25 avr. 2012

Le comics, nouvel Eldorado du marché de la BD

En s'appuyant très fortement sur le très complet Numérologie 2011 de du9, Rue89 propose une analyse en 8 points du marché de la BD lequel serait en pleine crise. La raison principale de ce mal est annoncée dès le titre de l'article :  Trop de BD tue la BD ? Radioscopie d'une crise.

Évolution du marché de la BD en million d'unités
(source Ipsos et du9)
Extractions des chiffres clés de 2011 :
  • 4800 titres publiés, soit 400 BD par mois (+5% par rapport à 2010 et +300% par rapport à 2001)
  • 32.8 millions de BD vendues selon Ipsos (légère décroissance par rapport à 2010 mais -5% par rapport à 2005) - GfK estime le marché à 39 millions d'unités
  • +20%, l'augmentation des prix de vente depuis 2006
  • -30%, l'évolution du volume cumulé des 50 plus gros tirages versus la moyenne de la période 2006-2010 (respectivement 2.8 millions et 4 millions d'unités)
  • 10%, les achats réalisés sur internet
  • 1,1 millions de livres numériques auraient été téléchargés en France, représentant un marché de 12 millions d’euros mais aucun chiffre précis sur la BD n'est disponible
Plus gros tirage 2011(500 000 exemplaires)
Figure d'une BD franco-belge à la peine sans grosse locomotive de qualité, la reprise de XIII semble avoir été un flop avec seulement 128 000 exemplaires vendus. Et il n'est pas certain que l'engouement actuel pour le roman graphique permette de soutenir le marché sur la durée.
Au même moment le marché du manga arrive à maturité avec des perspectives de croissance limitées (14 millions d'exemplaires par an tout de même soit 25% du marché BD en valeur - 1500 nouveautés par an). «  Pendant dix ans, on a eu une croissance à deux chiffres. Depuis deux ans, nous avons atteint une sorte d’asymptote. On a rattrapé les publications japonaises et on attend les nouvelles locomotives. Où sont les nouveaux Naruto ou One Piece  ? Au Japon aussi le manga chute  » dixit Nadia Gilbert (Casterman) dans Le manga à l'âge adulte (Les Echos BD)  
 3 tirages annuels de 250 000 exemplaires
Un état des lieux qui explique la récente ruée des éditeurs pour le comics américain considéré comme le nouvel Eldorado :
  • 1 million d'exemplaires vendus de Walking Dead suscitent de la convoitise et même des vocations.
  • +100%, évolution du marché des comics sur 4 ans
  • 1,6 million de comics ont été vendus en France (GfK) en 2011, générant un chiffre d’affaires de 22 millions d’euros (+ 15 % en volume et 14 % en valeur), soit 4 % du marché de la BD en volume - Les comics envahissent les bacs des librairies (Les Echos BD
  • 5000 unités, vente moyenne par titre de comics
Ceux des grands éditeurs qui n'avaient investis ce marché prennent position :
  • MédiaParticipation a créé Urban Comics suite à un contrat de 5 ans avec DC Comics
  • Glénat revient sur ce segment qui avait été exploré par sa collection Comics USA, riche mais de mémoire très mal imprimée (Auracan).

Tome 14 tiré à 70 000 exemplaires (BDZoom)

D'un point de vue éditorial, les comics disposent d'un fond important et de personnages mondialement connus, archétypes de la culture mainstream désormais poussés au cinéma par les grands studios hollywoodiens. Disney en particulier qui a racheté Marvel en 2009. "L’inflation dans la production est impressionnante  : entre 1944, date du premier film («  Captain America  »), et 1998, il n’y avait eu que six films basés sur les personnages de Marvel. Depuis le début des années 2000, c’est l’effervescence  : pas moins de 26 films avec pour personnage principal un personnage de Marvel sont sortis sur les écrans" (La sortie d’"Avengers" marque la toute-puissance des super héros sur le grand écran).Un phénomène qui ne semble pas près de s'arrêter et dont les Avengers semblent être un point d'orgue. Au passage, il semble que le film au budget de plus de 200 millions de dollars soit sauvé par un humour que la bande annonce ne laisse pas espérer.


Ces blockbusters, dont certains sont plaisants voire réussis (Batman Darknight), assurent une promotion importante au marché papier et dynamisent assurément le neuvième art. Pour preuve, le lancement d'Infinite Comics qui décline en numérique et en Turbomédia le monde Marvel. Petite vidéo de démonstration ci-dessous (captée sur TurboMédia).

Certes, comme le souligne Atlantico, les super-héros présente un certain intérêt et peuvent l'objet d'études mais les vraies découvertes comics se font en périphérie et légitiment leur essor sur le marché français : Fables, 100 bullets, Transmetropolitan, Powers, Scalped, Tony Chu, ... sans parler des titres plus underground de Chris Ware, G. Hernandez, ....(Plus de détails dans les liens Comics de Bédérama et Etats Unis de Par la Bande). 

Reprise annoncée de Powers ! (MDCU)
En tant que lecteur, l'augmentation des publications est une chance, une ouverture inouie vers d'autres cultures et sensibilités qui ne seraient pas arrivées jusqu'à nous dans un contexte moins dynamique. Et comme il est humainement impossible de suivre le rythme des parutions, la nécessaire exploration des blogs et les discusions avec les libraires sont une occasion de faire de belles rencontres ! Une autre ouverture.

Sylvain

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire