1 mars 2012

BD numérique commerciale - IZNEO vs Hachette Livre

Dans son article du 22 février 2012, Bande dessinée numérique : les groupes Delcourt et Glénat quittent IZNEO pour Hachette livre, actuaBD décrypte deux modèles commerciaux et deux pôles d'éditions qui s'affrontent. Comme souvent le site prend l'angle de vue des auteurs de BD. Petite synthèse des informations telles que perçues par un lecteur.  

D'un côté IZNEO, plateforme commerciale portée par une quinzaine d'éditeurs dont Média Participation (Dargaud, Dupuis, Lombard) et motivée par une volonté d'indépendance vis à vis des grands acteurs du numérique que sont iTunes et Amazon. Paiement sur le site d'IZNEO et applications dédiées ne sont pas une ergonomie optimale mais le confort d'utilisation, en constante amélioration, est tout à fait acceptable (cf. la nouvelle application La BD par IZNEO qui représente un bon saut qualitatif avec cependant encore limitation : la nécessité de devoir passer par le site internet pour louer, seul l'achat étant possible). Autre spécificité, les BD sont en streaming : le client loue ou achète un accès à une oeuvre, ce qui nécessite pour lire soit d'être connecté à internet soit de charger préalablement  le fichier sur une tablette.
Le site a deux gros avantages :
  • un catalogue riche de 2633 titres et continuellement enrichi (1754 albums disponibles début janvier 2011, soit un peu moins de 70 nouveaux titres ajoutés chaque mois). On peut espérer que les titres de DC comics rejoindront prochainement le catalogue numérique, ce qui serait un plus indéniable.
  • une offre commerciale variée et financièrement intéressante allant de l'achat à l'abonnement en passant par la location. 

A l'opposé, Delcourt/Soleil et Glénat (soit plus d'un quart du marché), après une valse-hésitation de quelques mois, viennent d'opter pour une intégration aux plateformes d'Apple et d'Amazon en laissant le soin au distributeur Hachette de gérer l'intégralité de leur catalogue, que ce soit sous format papier ou numérique. Le consommateur y gagne en facilité d'achat et "dispose" du fichier sans pouvoir néanmoins le passer sur d'autres supports ni le prêter. Par contre, les prix pratiqués sont plus élevés (seulement 25% à 30% moins cher que la version papier) et limités à une seule option commerciale : l'achat.


Une information publiée en primeur et commentée dès le 27 janvier 2012 par ActuaLitté (BD numérique : Delcourt quitte la plateforme IZNEO) : "Ce départ signifie donc que Delcourt, et Soleil avec lui, souhaite profiter plus amplement des tablettes de la marque à la Pomme, une plateforme qu'il lui était impossible de toucher en restant dans le contexte d'Izneo" ... et de payer à Apple 30% de commission.

Fin annoncée d'IZNEO comme le laisse penser le site culturel et Bodoï ? Pas si sûr à en croire Libération (Les Humanoïdes Associés passent au numéroïde du 28 février 2012) puisque la maison fondée par les quatre mousquetaires fait une croix sur ses velléités d'indépendance pour rejoindre la start-up. "Avec une approche oecuménique sur la question de la distribution du catalogue au format numérique" Les Humanos déclarent qu'ils "ne privilégient aucune plateforme en particulier et, compte tenu de la bonne ergonomie et du professionnalisme qu'offre IZNEO, il n'y avait aucune raison pour que les Humanos se tiennent à l'écart".

Oecuménique est ici synonyme de pragmatique. Mais en effet, pourquoi les éditeurs devraient choisir un canal de diffusion exclusif ? Question d'ego entre Directeur ? Contraintes commerciales ? ... ?
Autant de complications qui brouillent les repères du consommateur (différents prix, différents formats) et empêche de disposer d'une véritable librairie en ligne regroupant l'ensemble de l'offre. Tant mieux pour les libraires traditionnels qui proposent ce service pour le papier.

Ajout du 02/03/2012 :
IZNEO vient d'annoncer dans sa newsletter que les BD de la plateforme ont aussi vocation à être disponibles sur iBooks et iTunes (déjà effectif pour les titres phare). La diffusion multi-canaux semble donc possible et même avoir le vent en poupe. Une approche que Delcourt ralliera peut-être plus tard. 
Reste que le consommateur ne se voit pas proposer un système universel de lecture numérique, pas vraiment un progrès non ?

Sylvain

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