27 mars 2011

Parker (Tome 2) - L'Organisation

De Richard Stark (alias Westlake) et Darwyn Cooke
Traduction de Doug Headline
Dargaud - 19,95€

Très bon polar noir à l'ancienne

Après avoir réglé ses comptes à New York, Parker s'est fait refaire la devanture et espère disparaitre des écrans radar. Las, le tueur qui surgit dans sa chambre d'hôtel lui démontre que la mafia nourrit quelques ressentiments à son égard et a mis sa nouvelle tête à prix. Changement de stratégie, Parker  décide de contre-attaquer. 

Dans la droite ligne du premier tome, D. Cooke réalise une superbe adaptation du roman originel en jouant sur de nombreuses variations graphiques. Inventif et admirablement réalisé.



Beaucoup de texte et un trait qui colle parfaitement à l'amérique des années 60 : un long et agréable moment de lecture. De quoi donner envie de lire quelques romans de la série et d'attendre avec bienveillance les deux adaptations supplémentaires annoncées.


Après Tonino Benacquista qui a effectué la traduction du premier tome, le passage au français est proprement assuré par Doug Headline (fils de J.P. Manchette). 


Sylvain

20 mars 2011

Association des éditeurs autour d'IZNEO mais pas de prix unique pour la BD numérique

Le livre est le plus gros marché des biens culturels en France. 
Avec 4 milliards d'euros, il pèse plus que le cinéma et les jeux vidéo qui atteignent chacun 3 milliards. Par contre, le numérique ne représente encore que 0,1% du gâteau (France 2). Une mise en bouche qui suscite cependant bien des appétits sachant que 20% des français devraient être équipés en liseuses et autres tablettes numériques d'ici 2015 (Le Figaro - 19/20 mars 2011).


Voulant garder les même règles que pour le papier, les éditeurs français espèrent que la loi Lang sur le prix unique du livre aura son équivalent pour le numérique et qu'ils pourront garder la possibilité de fixer les prix. Un point actuellement en discussion au parlement français (Les Echos) qui n'est pas du goût des grands opérateurs internationaux (Amazon, ...) ni de la Commission Européenne. Sur dénonciation, cette dernière a en effet dépêché une quarantaine de fonctionnaires dans plusieurs maisons d'édition européennes. "Nous soupçonnons que les entreprises concernées ont pu engager des pratiques anti-concurrentielles. Ce ne sont que des soupçons : c’est une accusation très sérieuse que nous ne portons jamais à la légère" explique Amelia Torres, porte-parole du service de la concurrence à la Commission (Nouvel Obs). Selon Le Monde, "[Ils] fouillent les bureaux, ouvrent les placards, photocopient des dossiers entiers, prennent les ordinateurs, en copient les disques durs, et saisissent des téléphones portables."  Une débauche de moyens qui surprend pour un marché de 4 millions d'euros.


Au même moment, les principaux éditeurs franco-belges de bande dessinée ont annoncé  s’être mis d’accord pour proposer une offre numérique commune. Un regroupement stratégique qui fait de la BD le secteur de l'édition le plus en pointe en ce qui concerne l'offre dématérialisée.
Delcourt, Glénat et Soleil viennent en effet rejoindre les fondateurs d'IZNEO pour monter le catalogue "bande numérique" qui sera distribué par la plateforme de lecture en ligne. Que peux bien penser la Commission européenne d'une telle association ?
Actualitté propose une intéressante et très maîtrisée interview de Régis Habert, Directeur Général d'IZNEO, qui désamorce l'éventuel problème d'entente commerciale : " les éditeurs restent absolument maîtres de fixer le prix de vente de leurs ouvrages, et n'ont pas pour obligation d'adhérer aux offres déjà mises en place par Iznéo. Les prix sont ainsi fixés, sans rapport direct, comme dans le livre, entre numérique et papier, en consultation avec les auteurs". La mention des auteurs est elle aussi toute sauf anodine comme en témoigne le débat animé consécutif au billet d'humeur de Xavier Guilbert sur du9 sur ce même sujet. Sont aussi mentionnés les libraires qui doivent forcément s'interroger sur l'avenir de leur commerce : "Iznéo n'a pas vocation à faire de la vente directe. Notre service a vocation à être proposé aux libraires." 


Il semble qu'IZNEO viennent de consolider son avance sur les autres plateformes (Ave!Comics et digiBiDi) et se positionne définitivement comme incontournable. Un atout certain pour les éditeurs dans le cadre de négociations avec les plateformes internationales d'Apple et d'Amazon.

Sylvain

Illustrations de Martin Vidberg

16 mars 2011

Durango - Hommage, pompage ou remontage ?

Jean Louis "Durango" Trintignan
Durango est une série que je relis toujours avec plaisir et bien plus fréquemment que d'autres bons westerns comme Blueberry, Comanche ou Jerry Spring.  


Le visionnage récent du Grand Silence, western spaghetti trop cuit mais pas sans atouts, m'a néanmoins poussé à m'interroger sur l'apport créatif réel d'Yves Swolf. 
En effet, le premier tome de sa série, Les chiens meurent en hiver, est un hommage appuyé au film réalisé dix ans plus tôt par Sergio Corbucci : scénario, situations, décors, costumes, ...  tout y passe. Durango a même les traits de Jean Louis Trintignan, héros du film, alors que son ennemi d'un tome est sans nul doute inspiré par Klaus Kinski, méchant du film. On frise la photocopie. D'où le questionnement : les nombreux emprunts qui émaillent la série sont-ils plus importants et profonds que les clins d'oeil érudits reproduits ?


Affiche (japonaise) d'Il Etait Une Fois Dans l'Ouest et vignette extraite
d'Une raison Pour Mourir (tome 8)
Mon sentiment est que Swolf se fait plaisir en dessinant un genre abandonné par le cinéma dont il connaît parfaitement les codes et les stéréotypes. Un point qu'il a d'ailleurs développé  dans une interview menée par Auracan à l'occasion de la sortie du tome 14 en 2006 : "« Le personnage va rester celui qu'on a toujours suivi. C'est plutôt le monde autour de lui qui évoluera de manière différente. Il est certain que je ne peux plus écrire des histoires aussi simplistes que celles des débuts de la série. Il y aura des nœuds un peu plus difficiles à défaire. Les protagonistes auront plus de nuances psychologiques. Mais, malgré tout, il y a des codes à respecter et il y a des éléments que le public et moi-même aimons retrouver. On restera donc dans la continuité, tout en essayant de proposer de nouvelles intrigues intéressantes. »
Ses premières histoires sont certes linéaires et très classiques mais elles sont efficaces, épurées et équilibrées. Des qualités parfois perdues dans les albums ultérieurs dont certaines planches souffre d'une surcharge de texte. 



Le Grand Silence est assurément le film dans lequel la série Durango puise ses racines. Swolf y fait d'ailleurs plusieurs fois allusion à travers des mises en abîme emblématiques.  Dans le premier tome, une tombe apparaît au premier plan. Son occupant porte le nom de Silence. Il s'agit du personnage joué par   Trintignan, muet en raison d'un égorgement réalisé à la va-vite, et qui se fait abattre avant d'avoir pu "nettoyer" la ville. Sous cet éclairage, Durango apparaît donc comme son frère jumeau, tendance Clint Eastwood, venu sur les lieux du tournage finir le travail. 
Puis, dans le troisième tome, le tueur de papier estropié récupère le Mauser de Silence pour se lancer dans une intrigue très proche de celle d'Il Etait Une Fois Dans l'Ouest. Entre temps, il se sera remis de ses blessures dans le très sanglant Les Forces De La Colère. Trois beaux albums servis par des dessins qui résistent bien à l'épreuve du temps.




Les membres du forum westermovies ont référencé les sources d'inspiration d'Yves Swolf dans leur discussion Quand Durango s'inspire de la BD. Un processus dont l'auteur a aussi eu recours pour Le Prince De La Nuit où il met notamment en scène Jean Gabin. Un point certainement abordé et discuté dans le numéro 18 de dBD mais je ne l'ai pas sous la main.


Sylvain

11 mars 2011

Conseils de lectures numériques - BD en location à 1,99€ sur IZNEO

Le catalogue d'IZNEO continue de se développer et ne devrait pas tarder à dépasser les 2000 titres. Les nouveautés y sont de plus en plus nombreuses et variées, notamment grâce à l'arrivée d'une deuxième vague d'éditeurs. Rançon du succès ?
Malheureusement, l'offre commerciale n'est toujours pas harmonisée entre les maisons d'édition. Ainsi Delcourt ne propose The Walking Dead qu'à l'achat pour un prix à peine inférieur à celui du papier. Pas suffisamment incitatif à mon goût pour se lancer.
A contrario, Manolosanctis propose ses albums à des prix attractifs (achat et location). Il est vrai qu'ils sont disponibles gratuitement sur le site de de l'éditeur communautaire mais dans un format moins ergonomique.


Comme dans les chroniques du 25 novembre 2010 et de 13 décembre 2010, Bédérama s'est concentré sur les albums disponibles à la location à 1,99€. Une sélection éclectique.




Black Op (Polar / Espionnage)
De Labiano et Desberg - Dargaud - série complète en 6 tomes


En pleine guerre froide, un agent de terrain de la CIA propose de soutenir la mafia russe, alors plus morte que vive, afin de gangrener l'URSS de l'intérieur.
40 ans de luttes de pouvoirs et de vies heurtées, Black Op est une très belle série. Suspens, mystères, faits historiques, action, ... le récit est intéressant en plus d'être parfaitement maîtrisé. Lien




Le Scorpion (Aventure / Historique)
De Marini et Desberg - Dargaud - 9 tomes - série en cours


Trafiquant de relique, fine lame, fils de sorcière et homme à femmes, le Scorpion se découvre un ennemi sans pitié en la personne du cardinal Trebaldi. Une lutte sans merci dans l'Italie décadente du XVIIIème.
Fanfan la Tulipe, Les Pardaillan, ..., Desberg et Marini signent une épopée dans la grande tradition des récits populaires de cape et d'épée. Un incontournable de la BD d'aventure. Lien





Sisco (Polar)
De Legrain et Benec - Le Lombard - Diptyque


Sisco appartient aux services très spéciaux de l'Elysée qui sont chargés des basses oeuvres. Chargé de suicider un homme politique, il laisse un témoin. Une faute d'autant plus grave qu'il n'a pas que des soutiens dans son équipe.

Bon petit polar cohérent et bien amoral un peu desservi par des dessins figés et sans charme. Pas désagréable à lire. Lien.  





Lloyd Singer (Polar)
De Neray et Brunschwig - Bamboo - 5 tomes


L'apparence mal assurée de Lloyd Singer ne laisse en rien deviner sa parfaite maîtrise du combat rapproché. Un talent associé à une volonté de justice qu'il laisse exploser sous la cagoule du Makabi.
Arrêtée par Dupuis en raison de ventes insuffisantes, la série a été reprise par Bamboo et mérite d'être lue. L'intrigue du premier triptyque n'est pas d'une grande originalité mais les personnages acquièrent une attachante densité au fil des pages. Lien



Le Royaume (Humour / Historique)
De Feroumont - Dupuis - 2 tomes


Mis sous pression par la Reine, le Roi doit se séparer de la jeune et jolie servante Anne. En dédommagement, il lui offre une petite auberge que les langues de vipères du village vont tenter de faire couler.
Frais, sans prétention et enlevé, le premier tome se lit avec plaisir. L'humour y est à la fois enfantin et potache. Le tome 2 ne bénéficie plus de l'effet de surprise et est par contre décevant. Lien





Où le regard ne porte pas (Intimiste)
De Pont et Abolin - Dargaud - Histoire complète en 2 tomes


1906. Le petit village côtier de Barrelito ne réserve pas le meilleur accueil à une famille londonienne. Loin des préoccupations de son père qui veut industrialiser la pêche locale, William profite du soleil et tisse des liens étroits avec les enfants du crû.
Une belle histoire qui joue sur le contraste entre la douceur de l'environnement et la dureté des rapports humains. Un succès à sa sortie qui semble résister au passage du temps. Lien 






Orbital (Science fiction)
De Runberg et Pellé - Dupuis - 4 tomes


Afin de garantir la paix dans l'univers, des agents sont envoyés  enquêter sur le terrain. Caleb et Mézoké forment un binône  symbolique que d'aucuns voudraient voir échouer.
Le côté Valérian/Lauréline liftés à la sauce Star Wars m'a un peu dérangé mais la série reste solide et est sérieusement travaillée. Elle est en tout cas plébiscitée par les amateurs du genre. Lien






Bonne lecture.

Sylvain

8 mars 2011

Belleville Story - Tome 2 - Après minuit

De Malherbe et Perriot
Histoire complète en 2 tomes
Dargaud



Perte de tension au fil des pages



Présentation minimaliste de l'éditeur (4ème de couverture)
Belleville, une nuit. 
Deux hommes. Deux missions. Une arme. Un quartier.

Séance de rattrapage à l'attention de ceux qui n'auraient pas lu le premier tome : Freddy est un petit truand sans envergure qui se retrouve coincé entre son maquereau de patron, son amour pour Larna, la mafia chinoise et M. Zhu venu de Chine pour retrouver une fille des campagnes. La nuit s'annonce longue et violente dans un Belleville résolument interlope.


Après une première partie sans concession, ce deuxième album est destabilisé par les louffoqueries de M. Zhu. D'inquiétant, le personnage devient étonnant puis déroutant. L'intrigue se poursuit sur un rythme soutenu mais son comportement erratique fait perdre pied malgré les généreuses doses de polar noir déversées.  
La fin elle aussi paraît décalée avec la tonalité globale du récit.  

Bref, je n'ai pas suivi les auteurs juqu'au bout de leur idée alors que leur propos m'avait initialement séduit.

Sylvain

7 mars 2011

Algernon Woodcock - Tome 6 - Le dernier Matagot

De Gallié et Sorel
Première partie de diptyque
Delcourt - Collection Terres de Légendes


Satisfaction après 4 ans d'attente


XIXème siècle. Brillant médecin à l'esprit affûté, Algernon Woodcock se retrouve partie prenante dans la lutte acharnée que se livrent les puissances féeriques des landes écossaises. Après une période de répit dédiée à l'éducation du fils d'une fée, le "petit docteur" se voit contraint à reprendre le chemin de l'action. 

Replonger dans les brumes merveilleuses de la série est un plaisir d'autant plus sympathique qu'inespéré. Les 4 années écoulées depuis la publication du tome 5 tendaient à confirmer le retrait du dessinateur Sorel du monde de la BD. Mais il semble qu'il ait décidé d'aller au bout de cette histoire avant d'embrasser pleinement sa nouvelle carrière de restaurateur. Tant mieux car sans son apport graphique unique, la série manquerait de puissance et de rémanence.



Une partie du voile ayant été soulevée précédemment, ce sixième tome est logiquement moins porteur de mystère. Cette légère baisse de tension et d'étrangeté est compensée par de l'action très bien menée. La lecture reste donc agréable même si l'on perd un peu de la magie des premiers tomes.
Un bel album qui renforce le statut incontournable de la série. Une évasion hors norme.

Sylvain

6 mars 2011

Aspic, détectives de l'étrange

De Thierry Gloris et Jacques Lamontagne
Histoire complète en 2 tomes
Editions Quandrants - Collection Boussole


Lecture évitable

Présentation de l'éditeur
Entrez dans l’univers baroque de ce Paris du XIXe siècle, épris de mystère et d’épouvante, pour une série d’enquêtes bâties en deux tomes, dont les malfrats et les crimes n’auront rien à envier au théâtre du Grand Guignol…

Kathy Wuthering a disparu !
De la plus célèbre des médiums parisiens que consultait le tout-Paris de ce XIXe siècle, ne reste aujourd’hui que deux globes oculaires sanguinolents. Auguste Dupin, fin limier et scientifique pointilleux va faire la lumière sur cette horrible affaire. N’en déplaise au rigoriste « enquêteur phénoménologue », pour y parvenir, il aura besoin de son extravagante assistante, Flora Vernet.




La BD est réalisée avec beaucoup de sérieux et d'application. Il n'y a donc pas tromperie sur la marchandise mais je trouve que la mayonnaise ne prend pas et s'avère même un peu indigeste. Trop de genres mélangés et d'accumulations d'effets scénaristiques donnent un ensemble qui manque de légèreté et d'équilibre, au contraire de la série De cape et de Crocs qui, dans un tout autre univers, réalise ce tour de force.


Sylvain

4 mars 2011

Marché français 2010 des biens culturels - Montée en puissance du numérique

Le marché 2010 des biens culturels est considéré comme ayant été stable en France par le cabinet GfK à 8,4 milliards d'euros. Les chiffres annoncés par secteur dans leur communiqué de presse "Entertainment 2010" donnent un montant plus élevé (9,2 milliards d'euros) mais permettent de bien situer les secteurs les uns par rapports aux autres. 


Dans leur globalité, les produits dématérialisés représentent un peu moins de 10% du chiffre d'affaire de l'Entertainment mais avec des niveaux d'avancement très variables selon les secteurs.
En effet, si la Video On Demand semble s'installer dans les foyers (39 millions de téléchargements) et les loisirs interactifs dématérialisés (jeux en ligne, ...) commencent à peser (400 millions d'euros soit l'équivalent du chiffre d'affaire de la BD), les téléchargements payants de musique ne parviennent pas à compenser la moindre consommation de CD. Ainsi, l'industrie du disque "arrive à un nouveau modèle économique qui sera composé d'une multitude de sources de revenus (streaming, sonneries, téléchargements, ...) pour remplacer le seul et unique CD ..." (Les Echos - G. Poussielgue - 25 janvier 2011). Une analyse partagée par OWNImusic dans l'article riches en exemples Dis moi comment tu vends ta musique, je te dirai qui tu est.

Quant au livre et à la BD, tout reste à faire en matière de numérique. Il est probable que le 31ème Salon du Livre de Paris (18-21 mars 2011) sera riche en chiffres et déclarations sur le sujet. Il est cependant probable que, comme pour la musique, plusieurs modèles co-existeront dans l'avenir.

Sylvain

3 mars 2011

100 cases de Maîtres, un art graphique, la bande dessinée

Sous la direction de Gilles Ciment et Thierry Groensteen
235 pages - format 30 cm x 30 cm
Editions de la Martinière - 49,90€

Un beau livre qui ne tient pas toutes ses promesses

Présentation de l'éditeur
100 images, par les plus grands dessinateurs du Neuvième Art. 100 cases de bande dessinée, arrachées à leur contexte, isolées, agrandies, commentées, célébrées comme des témoignages exemplaires de l'art du dessin narratif.


D'Alex Raymond à Alberto Breccia, d'André Franquin à Lorenzo Mattotti, de Winsor McCay à Shigeru Mizuki, d'Enki Bilal à Robert Crumb, la plupart des plus grandes signatures de la bande dessinée d'hier et d'aujourd'hui sont réunies pour un voyage prodigue en émerveillements, avec pour guides une dizaine de spécialistes réunis par Gilles Ciment et Thierry Groensteen.


100 cases de maîtres est un beau livre, agréable à parcourir, mais décevant car il n'assume pas pleinement son approche paradoxale de l'art séquentiel (= sortir une case de son contexte narratif). En témoigne d'ailleurs la conception par double page qui replace systématiquement la case extraite dans sa planche d'origine. On est loin de la radicalité conceptuelle annoncée.

L'introduction des deux coordinateurs du livre est aussi un peu frustrante : plus soucieuse de légitimer la place de la BD au sein du monde des Arts et de déminer les critiques d'experts, elle ne développe aucune réflexion propre. Une simple caution érudite pour un beau livre d'illustrations.


Certaines cases sont décevantes, l'intérêt des textes est variable et l'absence de certains auteurs peut surprendre (mon Tillieux, où est mon Tillieux ?!), néanmoins le panorama proposé est intéressant. Les pages dédiées à Alex Barbier, Breccia, Eisner, Marc Antoine Matthieu, Franquin et Burne Hogart ont tout particulièrement retenu mon attention.

Un beau livre donc mais qui passe à côté de son ambition. A consulter à la bibliothèque municipale.

Sylvain