19 juil. 2011

Un premier semestre 2011 bien peu flamboyant côté BD

Côté quantitatif, la lecture de la rubrique Zoom sur les meilleures ventes de la BD confirme le ressenti des lecteurs : le nombre de publications reste aussi élevé que les années précédentes. Une tendance qui est résumée par Les Echos (08/07/11) en 3 chiffres : "En dix ans, la production de BD été multipliée par 2,5 et le chiffre d'affaires par seulement 1,4. Les tirages moyens se réduisent". De quoi expliquer le malaise des auteurs régulièrement relayé par ActuaBD et résumé le 9 juin par Le comptoir de la BD.


Les grands succès BD en librairie se font plus rares et atteignent des sommets moins élevés que lors des années 2000. Une tendance confirmée au cours de ces six premiers mois et qui s'explique en partie par la stratégie des éditeurs : les sorties de gros titres sont concentrées sur  les derniers mois de l'année. Priorité à Noël. L'article Média-Participation truste la presse nationale durant tout l'été (ActuaBD) donne un aperçu de l'avalanche de titres grand public prévus pour la rentrée : XIII, reprise de Valérian par Larcenet, le deuxième tome de Quai d'Orsay (Blain), un apparemment beau Blutch (à lire en prépublication dans Libération), ....


Côté qualitatif, cette première partie de 2011 m'a laissée sur ma faim. Quelques BD sympathiques ou agréables mais rien de véritablement transcendant à se mettre sous la dent. Avis certes limité à mes seules lectures qui sont loin de couvrir l'ensemble des publications. La sélection mi-annuelle experte de l'ACBD, les 20 indispensables de l'été 2011, tend cependant à me conforter dans mon opinion.


Au final, les albums qui surnagent dans l'océan des BD distribuées depuis le début l'année sont peu nombreux :
  • Alter Ego, série ambitieuse qui développe un concept attractif : les six tomes pourront se lire dans n'importe quel ordre. Les trois premiers tomes publiés sont réussis et divertissants. Les trois suivants seront-ils à la hauteur et surtout cohérents ?
  • En cuisine avec Alain Passard qui est intéressant en plus d'être plaisant. Pas vraiment une BD mais les évocations des sensations gustatives et olfactives sont graphiquement très réussies.
  • Mezek de Juillard et Yann que Laurent à moins apprécié que moi.
  • Un long destin de sang - Acte 2 de Bollée et Bedouel que Laurent à plus apprécié que moi.
  • Polina de Vivès
  • Adamson T3 de Puerta et Veys
Mais pas de gros coup de coeur. Heureusement les séries US tiennent plus que bon la rampe  (100 bullets, Fables, ScalpedParker et Transmetropolitan) et le manga réserve encore quelques agréables surprises (Pluto et Hokusai).


En cuisine avec Alain Passard


Blast (Larcenet), Elmer (Alanguilan), Le viandier de polpette (Neel et Milhaud), L'art de voler (Altarriba) et le prometteur Celle qui réchauffe l'hiver (Place) comptent régulièrement parmi les tableaux de pêche des connaisseurs mais elles ne sont pas encore tombées dans mes filets. Mais j'y travaille.
La série Sherman (Griffo et Desberg) supposée être un gros poisson s'avère décevante et trop classique. Mais le summum de la déception est atteint par le dernier Bilal qui est certes graphiquement attrayant mais tellement chiant qu'on part faire la sieste plutôt que de finir l'histoire.


Et vous, quelle bonnes BD avez-vous péchées récemment ? 


Sylvain

17 juil. 2011

Super 8

Petite infidélité au 9ème art pour le 7ème : chronique sur Super 8 que nous avons vus en avant-première dans le cadre du Festival Paris Cinéma 2011 (merci Géraud !).

Grosse production américaine réalisée par J.J. Abrams (Alias, Lost, Mission Impossible 3 et le très chouette Star Trek de 2009) et produite par Sir Steven Spielberg (qu'on ne présente plus), Super 8 est un divertissement diablement efficace et prenant. C'est néanmoins un curieux mélange :  les Goonies, E.T. et Rencontre du troisième type passés au mixeur avec Alien et une pointe de PrédatorLes trentenaires bien mûrs que nous sommes ont apprécié mais il faut avouer que nous ne nous attendions pas à suivre les aventures d'un groupe d'enfants prépubères. Étonnant. Un public plus jeune appréciera-t-il cette plongée tonique dans les années 80 ? Pas sûr et la bande annonce française fait d'ailleurs l'impasse sur ce point, raison pour laquelle la version VOST vous est proposée ci-dessous.



Pour aller un peu plus loin sur le film :
  • il mérite d'être vu au cinéma. Certaines scènes, notamment celle du train, sont impressionnantes et doivent certainement perdre de leur force sur petit écran.
  • le scénario est impressionnant de cohérence et d'efficacité. Tous les éléments, même les plus secondaires, s'emboîtent et font sens.
  • les personnages sont riches et ne manquent pas de profondeur.
  • l'humour est justement dosé. Personnellement, j'ai adoré la réplique "La drogue, c'est vraiment trop nul !" (qui n'a strictement aucun intérêt sortie de son contexte mais qui serait trop longue à resituer. Vous penserez à moi lors de la projection)
  • il faut regarder le générique de fin pour savourer le film de mort-vivants tourné par les enfants ... en super 8.

Un bon film d'été donc. Idéal pour passer un moment au frais ... ou au sec.

Sylvain

10 juil. 2011

Quand une interview donne envie de dévorer une BD

Mon intérêt pour Christophe Blain et son oeuvre s'est émoussé au fil du temps. 
Dongeon Potron-Minet est de loin, avec le one-shot de Blutch, ma séquence préférée de la série Dongeon. Issac le Pirate m'a passionné bien que laissé un goût d'inachevé, au contraire  du réducteur de vitesse et de Socrate le demi-chien qui eux m'ont laissés de marbre. Plus récemment, les aventures de Gus dans le grand Ouest ne m'ont que juste diverties, plus pour leur dynamisme graphique que pour leurs scénarios un peu sommaires d'ailleurs. Commençant à être agacé par l'auteur, je n'ai pas trop accroché à l'album Quai d'Orsay malgré les nombreux avis positifs parvenant à mes oreilles.
Tout ça pour dire que je n'étais pas du tout disposé à acheter En cuisine avec Alain Passard à sa sortie, une odeur de marketing très prononcée venant renforcer mon parti pris négatif. 


Et puis hier soir, je tombe sur l'interview de Blain dans Métropolis sur Arte. Passionnant, drôle et décrivant une véritable démarche artistique, il me donne envie d'acheter son album, ce que je ne vais pas tarder à faire. On verra bien.

Sylvain

5 juil. 2011

Pluto - Conclusion solide de la série

De Naoki Urasawa (adaptation de l'oeuvre d'Osamu Tezuka


Histoire complète en 8 tomes 
Noir et Blanc - Kana


Bon polar d'anticipation

La vengeance de Pluto touche à sa fin : les robots les plus puissants du monde ont mordu la poussière. Seul Astro, réveillé par l'ajout d'émotions extrêmes dans son intelligence artificielle, pourrait sauver le monde. S'il parvient à maîtriser ses sentiments ...

Confirmation de la chronique d'octobre 2010 : Pluto est une belle histoire mêlant action, enquête et psychologie. Une réussite à conseiller même aux lecteurs qui n'apprécient pas spécialement le manga en général. Notamment grâce au trait très européen d'Urasawa.



L'intensité de l'histoire retombe un peu à partir de la disparition de l'attachant inspecteur Gesicht mais l'ensemble est d'une grande cohérence et la conclusion est intéressante. 
Laurent C., les derniers tomes t'attendent à la maison !

Sylvain

4 juil. 2011

Interview de l'aurore - Le neuvième art sur France Inter

L'été étant venu, les médias traditionnels font de la place au neuvième art.
Les journaux et magazines vont certainement prépublier quelques "bookbusters" de la rentrée. Côté radio, France Inter accueille quotidiennement un auteur de BD après le journal de 6h ... du matin. Pour les moins matinaux d'entre nous, l'émission est disponible en podcast.
Premier interviewé, Ptiluc a fait montre d'une belle énergie. Vraiment sympa. Reste à savoir si les questions seront toujours aussi généralistes (quelle est votre planche favorite ?, ...).

Parmi les "2 heures de balades quotidiennes, rythmées par ses colporteurs d’humeur" ont pourra écouter cet été : 

  • « Dans sa bulle », un entretien en direct avec un auteur de BD qui vient parler de celle d’un autre
Sylvain

3 juil. 2011

Panini Comics part en beauté

A partir du premier janvier 2012, Panini n'aura plus les droits francophones de DC Comics qui appartient au groupe Warner Bros. MediaParticipation a en effet mis la main sur le plus gros catalogue de comics anglosaxons dont l'éditeur publie annuellement plus de 1000 titres (source cablechronicles). Dargaud annonce fièrement la nouvelle sur son site Les héros de DC Comics, Superman, Batman and C° emménagent chez Dargaud et déclare que les séries en cours seront poursuivies, notamment celles de Vertigo. Une déclaration à la fois rassurante et énervante car sa mise en oeuvre pourrait occasionner des perturbations dommageables pour le lecteur/collectionneur (changement de format, reprise des séries à zéro, ....). Tous les scénarios catastrophes sont discutés avec passion et parfois humour sur le forum BDGest :

Sur le catalogue Vertigo, j'ai la faiblesse de croire que ca ne sera qu'un changement de logo pour les séries en cours telles que 100 bullets. (j'en appelle au miracle, allez panini, t'as qu'à sortir tous les tomes restants et donc finir la série avant le 31 décembre!!!) (Smiley Bone)

Un peu dans le même cas avec DMZ, Scalped, Fables et 100 bullets... je commence a avoir des sueurs froides à l'idée que Dargaud relance tout depuis le début là!!! :? (FIF)

Laissons à Dargaud le crédit de l'intelligence, du pragmatisme économique et du respect du lecteur (je suis un peu optimiste sur ce coup-là mais il fait beau dehors). Ce partenariat vient compléter l'offre de l'éditeur franco belge et l'on peut espérer voir des comics de qualité arriver sur IZNEO, ce qui serait une bonne nouvelle. Nous jugerons sur pied.

En attendant, Panini, qui nous aura permis de découvrir d'excellentes séries américaines (Transmetropolitan, ...), vient de sortir trois tomes de haut niveau. Un feux d'artifice avant l'heure.

Scalped -T3 - Dead Mothers

L'agent infiltré du FBI Dashiel Bad Horse, "une équipe du SWAT à lui tout seul",  doit enquêter sur la mort de deux femmes survenues  concomitamment à l'ouverture du casino de la réserve. De plus en plus perturbé, il préfère s'impliquer dans l'enquête d'une mère prostituée plutôt que dans celle de sa propre génitrice.
Toujours glauque, violente et parfaitement maîtrisée, l'histoire continue sur les chapeaux de roues. Un vrai polar noir au trait brut dont ce troisième tome confirme le grand intérêt. Du Tony Hillerman version adulte.


100 Bullets - T13 - Droit de succession

Essayer de résumer l'histoire de 100 Bullets ou simplement de ce 13ème tome ne pourrait pas rendre justice à la sophistication et la richesse de cette histoire à tiroir.
Par contre, aucun soucis pour écrire que la série continue d'étonner, de choquer, d'interloquer, de captiver, d'intéresser, ... (finir la phrase avec tous les autres synonymes en -er).
Vraiment un excellent comics sans super-héros dans lequel on se replonge avec plaisir et qui mérite plusieurs relectures. 


Fables - T13 - Le royaume éternel


Conclusion de la saga du Bon Prince. Gobe-Mouche, la grenouille redevenue prince, déstabilise de manière aussi étonnante que subtile l'Ennemi. Pendant ce temps, les Fables préparent la guerre.
Tome très solide et agréable à lire. Cette série principale nous fait nous évader dans un monde tout à la fois merveilleux et adulte. Un subtil cocktail qui fonctionne moins bien dans la série parallèle Jack of Fables mais que l'on retrouve avec toute sa saveur dans le one-shot essentiel 1001 nuits de Neige. Un rêve éveillé.



Trois tomes qui réjouiront les membres de la confrérie Vertigo et qui devraient convaincre les non-initiés de découvrir ces séries. 
En terme de prix, peut-être seront-elles plus accessibles en numérique sur IZNEO ?


Sylvain

2 juil. 2011

Ego comme X dans Libération

Palaces - S Hureau
Dans un article du 28 juin 2011, Libération retrace le parcours des éditions Ego comme X et en souligne les initiatives intéressantes en matière de numérique et d'utilisation d'internet. Un dynamisme et vitalité qui font presque passer pour ringard en conclusion Les requins marteaux, qui rencontrent de grosses difficultés financières et font appel à leurs lecteurs pour combler leur trou en banque de 60 000 euros.

L'information concernant Ego comme X n'a rien de neuf (cf. les posts de Par la Bande et de Bédérama) mais cet article me permet de mentionner ce petit éditeur pointu qui m'impressionne par son utilisation créative des nouvelles technologies pour s'adapter à un environnement mouvant et concurrentiel. 
C'est aussi l'opportunité de vous pousser à aller passer du temps sur la dernière publication de Vendredi c'est Graphism (S02E25) qui mentionne l'article de Libé. Quelques extraits pour vous pousser à cliquer.


Mais aussi des vidéos très intéressantes (Splitscreen : A Love Story, la construction d'une enceinte audio en pâte à papier, ...) et celle ci-dessous.



Une bonne manière de commencer le week-end.
Sylvain