Depuis plus de trente années, il fait déambuler son canard d'anti-héros dans un univers anthropomorphisé qui, s'il s'adoucit et s'arrondit (comme son trait) au fil des tomes, n'en n'est pas moins noir et adulte. Un cocktail goûtu mais justement dosé qui mêle polar, parodie et social.
Le dernier Carnado, Une bavure bien baveuse, est tout à fait réussi. Un modèle du genre doté de personnages denses, d'un scénario fluide, de dialogues bien tournés, ce qu'il faut d'humour et de coquinerie, le tout étant servi par des dessins pleins de maîtrise. Un bon moment de lecture.
Impliqué dans le jeu vidéo, Sokal a par ailleurs égrainé sa carrière de BD plus réalistes dont la dernière, Kraa (2 tomes parus sur trois prévus), est aux antipodes de sa série phare. Un seul point commun, un oiseau en est encore le personnage central. L'aigle a cependant un bec autrement plus acerré que celui du canard. Le récit se met au diapason de son principal protagoniste : dur et sauvage, tout à la fois western écolo et polar surnaturel. Très atypique.
Les dessins comme le découpage sont superbes. Un beau moment de bande dessinée que l'auteur décrypte de manière très intéressante dans son interview disponible sur le site de Casterman. Sokal, un auteur "à suivre".
Sylvain
Preview des premières pages de Kraa ci-dessous.