parents et de tous les Autres Gens qu’elle croise". Oeuvre collaborative donc, consultable pour 2,50€ par mois avec interactivité limitée au minimum : possibilité pour les membres de laisser des commentaires sur chaque épisode. Celui du mois de mars, disponible en version gratos ne m'a pas poussé à m'abonner. C'est sympa mais un peu léger. A suivre quand même du coin de l'oeil.
Webcomics joue à l'opposé la carte de la gratuité et de la multiplicité de l'offre. Le site se positionne comme un simple "hébergeur de BD en ligne", sans aucun contrôle éditorial. Plus de 300 oeuvres consultables gratuitement sont actuellement accueillies, dont Sin Titulo qui mérite un clic.
Le gain de notoriété et l'interaction avec les lecteurs en ligne sont les seuls moteurs des jeunes auteurs, aucun système économique n'étant proposé par le site. Il sera intéressant de voir si des talents émergent de ce site militant sur la BD numérique.
Une maison d'édition communautaire est pourtant économiquement viable. Tel est du moins le pari de Manolosanctis qui a réussi à lever des fonds sur le principe que "plus on rendra les contenus disponibles sur le Web, plus ils se vendront derrière en version papier" (Arnaud Bauer, Président de la société, interviewé par L'Expansion). Car la viabilité économique ne passe que par la diffusion des oeuvres en version papier (95% des revenus attendus!). En espérant que l'émulation artistique générée sur le site fasse la différence en librairie.
Le site est très bien structuré et les BD sont de bonne tenue. A voir. Mille fois plus intéressant que Foolstrips.
Autre approche d'éditeur, celle de Sandawe qui propose aux "édinautes" de financer des projets clé en main, encadrés par des professionnels. Une approche de mécénat collectif qui a déjà été testée pour le cinéma et la musique. Pourquoi pas ?
Pour finir ce panorama forcément incomplet de la BD communautaire, un petit tour sur Facebook où l'interaction est par essence poussée :
Heavy Metal, page d'auteur appelant à commenter son travail préparatoire pour sa prochaine publication chez Bayou.
Kolmo Komix, véritable BD participative dont le scénario peut être discuter par tous. Interactivité maximale donc pour un résultat ... très segmentant.
Sylvain